Quand j'ai attaqué ce livre, j'ai eu peur des scènes gore, que je n'aime pas, mais alors pas du tout. Puis, j'ai eu peur de la narration à la troisième personne du singulier des premières pages. Et dès la page 25, j'étais pris dans les filets de
Laurent Fétis. C'est tout proprement hallucinant de se faire happer comme cela, et c'est ce que j'adore quand un thriller (ou page turner) est bien fait. Là, c'est tout simplement du grand art. Et ne cherchez pas une once d'espoir, un brin de lumière dans ce roman, tout y est noir et glauque à souhait.
Tout dans ce roman est parfaitement justifié. de la profondeur de la psychologie de Jef, à son refus de replonger dans ce cauchemar, de la construction du livre qui alterne entre 1994 et 1995 au changement de narrateur (3ème personne pour 1994 et 1ère personne pour 1995), tout est fait pour nous immerger dans ce monde noir à l'extrême. Et cette construction semble faite pour montrer le mur, la distance que Jef veut mettre par rapport à ce passé récent.
Et que dire de l'intrigue, où tout y est construit par petits morceaux, avec de petites briques et le style aide beaucoup. Comme Jef est un très bon journaliste, il s'attache à tous les petits détails. C'est ce qui justifie cette pléthore de descriptions qui ne sont pas lassantes mais m'ont permis de rentrer dans la tête du journaliste. Au bout du compte, je me suis laissé prendre au jeu, emmené par le raisonnement, voyant par les yeux de Jef, ressentant ses émotions, sentant les odeurs de pourriture des bas fonds, entendant tous les bruits des nuits de New York. Et il est inutile de préciser que l'on a droit à une belle galerie de déjantés, pédophiles, zoophiles, nécrophages ou carnivores et cannibales.
Le terme qui me vient naturellement à l'esprit, c'est : impressionnant. Et, malgré un final flamboyant mais qui m'a personnellement laissé sur ma faim car obliquant vers du fantastique, j'ai été épaté par le talent que nous montre
Laurent Fétis. C'est un roman que j'ai lu extrêmement vite, c'est un signe, sans jamais ressentir de lassitude, bien que cela soit parfois éprouvant, un vrai voyage en enfer.
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