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3,46

sur 171 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu ce roman sur les conseils de la bibliothécaire, alors qu'on parlait du dernier roman de Carole Fives, parmi les nombreux romans sortis pour cette rentrée 2018. Je voulais faire la connaissance de l'auteure.

Au bout de dix pages, je voulais refermer le roman, car une mère toxique et étiquetée bipolaire, qui harcèle ses enfants, je connais bien, je pratique au quotidien !

En fait, grosse surprise, je me suis laissée prendre au jeu, j'ai reconnu des phrases, des accusations et des discours culpabilisants sur les craintes liées à l'héritage ou la spoliation éventuelle, et c'est tellement caricatural, que cela porte à rire, et à prendre au second degré.

« Allô ? Vous revenez quand ? Vous ne vous rendez pas compte ? Égoïstes ! Je suis là, je vais crever et, vous, vous allez travailler, vous voyez vos amis, comme si de rien n'était » » P 18

On est en présence d'une femme centrée sur elle-même et ce qui lui arrive, dépourvu d'affects et d'empathie, qui laisse des messages parfois d'une cruauté inouïe, qui mégote sur les cadeaux qu'elle peut offrir pour Noël par exemple, finissant par dire qu'elle n'a plus de sous et que c'est aux enfants de faire un cadeau…

Carole Fives décrit très bien les relations qu'elle a avec les autres, qu'il s'agisse de ses enfants, ou de sa meilleure amie, les propos désobligeants, quand on ne fait pas comme elle veut ; tout est toujours de la faute des autres, ce qui donne une scène géniale : elle s'endort avec sa cigarette allumée et met le feu à sa perruque et donc au lit ce qui lui vaut une hospitalisation et bien-sûr, c'est de la faute de ses enfants, ce qui donne :

« Comment vous avez pu me laisser seule dans cet état ? Vous êtes complètement irresponsables, ton frère et toi. Il serait temps d'être adultes au lieu de penser qu'à vous. Vous êtes en dessous de tout. Des nuls, des moins-que-rien. » P 29

Elle veut absolument rencontrer l'homme de ses rêves, alors il y a des passages très drôles, notamment quand elle s'inscrit sur Meetic, adopte un mec, ce qui donne des rencontres cocasses… ou quand elle préfère voir ses enfants et surtout ses petits-enfants, via Skype, car elle estime que c'est suffisant, ou encore quand elle tricote pour les petits avec des restes de laine (une écharpe kaki, pour un bébé !)

L'écriture rythmée, toute en énergie, de Carole Fives m'a beaucoup plu. J'ai bien rigolé, et je vois les choses d'une autre manière, donc mini thérapie !!!

Challenge Pyramide
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Un 'Allô Maman bobo' inversé.

Charlène, la petite soixantaine, se plaint à sa fille par téléphone.
Souvent, très souvent. Plusieurs fois par jour, sans doute.
On n'entend jamais les répliques, on se doute de certaines réponses au vu des réactions maternelles, on sent que la fille ne doit pas vraiment pouvoir en placer une, on imagine, on pense à sa propre réaction devant un tel discours, face à un tel fatras de mauvaise foi, de franchise blessante et de chantage affectif.

Parce que cette mère est gratinée.
Elle se dit malade, atteinte d'un cancer, dépressive, elle va mourir, elle a peur, elle est seule, son mari l'a quittée depuis longtemps ('un monstre, votre père'), d'ailleurs ses enfants l'oublient, la négligent, surtout elle, sa fille, le frère a toujours été tellement mieux, c'est un Capricorne, ah non, lui non plus n'a pas le temps, il la délaisse aussi, et sa gamine à celui-là, quelle capricieuse, on vous a pas élevés comme ça, on leur passe tout, mais elle l'adore, elle est tellement mignonne...

A travers cette complainte tragicomique à la fois réaliste et caricaturale, se dessine le portrait effrayant d'une mère qu'on n'arrive pas à cataloguer – toxique, bipolaire, cruelle, égoïste, envieuse, bête, méchante, impudique ? Un peu tout ça, sans doute.
On espère ne pas être perçue ainsi par ses propres enfants, moins déstabiliser et épuiser son entourage...

Sur les relations à distance mère-enfant adulte, lire aussi 'Avec Maman', de Alban Orsini - plus tendre, plus doux...
___
♪♫ cité par l'auteur :
https://www.youtube.com/watch?v=MmbRa04Ekc8
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Carole Fives nous donne à lire (à écouter ?) la conversation téléphonique, quasi-unilatérale, d'une mère qui à la soixantaine et de sa fille de 40 ans. C'est que la mère est très bavarde, parle beaucoup d'elle et ne laisse pas sa fille en placer une.
Possiblement bipolaire, à coup sûr dépressive, la mère inonde sa fille de sollicitations. On comprend vite que leur relation est toxique et que la mère est insupportable et terriblement égoïste. Elle n'hésite pas à lui faire du chantage affectif et à la culpabiliser. Elle passe du coq à l'âne, du rire aux larmes, tout le monde en prend pour son grade : ses petits-enfants, ses enfants, sa copine Colette et les mecs qu'elle rencontre sur Internet.
Parfois, on s'attache un peu à cette grand-mère qui, à peine remise de chimio, va au concert d'Arno. Elle est un peu trash, bien pète-couille mais finalement très seule et en manque d'affection.
Le livre m'a plutôt plu et j'ai ri à plusieurs reprises. Cependant, l'ensemble reste léger. Au delà du concept original de conversation téléphonique, il n'y a pas grand chose. L'auteure aurait peut-être pu développer une narration, une histoire. J'ai trouvé que l'on tournait un peu en rond et que ça se répétait un peu trop... mais bon, c'est la mère qui cause, et elle radote pas mal !
Je précise que j'ai écouté ce livre en audio, lu par la comédienne Cécile Brune, dont je salue la performance.
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Charlène a la soixantaine, mais elle est restée jeune. Dans sa tête, elle se prend pour une jeune fille. Mais dès qu'elle s'ennuie, ou que la solitude se fait trop ressentir, elle appelle sa fille. Souvent. Trop souvent. Parfois pour lui raconter ce qu'elle fait, parfois pour se plaindre ou être écoutée. Et surtout pour reprocher. Pour combler les vides de sa vie.

"J'aimerais bien que tu m'appelles chaque jour, l'heure qui te conviendra, disons, quand je me réveille le matin, vers sept-huit heures, et le soir, quand je cafarde, vers cinq-six heures. La journée, je me dirais, tiens, ça va être l'heure de son coup de fil, et après avoir raccroché, je repenserais à ce qu'on s'est dit. Je ne te demande pas grand-chose, juste entendre le son de ta voix, même si tu ne me dis rien de bien passionnant. Pour toi, ce n'est rien, mais moi, ça m'aide ; je ressens vachement la solitude affective."

Charlène est l'une de ces mères divorcées, que la solitude envahit dès lors la retraite arrive et que les enfants vivent leur vie, et s'éloignent, géographiquement, ou autrement. Alors Charlène devient une mère toxique. D'état euphorique en état dépressif, les situations ou les propos qui au départ sont très touchants en deviennent lourds, et oppressants. Et quand la maladie la touche, ses appels se font de plus fréquents,les reproches fusent.

"Allô ? Vous revenez quand ? Vous ne vous rendez pas compte ? Égoïstes ! Je suis là, je vais crever et, vous, vous allez travailler, vous voyez vos amis, comme si de rien n'était."

Ce court roman est présenté comme un long monologue. Carole Fives a fait le choix de nous livrer qu'une seule partie des conversations téléphoniques. On n'a pas les réponses de la fille de Charlène, mais on les imagine. On a de la peine pour elle, en même temps que pour sa mère. On ne peut que ressentir de l'empathie pour ces deux femmes. L'une harcelée par les appels intempestifs de sa mère, mais qui doit culpabiliser de ses remarques. Et l'autre qui souffre d'une grande solitude et qui traverse des épreuves difficiles loin de sa famille. Et qui parle plus vite qu'elle ne réfléchit.

Le style de Carole Fives est incisif. L'humour est présent aussi, presque à chaque page. Parce que si Charlène est agaçante, elle nous fait aussi rire. Certaines situations, certaines remarques sont grinçantes à la fois de vérité et de sarcasmes. Derrière la légèreté de certaines propos de Charlène à l'encontre de sa fille, se cache un profond mal-être, un grand isolement.

"Écoute, ça t'apprendra à attendre quarante ans pour faire un gosse, nous on ne peut plus suivre, imagine, j'ai presque soixante-quatre ans. Tu as les grands-parents que tes ovaires méritent."

En bref, une femme au téléphone est un roman drôle et touchant à la fois. Un de ces livres qui dénoncent une grande solitude et un mal-être important mais toujours avec humour. Un très bon moment de lecture.
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Ce qu'elle est agaçante cette mère !
Déjà, elle passe son temps au téléphone. Et l'auteure a choisi de ne nous faire entendre que sa voix à elle. Charlène appelle chaque fois sa fille, mais nous n'aurons jamais ses répliques. Cela crée un long monologue, entrecoupé par le temps, des silences, et du coup des ellipses. Mais tout se tient, finalement la voix de la fille ne nous manque pas. C'est le portrait de la mère qu'on nous fait. la fille n'est qu'un prétexte. Un prétexte à l'intimité, à la vérité. On donne consistance à une femme ordinaire en fait.
Qui s'intéresse à une femme solitaire de 63 ans ? A sa quête de la vie amoureuse ? à ses changements d'humeurs ? à ses méchancetés ? ses maladresses ? sa dépression ? Et bien l'auteure. Et nous lecteur, qui reconnaissons certaines attitudes, certaines répliques, certaines postures. Cette femme c'est un peu nôtre mère, grand-mère, tante, voisine, ou nous-même, maintenant ou dans le futur, complètement ou en partie, pas du tout ou en contradiction.
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Une mère en montagnes russes. Tour à tour amoureuse, cancéreuse, anxieuse, chieuse, mielleuse, odieuse, affectueuse, soucieuse ou épineuse.
On reconnait forcément un peu de nous dans celle qui décroche et un peu de nos parents ou grand-parents (ceux que nous serons nous aussi un jour), dans celui qui appelle. D'un paragraphe à l'autre, on oscille entre la tendresse, le rire et l'offense sans jamais avoir le tournis. Et comme sur le grand 8, lorsque tout s'arrête, on en redemande.
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Carole Fives nous donne envie de mieux la connaitre Charlène cette « femme au téléphone ». Dès les premières pages, nous sommes à ses côtés, à l'écouter qui parle, qui séduit, qui demande, qui espère, qui râle, qui se fâche, qui souffre, mais qui reste terriblement optimiste et moderne y compris dans ses craintes et sa maladie, face aux années qui passent, ou dans la relation avec ses enfants et petits-enfants.
C'est la vie qui se déroule sous nos yeux, ou plutôt nos oreilles. Et l'on s'imagine à l'autre bout du fil, à la place d'une fille contrainte à l'écoute attentive de cette mère parfois envahissante.
Voilà un roman qui questionne sur la vie et le temps qui passe et l'importance de la famille. J'ai aimé le style envolé et réaliste de cette « femme au téléphone », roman pas si léger que ça, même s'il est écrit avec une forme de légèreté rafraichissante.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Pour moi qui ai tendance à choisir mes lectures au hasard d'un titre accrocheur ou d'une belle couverture, ce dernier roman de Carole Fives, "Une femme au téléphone" ne pouvait m'échapper. Colorée et fleurie – j'adore les rhododendrons – la première est très réussie…

… Et le roman aussi. Petit fascicule de 99 pages, je l'ai lu à la vitesse d'un cheval au galop d'abord parce qu'il est court, mais aussi grâce à son écriture vive, énergique, mordante qui m'a entraînée page après page et presque, je dois l'avouer, essoufflée. Il s'agit d'un monologue, les appels téléphoniques incessants d'une mère – la soixantaine – à sa fille, bientôt "quadra".

La différence entre l'apparente légèreté de certains propos qui porte plutôt à rire tant c'est outré – une mère qui harcèle sa fille, se plaint du manque de nouvelles, du frère, de son petit-fils, mal élevé, du chien des voisines qui ne cesse d'aboyer, et des hommes qu'elle rencontre sur nombres de sites auxquels elle s'abonne comme on s'accroche à une bouée – et la profondeur des problèmes abordés. J'ai, en effet, beaucoup ri, mais souvent… jaune.

Car, petit à petit, derrière ces problèmes de la vie quotidienne, se dessinent la maladie, la solitude, l'hôpital, les difficultés relationnelles. Pour agaçante, ennuyeuse, toxique même qu'elle soit, cette mère m'a touchée. Non, je ne m'y suis absolument pas reconnue, déjà je n'ai pas de fille. Mais elle m'a touchée par cette difficulté à aimer, à comprendre, à s'aimer aussi. Ses coups de griffes, de gueule, ses réflexions à l'emporte-pièce ne traduisent-ils pas la douleur, la soif de plaire sans y parvenir, le désir de se sentir vivre, de recevoir ce qu'elle n'est pas capable de donner. En ne nous donnant pas à connaître les réponses de la fille l'auteur nous permet aussi d'imaginer, de répondre, d'argumenter ou… de nous taire.

J'ai aimé la construction originale, le ton juste, les phrases courtes et saccadées qui donnent du rythme au texte et rendent compte à merveille du tourbillon mental dans lequel vit la mère. Elle ne cesse de décortiquer, critiquer, affirmer tout et son contraire. Et la fille dans tout ça… on doit, on peut comme je l'ai déjà dit, l'imaginer, répondre à sa place ou observer un même silence. Mais mère et fille, fille et mère, je garde en moi cette harangue comme une blessure : celle d'une mère malheureuse – le malheur rend parfois méchant – et d'une fille dont on peut imaginer, l'exaspération, la douleur, le chagrin… ou pas.
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Un livre très étonnant. Il oscille constamment entre le burlesque et le pathétique.
On espère le plus sincèrement du monde, pour la narratrice/auteure, que ces retranscriptions des monologues téléphoniques de sa mère vieillissante ont été quelque peu «chargées ».
Au demeurant, qu'est-ce que c'est drôle!

Et qu'est -ce que c'est triste!
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J'ai assisté il y a peu à une rencontre avec Carole Fives, pendant laquelle elle a lu de larges extraits de ce texte, avec une mise en scène simple et efficace. Une sonnerie de téléphone rythmait la lecture. J'avais adoré. J'ai donc mis la main sur le livre… Il s'agit d'un roman téléphonique (écrit comme un roman épistolaire, mais au téléphone). Nous n'aurons d'ailleurs, tout au long du roman, qu'une partie des conversations téléphoniques, celles de Charlène, la soixantaine, cette femme au téléphone qui la plupart du temps se sent seule, malade et qui harcèle sa fille. Les réponses ne nous sont pas données mais l'imagination est capable de les retranscrire sans problème. Et parfois d'ailleurs seul le répondeur enregistre. le personnage m'a émue. A la fois touchante et toxique, Charlène alterne pourtant les caresses et les reproches, telle une véritable douche écossaise. C'est un roman sur la solitude et la culpabilité, sur les choix de vie, mais aussi sur une certaine misère humaine… Charlène cherche l'amour sur internet, fustige ses enfants, et traverse pour autant l'épreuve du cancer avec un certain courage. Carole Fives nous renvoie à ce qu'il y a d'imparfait en nous, à nos attentes, mais aussi à notre manière de traiter notre entourage. En ces jours un peu troublés, comment communiquons nous ? Comment téléphonons nous ? Quels sont nos rapports avec nos proches ? Carole Fives nous a déclaré en rencontre, qu'il y avait un peu d'elle, et un peu de sa mère aussi dans ce personnage. A quel point sommes nous donc des Charlène en puissance ? J'ai sans doute préféré la version abrégée et auditive de la rencontre avec Carole Fives mais c'est un livre qui interroge et émeut, et fait aussi beaucoup sourire.
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