D'abord il y a eu
Mille femmes blanches ce roman que j'ai adoré dès sa parution en 2000. Souvenez-vous, en 1875, le chef cheyenne Little Wolf demande au président Grant de lui offrir
mille femmes blanches en échange de mille chevaux ; Son idée, en épousant mille de ses guerriers, elles favoriseront l'intégration de son peuple. Si en réalité on ne sait rien de ce que les deux hommes se sont dit lors de cette rencontre, l'auteur prend malgré tout ce prétexte pour défendre la cause des natives américains, en particulier des indiens des grandes plaines. Sous la forme de carnets intimes,
Jim Fergus retrace la vie de ces quelques femmes qui vont tenter de s'intégrer à ces tribus cheyennes, Arapahos ou Shoshones pour ne citer qu'elles. Puis viendra
La vengeance des mères, deuxième opus de la série, et enfin
Les Amazones, le troisième et dernier tome de la saga.
Non il ne s'agit pas là de ces guerrières que l'on retrouve dans la mythologie grecque, pourtant elles n'en sont pas si éloignées. Car
Les Amazones sont ces femmes décrites dans les carnets retrouvés de May Dodd, que l'on va suivre tout au long du roman, en parallèle au récit de Mollie McGill, et leur histoire se prolonge pendant toute l'année 1876. Devenues guerrières à leur tour, elles vont créer une sorte de confrérie, celle des Coeurs Vaillants, et se battre aux côtés des indiens contre ce monde qu'elles ont quitté et dans lequel elles ont parfois dû abandonner leurs enfants. Leurs récits nous permettent de retrouver les batailles célèbres, celle de Little Big horn en particulier, mais aussi de faire vivre les récits chamaniques et les traditions spirituelles indiennes.
L'histoire de Mollie Standing Bear, native des réserves américaines contemporaines, apparait en fil rouge, comme une réminiscence de l'esprit des femmes du XIXe.
A la fois récit historique et évocation du surnaturel, l'auteur nous embarque une fois de plus dans une aventure que l'on a du mal à lâcher, et ce malgré quelques longueurs il me semble. L'alternance des récits, des personnages, du passé et du présent ancre totalement son roman dans la réalité quotidienne des indiens des réserves aux États-Unis aujourd'hui. La complexité de leur intégration, le plus souvent impossible, le poids de leurs traditions et de leurs croyances, sont toujours d'actualité. Sa présentation de la vie des tribus, le respect envers la nature et le gibier, leur organisation complexe au fil des saisons et des combats, les costumes et leurs significations, les danses et les rituels magiques, les rites religieux, l'extinction programmée des bisons, rien n'est négligé par l'auteur qui étoffe son récit grâce à ses connaissances impressionnantes du sujet.
J'ai aimé qu'en filigrane à ces récits d'aventure, l'auteur nous montre sans cesse la place des femmes dans la société. Pour celles qui intègrent les tribus, que ce soit la place qui leur était réservée dans la société puritaine des migrants des Amériques, ou celle qu'elles doivent se faire au sein des tribus, on se rend compte que le rôle des femmes, leur liberté, leur existence même ne sont jamais garantis.
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