Citations sur Les reines pourpres, Tome 1 : Les voiles de Frédégonde (26)
La magie des femmes est plus forte que toutes les religions. Plus forte qu'une armée. Souvent, durant ces années là, j'ai repensé à la danse de la Mère, à son corps offert aux yeux de tous et pourtant inaccessible. Ma danse serait plus légère, moins publique. Mais nul n'y survivrait.
Ce n'était pas un commencement, si ce n'est celui d'un drame qui noua nos vies et finit par nous détruire tous.Quand je compris enfin je me sentis humiliée au plus profond de mon être. Non pas contre lui, ou en tout cas brièvement et seulement envers son orgueil imbécile. Ma rage portait un nom de femme.
Je ne sais ce que sera ta vie mon pauvre petit. Nos ennemis sont si nombreux, si puissants, si triomphants alors que tu n'as plus rien, hormis le nom que tu portes et l'espoir de ta lignée. Je prie pour qu'ils te laissent vivre, même pauvre, même asservi. Tu ne le seras jamais autant que je le fus. Tant que tu vis tout reste possible. Cela ne dépend que de toi. Tu peux réussir et forger toi même ton destin. C'est ce que je fis. On me le reprocha assez, mais à voix basse, loin de ma vue, car on me craignait. Ton père avait besoin d'une reine, pas d'une bécasse apeurée empâtée par ses grossesses et sans autre ambition que de veiller au coin du feu parmi sa marmaille. Alors oui, je le dis, j'ai fait ce qu'il fallait pour donner à ton père la femme qu'il méritait, la seule qu'il ait jamais aimé. Je l'ai fait et je ne le regrette pas.
Tu ne comprends donc pas ? Gagner ou perdre, ça n'a pas d'importance. Ce qui est honteux, c'est de se résigner.
"Ce fut à ce moment que, du fond de la salle, jaillit un rire, celui d'une femme. Tous se tournèrent d'un même mouvement vers celle qu'une telle circonstance égayait à ce point. La plupart ne la connaissaient pas, mais ils furent plusieurs à trouver son hilarité charmante et communicative. Chilpéric fut d'abord vexé de voir son amante s'amuser ainsi de la scène. Puis il comprit que Frédégonde ne riait pas de lui mais de la fureur de l'évêque et il sentit aussitôt son coeur s'alléger. Un simple regard vers Germain, tellement violacé de colère qu'il en ressemblait à son habit, le fit à son tour éclater de rire, en cela aussitôt imité par une bonne part des convives.
Outré, l'évêque vida les lieux sous les rires et les quolibets des Francs, suivi de sa troupe encapuchonnée, alors qu'à table les Parisiens roulaient des yeux et baissaient le nez dans leur assiette, certains pour masquer leur amusement, d'autres leur effroi de voir ainsi humilier un saint homme.
A la table du roi, restée assise, immobile, glacée, Audowère ne quittait pas des yeux Frédégonde."
J'aimais Chilpéric, quoi qu'il fasse. Je l'ai vu tuer des hommes de sa propre main, j'ai vu toute l'avidité de ses rêves et la hargne qu'il mettait à les réaliser. Je ne l'en aimais que davantage.
Audowère observait les rites, puisque les rois francs avaient choisi, depuis Clovis, d'être chrétiens, mais le catéchisme des moines résonnait à ses oreilles comme un fatras d'absurdités et de niaiseries. Une religion de pauvres qui promettait le ciel à ceux qui n'ont rien ne pouvait être faite pour ceux qui ont tout. Frédégonde, elle, semblait se passionner pour ces préceptes onctueux. Après tout, elle était à peine plus qu'une servante...
Je ne sais ce que sera ta vie, mon pauvre petit. Nos ennemis sont si nombreux, si puissants, si triomphants alors que tu n'as plus rien, hormis le nom que tu portes et l'espoir de ta lignée.
Combien de fois les ai-je vus rire quand il fallait pleurer, se battre quand tout était perdu, pardonner à leurs ennemis et égorger leurs proches ?
J'ai dévoré ces 2 livres !! C'est superbement bien écrit.
J'ai complètement découvert cette période de construction de la France !!