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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jérôme Ferrari et Oliver Rohe : A fendre le coeur le plus dur (2015)
Le titre de ce petit livre est la citation d'une lettre de Gaston Chérau, journaliste et photographe qui a couvert la guerre italo-turque de 1911-1912 en Lybie. le thème est l'asymétrie physique et morale d'une guerre coloniale où l'attaque massive de l'agresseur est suivie de représailles sauvages, lesquelles sont réprimées avec le travestissement du juge chez les guerriers et les civils : ils étaient trop lointains, trop différents, mouraient trop souvent et se ressemblaient un peu trop dans leur mort (p 35). Les postérités de cette horreur sont la guerre d'Algérie (page 55, une quasi-citation d'Où j'ai perdu mon âme) ou d'Irak : Jusqu'au retrait des forces coalisées, les images du bourbier irakien se contentaient le plus souvent d'embrasser le point de vue exclusif de l'armée américaine, jamais celui de l'ennemi autochtone, civil ou insurgé, ajoutant donc à l'asymétrie militaire celle de l'accès à la parole, au récit, à la représentation (p 57). Les photos ne sont guère lisibles, ce qui est suffisant, et une postface précise l'Histoire.
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Ferrari Jérôme et Rohe Oliver – "A fendre le coeur le plus dur" – Dernière marge / Babel, 2015 (ISBN 978-2-330-08652-7)

C'est là un essai relativement bref (109 pages), portant sur les photos faites par un "reporter" photo dénommé Gaston Chérau pendant la guerre que l'Italie mène contre la Turquie pour lui dérober ce qui deviendra la Libye de septembre 1911 à octobre 1912.
Selon les auteurs, il s'agit donc de l'une des toute premières manifestations d'un genre de photojournalisme appelé à connaître un développement de plus en plus important au fil des décennies, à savoir ce qu'il est convenu d'appeler le reportage de guerre.

Gaston Chéreau est financé par l'Italie pour témoigner de l'aspect "civilisateur" de sa guerre de conquête, ce qui est à l'époque couramment admis par toute la classe politique occidentale, quasiment de tout bord ; les auteurs ne le rappellent pas, mais quelqu'un comme Jules Ferry défendra la colonisation, puisqu'elle apporte "la civilisation", et soutiendra (28 juillet 1885, Chambre des députés) que
"les races supérieures ont un droit sur les races inférieures"
elles ont même
"un devoir de civiliser les races inférieures".

Ayant eu l'occasion de travailler sur l'histoire du photojournalisme, ainsi que sur les fonds de photos issus des grandes expéditions "ethnologiques" (genre "la croisière noire" organisée par Citroën en 1924-1925), ce livre ne m'apprend pas grand chose de nouveau, et la tentative d'analyse ou d'explication fournie par les auteurs n'a rien de bien originale.

Finalement, le mérite principal de cet opuscule réside dans le fait d'attester que Jérôme Ferrari s'est réellement concrètement penché sur un fonds de photographies relatifs aux guerres coloniales, et qu'il écrit donc sur ce sujet en connaissance de cause.

Mais c'est dans son roman ultérieur, publié en 2018 et intitulé "A son image" qu'il livre (ou commence à livrer) son ressenti, son analyse, sa connaissance de la problématique particulière à la photographie.
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Ce texte est paru, initialement aux Editons Inculte dont Olivier Rohe est l'un des créateurs, dans le cadre de l'exposition éponyme qui exploite des archives mêlant photographies et textes d'un écrivain-reporter de guerre, Gaston Chérau, envoyé en Libye lors de la guerre italo-turque en 1911. Quelques photos reproduites donnent un reflet de ce terrible corpus de plus de 200 clichés.


Passée la sidération de la découverte de clichés reproduisant la pendaison de 14 rebelles dans une mise en scène soigneusement organisée, les auteurs les mettent en perspective avec le reste du corpus, et réfléchissent à la propagande photographique en temps de guerre, et au sens à décrypter à travers ces cliches, à la question de la représentation de la violence dont l'obscénité même justifie, ici, la nécessité.

Ce texte est constitué de petits chapitres qui lui donnent un côté un peu disparate. Il laisse un petit goût de superficialité cachée derrière une rhétorique pompeuse, qui le mène parfois à la limite de l'obscur. On regrette que la seule réflexion soit mise en avant, au détriment d'une connaissance du photographe, Gaston Chérau, dont la position face à ces clichés n'est que vaguement ébauchée (à tel point qu'on ne peut savoir si elle s'appuie sur l'analyse des documents écrits, ou s'il s'agit d'une interprétation des auteurs). Il n'en demeure pas moins qu'il pose de bonnes questions, fait émerger des documents jusque là oubliés quoique primordiaux, et qu'on y trouve quelques idées à glaner. L'exposition devait être passionnante!
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