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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tom est un enfant du divorce, dans les années 80 - un précurseur :
« Notre famille n'est qu'une des premières sur la longue liste des divorces à venir, qui les toucheront eux aussi bien sûr, qui les toucheront tôt ou tard, qui n'épargneront personne. »
Pas facile d'essuyer les plâtres : les autres jugent, et on se sent coupable - c'est forcément de notre faute si nos parents ne s'aiment plus, ne se supportent plus.
Et quoi qu'il en soit, quel que soit le regard des autres, ça fait mal : « Après, il y a encore eu des moments bien sûr, des petits bouts d'enfance ça et là, mais rien n'a plus été pareil. Après, tout a pris un goût de perte et d'abandon. »

Récit en polyphonie : le père, la mère, et une troisième personne qui s'adresse à ce « toi, petit frère », le plus touché par la séparation chaotique, violente.

Je viens de 'découvrir' cette auteur, et c'est le troisième livre d'elle que je lis en dix jours.
Carole Fives me chamboule, et comme je suis maso, j'ai envie de me plonger dans tous ses textes, sans attendre.
Elle me fait penser à Delphine de Vigan. Les sujets qui leur tiennent à coeur sont proches : mères malades ('folles' ou épuisées), pères dépassés ou absents, crises familiales, enfants en souffrance, frères et soeurs solidaires et/ou rivaux...
Mais la part autobiographique est moins revendiquée.
Ses textes sont courts, son écriture est sensible et percutante, ça frappe où ça fait mal, en pleine face, en plein coeur et au fond des tripes.

Et si Carole Fives ouvre cet ouvrage sur ces mots de Nathalie Sarraute :
« Ce que nous ressentons n'est inscrit nulle part ».
Je proteste : grâce à elle, je trouve noir sur blanc et finement observés/formulés beaucoup de mes sentiments...

Beau texte douloureux, et jolie fin qui donne un autre sens à la voix de la troisième personne - peut-être encore plus bouleversant ?
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"Nous avons quelque chose à vous annoncer" avertit le père avant que, la mère et lui, n'assènent à leurs enfants leur éminente séparation.
Et là, ce sera la dégringolade, car la mère déjà fragile perd les pédales, manigance, monte la tête aux enfants,fait du chantage au mari,est internée,perd la garde,vit dans des squatts,use de stratagèmes sournois,récupère son fils,déménage dans le sud,devient hippie, fréquente une secte...
Que nos vies aient l'air d'un film parfait évoque le douloureux déchirement parental vu à travers les yeux d'une fille ainée, porteuse d'un secret culpabilisant, qui écrit une longue lettre (je vois ce récit ainsi bien qu'il soit fragmenté selon le point de vue des narrateurs) à son "petit frère" Tom devenu grand et perdu de vue. Elle lui rend les souvenirs qu'il a effacé de sa mémoire et prend tour à tour le rôle du père qui a fait ce qu'il a pu face à une femme malade, déséquilibrée,en manque de béquilles,vengeresse...folle. Et de la mère mal aimée dans son enfance,inconsciente,affichant ses préférences délibérément et rejetant la "fille à papa".
Carole Fives analyse de façon implacable la culpabilité,les ressentiments et la haine engendrés par un divorce non accepté. Après le déchirement parental, c'est le déchirement des enfants et le déchirement intérieur.
Que nos vies aient l'air d'un film parfait montre que l'enfant enjeu,l'enfant objet,l'enfant comblant le vide parental et l'enfant rejeté ne sont que des rôles imposés à un enfant sans défense pour donner le change. Il essaye de s'en sortir comme il peut avec les armes qu'il a ou en claquant la porte.Mais la majorité est parfois loin à atteindre.Que d'années de froideur et de silences faut-il alors endurer!
Ce roman est vraiment bouleversant! Il est d'actualité puisque les sondages annoncent un divorce sur trois mariages! Mieux vaut donc le réussir? Mais peut-on réussir ce qui est déjà un échec en soi? On pense bien sûr, bien que traitée différemment, à la violence de Kramer contre Kramer (où une mère veut récupérer la garde de son fils) de Avery Corman. J'ai pensé surtout (car c'est fort bien écrit, loin du best-seller américain basique) à la petite Natacha d'Enfances de Nathalie Sarraute. Jalouse et rejetée dans le passé, empreinte de culpabilité et demandeuse d'amour dans le présent, la narratrice serait-elle de même une diseuse de maux?
Carole Fives (plasticienne et écrivaine) est également l'auteur d'un recueil de nouvelles: Quand nous serons heureux qui a obtenu le prix Technikart en 2010 et de textes pour la jeunesse.
Que nos vies aient l'air d'un film parfait est son premier roman.
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Avec Que nos vies aient l'air d'un film parfait, Carole Fives nous livre un récit sur l'amour fraternel très percutant. Une soeur devenue adulte, dont on ne sait pas le prénom, crie son amour pour son frère Tom après avoir été séparée de lui lors de son adolescence. Tout commence par la séparation des parents suite au ras le bol du père causé par le comportement de sa femme psychologiquement fragile qui le détruit. Les deux enfants vont avec leur père et le tourbillon infernal de la décomposition familiale s'accélére : la semaine chez le père, le week end chez la mère, passage de relai sur une aire d'autoroute, chantage au suicide et crise à la sortie de l'école de la mère, pente difficile à remonter de la part du père, regards des autres… le frère a pourtant l'air de mieux s'en sortir que sa soeur grâce à son père l'initie à tout ce qui touche les camions et leur entente rend jalouse la soeur. Cette dernière, pour garder son père pour elle toute seule, rentre dans la machination de sa mère pour récupérer son fils en le persuadant que ce sera mieux pour tout le monde qu'il soit avec elle.

Carole Fives met en lumière dans ce livre les deux visions qu'un même fait peut avoir sur un soeur et un frère. La première s'en voudra de très longues années de ce qu'elle a fait vivre à son frère et de sa trahison envers lui. Quant à ce dernier, son ressenti est différent et ne comprend pas pourquoi sa soeur ressasse leur adolescence en lui disant de passer à autrechose. Que nos vies aient l'air d'un film parfait arrive avec brio à nous faire ressentir les émotions d'enfants de parents divorcés.

L'écriture fluide et rythmée de Carole Fives nous permet de dévorer ce roman en moins d'une heure. Les chapitres courts sont percutants et la fin pleine d'espoir.

En résumé, Carole Fives nous plonge dans un roman d'une grande intensité qui ne laissera personne de marbre.


Lien : http://mapetitebibliotheque...
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« C'est une famille qui déjà n'en est plus une et où il n'y a plus grand-chose à se dire. A moins que ce ne soit une famille où il y ait tellement de choses à dire que plus aucun mot n'en sorte.Comme quand la bouche est tellement pleine que si on l'entrouvre, ce n'est pas un mot qui arrive, pas un petit mot, mais tout un tas de mots emmêles, qui à la fin forment un bruit étrange, à peine un cri. »

« Que nos vies aient l'air d'un film parfait. »
D'un film, ça sûrement. Mais parfait, ...hein, c'est quoi exactement « parfait » ?
Par- achevé, par-cheminée, par-terre, par...ras le bol, ...« fait » mais par quoi, et de quoi exactement ?

Alors, « Parfait ».... - définition : Un parfait est un dessert GLACE sans cuisson à base de crème fraîche et d'oeufs et d'un élément donnant le PARFUM...La base donnant le parfum est associée à l'appareil LIANT fait de crème et de jaune d'oeuf. Les blancs d'oeufs BATTUS en neige sont ensuite INCORPORES pour alléger la texture. L'ensemble est enfin glacé. »

Voilà. C'est ça peut être tout simplement ça « parfait ».
Qu'on en aime ou pas le parfum, les oeufs, ou la crème, ça se tient. Tout est lié

Il n'y a pas d'histoire qui ne ressemble à rien, pas d'histoire de famille qui n'ait pas son parfum.
Le patriarche, le vieux Léon ,n'avait peut être pas raison. Pour finir toutes les familles se ressemblent. Toutes les familles sont malheureuses, à leur façon. Mais à force de battre et de lier, ça tient, et des fois presque à rien, à deux, trois, ou quatre fois, tout ce rien.

Et cette imparfaite familia, celle que l'enfance de Tom et celle de sa soeur partageront aura le goût de l'absence, du secret, du silence, de la peur. Pour tous, même film, même début, même fin, même scénario, même musique ? Pas certain.

« A l'école familiale, j'ai appris la trahison, la manipulation. J'ai appris à dire oui quand je pensais non, à ne jamais me fier à mon coeur ni à mon intuition . A l'école familiale, j'ai menti, j'ai triché, j'ai colporté des rumeurs, j'ai signe de faux témoignages, écrit que le monde était noir quand tout me portait à croire qu'il était blanc, ou le contraire. A l'école familiale, j'ai coupé le contact, j'ai perdu pied, j'ai oublié ce qu'était la réalité, je me suis oubliée. A l'école familiale, si l'on m'avait de mandé de tuer, de vendre un des miens, d'étriper un camarade, je l'aurais fait. A l'école familiale, je pensais détester les miens, quand je les aimais, ou le contraire. A l'école familiale, j'ai perdu le fil de ma mémoire, alors j'en ai fait une fiction. »

Si nos enfances n'ont été que de petits quatre heurts photos, alors on peut au moins faire en sorte « Que nos vies aient l'air d'un film parfait ».

Glacé, mais parfumé, c'est peut être ça le secret.

Un très très bon Fives, à découvrir sans modération.

Astrid Shriqui Garain


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Début des années 80. Aux vacances de Pâques, des enfants apprennent le divorce de leurs parents. La famille implose et les deux enfants la fille et son petit frère Tom âgé de huit ans se retrouvent au premier rang des victimes. Commencent les week-ends chez le père, le chantage au suicide de la mère dépressive et la lente séparation du frère et de la soeur.

Les personnages prennent la parole tour à tour hormis le petit frère Comme dans un film rembobiné, chacun revient sur les évènements avec sa vision. Et les parents avec leur vérité ou les mensonges de l'époque. Elle installée dans le sud de la France alors que le père est toujours sur Paris, les enfants se trouvent échangés comme une marchandise de contrebande sur des aires d'autoroute, prennent le train avec leur écriteau accroché autour du cou. La mère déchue de ses droits veut son fils. Après tout c'est facile, deux enfants et deux parents : à chacun le sien.


la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/09/carole-fives-que-nos-vies-aient-lair.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Caroline Fives raconte un divorce : quel thème peu original pour un roman!
Elle le raconte de façon chorale: le père la mère et la grande soeur: un mécanisme bien huilé maintenant où le roman choral est à la mode....
Et pourtant, ce roman laisse une empreinte forte. Car la voix que l'on entend le plus est celle de la grande soeur, dix-douze ans au moment de la séparation. Et elle s'adresse au petit frère par un toi récurrent: elle lui dit sa jalousie et son impression d'être mise à l'écart quand le père les voit le week end et passe ses dimanches après midi à jouer avec lui, elle raconte son innocence, son sourire quand elle, elle est vue par la mère comme celle qui lui tient tête depuis toute petite, dont elle ne peut rien faire, l'enfant préférée du père. Et surtout elle crie sa culpabilité : c'est elle qui a, devant l'insistance de sa mère , fait pression sur son petit frère pour qu'il demande à partir vivre avec elle, et ne reste pas avec sa soeur chez son père.
Un superbe premier roman , où pour une fois, les enfants évoquent leur souffrance : la souffrance du manque de l'autre, de la fratrie brisée.
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Un divorce. Brutal. Net. Et en même temps à rebondissements. Confession à quatre voix. Quatuor déchiré. Soi, chacun, pourquoi, comment, quand on n'est plus une famille. Brader l'enfance pour ressembler à une famille quand même, même en partie, même à moitié. Comprendre, vivre que la séparation ne répare rien, perd tout. Un petit tour de force juste ce qu'il faut pour s'emparer très justement de chacun des quatre. Toute une époque aussi, un aller retour vers les années 80 qui ravira les quadras d'aujourd'hui de souvenirs qu'on croyait enfouis. Une belle petite chose de mélancolie douce amère.
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Avec un titre pareil, évoquant pour les ados des années 80, un des tubes de Lio "Amoureux solitaires", on pourrait s'attendre à un livre sautillant. Si la divorce et la question "Qu'est-ce qu'on fait des enfants ?" vous paraît hilarante, alors vous sourirez peut être à la lecture du premier roman de Carole Fives , mais j'en doute, car le propos est ici fort sombre.
Le texte s'articule entre trois personnages : le père, la mère et la fille aînée. le témoignage du petit frère quant à lui, bien qu'évoqué longuement, n'apparaîtra qu'à la fin du livre. D'une histoire à l'heure actuelle banalisée par le peu de longévité des couples, Carole Fives, en la plaçant au début des années quatre-vingts, lui redonne un sens plus tragique et moins confortable (mais peut-on parler de divorce de confort ?). le récit nous donne à entendre tous les regrets, toutes les résignations, toutes les souffrances que le divorce a occasionné. Tout à tour, chacun des protagonistes nous parle et derrière les mots se terre la blessure à jamais refermée de ce drame ordinaire. le père, tiraillé entre sa vie et le bonheur de ses enfants, la mère, tombant dans la folie en grande partie à cause d'un manque d'amour de ses parents et la grande soeur, dévorée par le remord d'avoir cédé aux injonctions d'une mère malade pour sacrifier l'enfance de son jeune frère, forment un tableau particulièrement touchant.
Carole Fives a su trouver les mots justes pour traduire toutes ces souffrances, permettant aussi au lecteur de glisser ses propres sentiments dans les interstices d'un récit jamais appuyé et aux accents de vérité.
Remarquablement construit et écrit, "Que nos vies aient l'air d'un film parfait" impressionne par la sensation de gâchis qu'il fait naître au fur et à mesure de la lecture, sans jamais sombrer dans le manichéisme ni le parti-pris.
La suite et plus sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Au final, j'ai été plus qu'agréablement surprise par ce premier roman. Ma grosse crainte était que Carole Fives tombe dans quelque chose de larmoyant, de vindicatif... Bref, j'avais la trouille que cette lecture me chamboule un peu, me remue les trippes et me fasse verser ma grosse larme. Or, si j'ai été marquée, touchée par cette lecture, la plume de Carole Fives est extrêmement précise, et réussit à exprimer les émotions par petites touches, de manière voilée, de telle sorte qu'on sort malgré tout apaisée par cette lecture... Peut-être aussi grâce à ce dernier "chapitre" qui en dit tellement en quelques phrases...

Sur fond de culture des eighties, Carole Fives nous livre un premier roman tout en délicatesse et en subtilité, un roman qui parle de la douleur et de l'incompréhension des enfants, sans misérabilisme ou sentimentalisme excessif.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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avec beaucoup beaucoup de douceur, Carole Fives nous raconte dans ce premier roman une/des séparation(s), une manipulation, une trahison gardée secrète, des traits d'union qui se perdent...

C'est l'histoire d'un frère et d'une soeur qui souffrent en silence, confrontés à cette explosion que personne ne maîtrise, ni les adultes, et encore moins les enfants, victimes collatérales, qui n'ont rien demandé, ne demandent toujours rien, et restent le plus possible muets.
Ils réalisent qu'en une annonce de quelques mots, en quelques minutes, alors qu'ils cherchaient des oeufs de Pâques leur innoncence a été sacrifiée, et que tout est désormais différent, ébranlé, car même si cette famille ne tenait qu'en un équilibre précaire, elle offrait un quotidien "traditionnel" et rassurant, malgré tout.

Et les voici dans le grand bain froid des enfants de divorcés, à vivre les partages, les préférence que l'on ne devrait jamais avoir, les secrets que l'on ne devrait jamais veiller à ne pas révéler, ces parents entre lesquelles ils se retrouvent, contraints et forcés... les aller-retour chez l'un chez l'autre, les pertes de repères, les envies de pleurer étouffées, la complicité éclatée, les liens en pointillés, la distance qui s'installe entre tous...

L'intégralité:
Lien : http://blablablamia.canalblo..
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