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Doggerland » est le troisième roman d'Elisabeth Filhol, aux éditions P.O.L. Ecrit avec une précision diabolique, ce livre révèle l'existence de terres oubliées, la probabilité de tempêtes indomptables, et montre malgré tout la possibilité d'une rédemption. Il emmène le lecteur au confluent de la géologie, de la climatologie, de la technologie, de l'économie, puis l'entraîne d'un même souffle dans l'oeil du cyclone des sentiments humains.
Une très forte tempête, baptisée Xaver, est annoncée en mer du Nord, et les populations sont invitées à se mettre à l'abri. Margaret est chez elle, en Ecosse, avec son mari et son fils. le couple doit prendre l'avion le lendemain, pour se rendre à un congrès scientifique au Danemark. Au même moment, Marc, un français qui avait brièvement fréquenté Margaret pendant leurs études, avant de disparaître pour une mission en Afrique, se prépare à partir, lui aussi, pour ce congrès.
« Doggerland » est le nom d'un territoire situé entre l'Angleterre et le Danemark, émergé il y a des milliers d'années, qui a complètement disparu suite à une montée progressive des eaux. Invisible mais bien réel – à l'image du lien qui unit depuis des années Marc et Margaret.
Extrêmement documenté, le roman décrit avec une précision scientifique les mécanismes de formation géologique et les perturbations climatiques, les transformations progressives de cet écosystème, dans un style très particulier, dense, insufflant une forme d'anthropomorphisme à ces phénomènes naturels.
Au sein de cette nature millénaire et toute-puissante, l'homme a cherché et trouvé des ressources, qui représentent des enjeux économiques majeurs : l'exploitation du pétrole ou des champs d'éoliennes en mer du Nord est une manne financière pour les pays riverains.
Et le personnage de Marc symbolise ce versant d'activité de l'homme triomphant et exploitant la nature, alors que Margaret a choisi un tout autre chemin, celui, laborieux et moins gratifiant, moins exaltant peut-être, de la recherche, de l'enseignement, avec à la clé le confort de la routine. Leurs sentiments, leurs état d'âme, sont brossés à la manière des grands bouleversements dont tous deux sont les témoins et les experts.
Le talent d'Elisabeth Filhol se situe précisément dans la mise en perspective de cette nature qui semble dotée d'une volonté propre, et de ces humains dévastés par des émotions qui les dépassent – tout cela se mêle dans un syncrétisme puissant.
Roman géologique, écologique, technologique, « Doggerland » interroge avec lucidité la place de l'humain dans un monde qu'avec arrogance, il croit maîtriser, mais dont les forces et la temporalité sont bel et bien hors de contrôle. Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/2RzzNw2
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Premier coup de coeur de l'année, cet hymne à la mer du Nord. C'est d'abord la mention de ce continent submergé, annoncée sur la quatrième de couverture, qui m'a conduite vers ce roman. Et le contexte de l'exploitation des énergies, les renouvelables ou les fossiles, qui a fini d'aiguisé ma curiosité. Et ce que je retiens, c'est la quête : celle d'un trait de côte effacé, celle d'un amour inachevé, celle de son identité, par plusieurs voix entremêlées.

La puissance de l'écriture m'a embarquée, j'ai suivi la sirène. Les phrases sans fin auraient pu desservir le propos technique, mais non, jamais elles ne noient le lecteur, parfois elle le bercent dans une douce torpeur, mais la houle ne tarde pas à le réveiller pour l'embarquer vers un nouveau visage.

Les personnages sont forts. Ils ont des failles, que les catastrophes naturelles ne masquent pas. Plus que par un thriller sur la recherche d'un continent disparu, j'ai été happée par cette confrontation entre êtres humains, dans un environnement mouvant. Et la part de mystère que gardent Margaret et le Doggerland n'y est pas pour rien.
Lien : https://linumer.wordpress.co..
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Tempête sur cotes de la mer du Nord et dans les têtes. Je reste un peu sur ma faim mais l'écriture est belle et les sentiments exprimés résonnent en moi.
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Il y a 3 personnages dans ce roman. Margaret est une scientifique, académique, qui étudie les sols dans une perspective archéologique. Marc est un géologue français qui étudie les sols sous-marins, mais pour y trouver du pétrole. Xaver est une tempête qui va balayer le nord de l'Europe du 5 au 7 décembre 2013. C'est à ce moment que Margaret et Marc doivent se rendre séparément à une conférence à Esbjerg au Danemark. Séparément, car Margaret est mariée à Stephen. Marc est célibataire. Il n'a jamais vraiment oublié Margaret, dont il était amoureux fou 20 ans plus tôt.

Ecosse-Danemark, c'est le trajet de Xaver. C'est aussi celui de Margaret. Et c'est le point de chute de Marc.

Ces trois jours sont mis à profit par les deux protagonistes pour repenser au passé et à ce qui pourrait peut-être encore se produire. On découvre peu à peu le rôle "protecteur" joué par le frère de Margaret qui a éloigné Marc. Xaver joue le rôle (en 2013) de déclencheur, de rapprocheur, via des éléments d'un passé encore plus lointain... Il y a 8000 ans, la mer du Nord était une île, une plaine fertile, que les scientifiques nomment Dogger Bank ou Doggerland. Maintenant, c'est un champ de plates-formes de forage sur un des gisements les plus importants du monde.

Et si un séisme d'amplitude importante venait frapper cette région? Cela provoquerait un tsunami d'une force comparable à celui qui a dévasté la plaine habitée 8000 ans plus tôt...

Ce sont tous ces éléments qu'Elisabeth Filhol tente de mettre ensemble de manière cohérente. L'écriture en narrateur omniscient (ou presque) rend la lecture pesante, ampoulée et confuse la plupart du temps. Les meilleurs passages, vifs et rythmés, sont ceux constitués de dialogues. Mais ils sont rares. Au final, sur une bonne idée, avec un gros travail de recherche de l'auteure (on apprend plein de choses, clairement), on a un roman poussif et peu emballant, fort peu original, centré sur deux personnes qui s'aiment et se sont quittées 20 ans plus tôt sans aucune raison (et se retrouvent sans aucune raison non plus).
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A l'occasion d'un séminaire d'archéologie sous-marine deux êtres se retrouvent à Esbjerg , Jutland danois.. Ils se sont connus étudiants, leurs carrières les ont séparés, chercheuse à l'université pour Margaret, géologue dans les pétroles pour Marc , ils sont à l'heure des bilans. Ce pourrait être très banal mais c'est un subtil stratagème pour mettre en scène et formidablement personnifier les acteurs qui composent le milieu naturel. Au premier rôle Xaver, une redoutable tempête se développant du Groenland à la Baltique qui irradie tout le récit , ensuite, la mer du Nord , la dislocation de la Pangée , le Doggerland et le tsunami dévastateur Storegga. Au-delà de descriptions techniques très instructives, c'est une véritable spiritualité des rapports de l'homme à la nature qui émane de l'ouvrage à travers coups de vent , ressacs et brisants ; un périple de découvertes que j'ai beaucoup apprécié et tout à fait en concordance avec les questionnements concernant la préservation de le planète qui nous assaillent .
Au plan de l'écriture, il me semble que l'auteure a cherché à transposer la tempête qui rythme le récit par une grande variabilité des phrasés en utilisant fréquemment de longues propositions , éventuellement un tantinet trop complexes, mais qui apportent aussi un supplément de charme à ce splendide dévoilement d'un style , à mon avis , bien nouveau.
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Dans le révélateur d'un ouragan atlantique et d'une passion archéologique en mer du Nord, une formidable poésie technologique du risque humain et du système écologique planétaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/01/08/note-de-lecture-doggerland-elisabeth-filhol/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Ouvrir Doggerland d'Elisabeth Filhol et voir d'abord ce mot, Dogger, qui évoque les bulletins de météo marine.
Puis le Doggerland, cette terre immergée entre l'Angleterre et le Danemark qui était très certainement habitée il y a quelques 8 millions d'années.
Enfin, cet avis de tempête en mer du Nord, et la rencontre improbable de deux personnes qui se sont perdues de vue depuis trop longtemps.

Margaret et Marc doivent se rendre à un congrès annuel d'archéologie sous-marine. Ils ne se sont pas revus depuis 22 ans, lorsque Marc avait quitté Margaret de façon assez abrupte. Depuis, leurs vies se sont déroulées chacun de leur côté, mariage et enfant pour l'une, travail, voyages et fuite en avant pour l'autre. Chacun sait que l'autre sera présent, chacun redoute, espère ou craint la rencontre improbable qui va forcément arriver.

L'auteur a une façon incroyable de nous plonger dans cet avis de tempête et de nous immerger autant dans les strates qui composent le sous-sol de la mer du Nord que dans les couches successives qui composent également la vie de ses deux principaux protagonistes. Croisement de deux vies, mais avant tout explications techniques, descriptions sur le climat, la géologie, l'économie, l'exploitation des hydrocarbures, puis, comme en analogie subtile, l'exploitation des sentiments, la façon dont ils émergent ou se perdent à jamais. Décisions, destin, choix, comment chacun compose du mieux qu'il peut et avance.

chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/07/22/doggerland-elisabeth-filhol/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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A vingt mètres sous les eaux, entre les côtes de l'Angleterre et celles du Danemark, s'étend le Doggerland, vaste île engloutie il y a quelques milliers d'années dans la mer du Nord. Ancien lieu de peuplement humain, ce grand banc de sable suscite l'intérêt des géologues et des anthropologues, mais aussi la convoitise de l'industrie pétrolière. Dans son troisième roman, Elisabeth Filhol déplie l'histoire de ce territoire perdu en même temps que celle de Margaret, chercheuse en géosciences qui, alors que la tempête Xaver déferle sur l'Europe du Nord, s'apprête à revoir Marc, un amour de jeunesse.
A l'intersection du temps court des passions et du temps long de la dérive des continents, Elisabeth Filhol construit un roman d'une grande modernité qui tisse les vies de ses personnages à d'écrasants enjeux économiques et écologiques. Tour à tour méditation contemplative sur la transmission et chronique alarmante des transformations qu'impose l'homme à son environnement, Doggerland est un exercice de décentrement étonnant, qui révèle toute la poésie des discours scientifiques.
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La Mer du Nord comme vous ne l'avez jamais lue ...
Il est des lectures qui vous laissent avec l'impression d'être, pendant quelques heures, un peu plus intelligent.
Doggerland est de ces bouquins.
La magie du titre choisi par la française Elisabeth Filhol évoque celle des litanies hypnotiques des bulletins de la météo marine : Humber, Fisher, German, Dogger, …
Le Dogger Bank c'est en effet ce gigantesque banc de sable entre Ecosse et Pays-Bas, vestige des moraines glacières d'il y a quelques milliers d'années : vingt mètres de fond seulement, convoités par les chalutiers jadis, par les compagnies pétrolières aujourd'hui et demain par les planteurs d'éoliennes géantes.
Un territoire régulièrement chahuté par les tempêtes hivernales comme celle de décembre 2013, Xaver, que l'on va suivre tout au long de ces pages.
Attention tout de même : qu'elle nous explique les phénomènes scientifiques à l'oeuvre ou qu'elle explore les sentiments de ses personnages, Elisabeth Filhol est bien fidèle à sa tête de premier de la classe et sa prose est donc exigeante qui allonge de longues phrases, parsemées de détours explicatifs et de virgules respiratoires, enrichies d'argumentations et de circonvolutions qui finissent par former une savante musique à laquelle il faut habituer notre oreille, par composer un rythme que notre oeil doit apprivoiser.
Comme le grand tableau noir où la craie fiévreuse du scientifique gribouille et enchevêtre des formules interminables et complexes mais d'où soudain émerge la compréhension.
Avec cet étrange roman, entre fiction scientifique et romance amoureuse, Elisabeth Filhol tente de faire revivre l'Atlantide du nord ...
C'est aussi un bouquin à ranger dans notre rayon cli-fi (climate-fiction) histoire de nous habituer peu à peu, à l'inexorable montée des eaux qui ont déjà submergé nos lointains ancêtres du Doggerland.
Pour celles et ceux qui attendent la fin du monde.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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DoggerlandElisabeth Filhol

La tempête Xaver vient d'aborder l'archipel des Hébrides, au nord-ouest de la Grande-Bretagne et va traverser l'Ecosse, le Norfolk en direction de la Scandinavie (cette tempête de 2013 a réellement existé et a fait de nombreux dégâts à l'instar de celle que nous avons connue en France en 1999).

Le Doggerland était une grande île, il y a de ça huit mille ans et elle s'étendait au milieu de la mer du Nord aujourd'hui enseveli sous cinq à dix mètres de dépôts marins.

Après un reportage sur le sujet, l'auteure a choisi d'écrire un livre où elle fait naître Margaret, géologue, et Marc cadre dans l'industrie pétrolière. Tous deux doivent se rendre à un congrès, mais c'est sans compter les trois jours d'états-d'âme sur leurs vies et sur la dégradation du climat.

La mer terrasse l'histoire et les éléments incontrôlables qui viennent s'emboîter avec leurs parts sauvages et dévastatrices. Un livre qui peut faire penser à faire bouger les choses dans la douceur du mois de décembre dernier et des vents assoiffés de conquête.

Je décrirai ce livre d'un roman-étude tant il décrit un phénomène d'actualité avec du vocabulaire adapté. Malheureusement, le narratif prédomine avec des explications qui prennent le dessus et perdent parfois l'histoire des protagonistes dans de longues phrases interminables. Néanmoins, on retrouve sur la fin des échanges plus chaleureux.
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