Citations sur L'amie prodigieuse, tome 4 : L'enfant perdue (373)
To write, you have to want something to survive you. I don't even have the desire to live, I've never had it strongly the way you have. If I could eliminate myself now, while we're speaking, I'd be more than happy. Imagine if I'm going to start writing.
Ma mère était réduite à presque rien, et pourtant elle avait été vraiment encombrante, elle avait pesé sur moi en me donnant l'impression d'être un ver sous la pierre, à la fois protégé et écrasé.
Nino était ce qu'il n'aurait pas voulu être et ce qu'il avait toujours été.
"Je t'ai dit que le livre ne me plaisait pas. Les choses , soit on les raconte, soit on ne les raconte pas: toi, tu restais entre deux..
-C'était un roman..
- Un peu, un roman, un peu, non."
Lila avait fini par appeler sa fille du nom de ma poupée adorée, celle que, petite, elle-même avait jetée au fond d'une cave.
"L'auteure, c'est toi!
-Tu ne m'as pas répondu!
-Je t'ai répondu, mais tu fais semblant de ne pas comprendre. Pour écrire, il faut désirer que quelque chose te survive. Moi, au contraire, je n'ai même pas la volonté de vivre, je ne l'ai jamais eue, forte, comme tu l'as, toi. Si on pouvait m'effacer maintenant, là, pendant que nous parlons, je serais plus que contente. Alors, imaginer que je me mette à écrire!"
Mais ce livre qu'au début j'ai considéré comme le plus beau que j'eusse écrit, ensuite, je ne l'ai plus aimé. C'est Lila qui me l'a fait détester en refusant de toutes les façons de me rencontrer, d'en discuter avec moi, et même en m'insultant et en me tournant en ridicule.
Pendant toute sa vie, elle avait raconté une histoire de rançon- la sienne-, en se servant de mon corps, vivant, et de mon existence.
"Toi, tu as peur de la loi, et les Solara, les camorristes, ont peur de ton livre." "J'ai peur qu'avec leur argent, ils ne me détruisent." " Mais justement, toi, tu dois les atteindre dans leur argent. Écris. Plus tu écris sur leurs saloperies, plus tu nuis à leurs affaires." J'étais déprimée. C'était ce que pensait Lila ? C'était son projet ? Je compris seulement alors clairement qu'elle m'attribuait la force que, fillettes, nous avions attribuée à l'auteur des "Quatre filles du Dr Marsh".
J'eus du mal à accepter la mort de ma mère. Meme si je ne versai pas une larme, j'éprouvai une douleur qui dura longtemps et qui peut-être n'a jamais vraiment disparu. Je l'avais trouvée insensible et vulgaire, je l'avais crainte et fuie. Mais juste après son enterrement, je me sentis comme quand il se met brusquement à pleuvoir, qu'on regarde autour de soi et qu'on ne trouve pas d'endroit où s'abriter.