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3,46

sur 170 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai savouré ce tout petit roman, c'est du sucre d'orge sur un cactus, c'est d'une ivresse absolue.
Les pépiements de cette maman, un vrai régal, elle déploie une énergie folle à centrer tout autour de son petit nombril.
Méchante, Charlène ? Oh juste un poil, elle se défend, surtout maniaco-dépressive. Un peu casse-couille selon le fils, Charlène se défend, elle n'a pas eu des parents qui l'ont aimé. Comment aimer ses enfants quand on ne l'a pas été soi-même...

Tantôt sarcastique, terriblement égocentrique, toxique à souhait, tantôt elle se montre émouvante Charlène. Alors oui, elle ne parle que d'elle et ne se soucie guère de sa fille à l'autre bout du fil, mais ses discours sont drôles, entre le risible et la grande perspicacité sur le monde.
Quand Charlène n'est pas au téléphone, elle est sur les sites de rencontres, c'est jubilant tous les abrutis en mal d'amour qu'elle peut apercevoir sur son écran.
« Je me suis mise sur AdoptUnType. Tu ne payes rien et en plus tu vois les autres femmes, enfin, tu vois la concurrence. Il y en a une qui a écrit « j'ai besoin d'aide ». Carrément. Un sourire, un regard, c'est peut-être le début d'une belle histoire. Une autre qui s'appelle Bienperdue, elle demande qu'on lui fasse un petit signe. Elle est encore pire que moi, celle-là. Et elle : Aimez-vous les uns les autres, non mais, elle ne veut pas qu'on tende l'autre joue non plus ? C'est terrible tout ce que tu lis ici, terrible ».

Charlène n'a donc pas sa langue dans sa poche, elle s'exprime comme elle l'entend, et Carole Fives signe un roman à la plume roucoulante, cocasse, sensible, une plaidoirie idéale anti morosité.
Une mère comme Charlène, on ne la souhaite évidemment à personne, mais qu'est ce qu'elle est drôle !
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Charlène appelle sa fille, le matin, le soir, la réveille, l'envahit, l'ennuie, la culpabilise, la dispute, la manipule, et recommence. Elle déverse son spleen – celui d'une femme ordinaire, solitaire et sexagénaire. La beauté s'enfuit, le regard des hommes change, la maladie s'affronte, la solitude pèse. Et puis il y a la petite retraite, la copine, les autres, les rencontres, l'hôpital, les souvenirs. La jeunesse s'envole charriant les soucis ; Charlène est incomprise, se sent négligée, même abandonnée. Elle voudrait qu'on l'écoute, elle qu'enfant on n'écoutait pas, qu'on lui prenne la main et qu'on l'aime. L'amour, elle en a donné et si peu reçu. Elle peint, tricote, surfe sur Tinder ou Adopte-un-mec et appelle encore. A qui d'autre pourrait-elle tout raconter ?

Le portrait est caustique et pourtant attachant. Derrière la mère se dessine la femme. Ses malheurs, ses tracas, sa vie qui se sauve, la peur au ventre. Ses mots sont cruels et assassins, tendres et aimants, ils passent de la vacherie à la gentillesse, comme les humeurs qu'elle ne maîtrise pas. Charlène est humaine, fragments assemblés de son histoire.

Ces bribes de conversation au son des dires de Charlène (et des réponses que l'on imagine de sa fille) s'étirent et résonnent sur des lectures que j'ai pu faire : « Rien ne s'oppose à la Nuit » de D.de Vigan, « Fugitive parce que Reine » de V.Huisman ou même « Eparse » de L.Balavoine. Les mères décrites sont toxiques, bi-polaires, engendrent des souffrances mais demeurent avant tout des femmes malheureuses qui font au mieux avec leurs propres difficultés. Des femmes qui finalement disparues manquent terriblement à leurs filles.

Cet écrit ne m'a pas fait rire comme B. Pivot (qui l'écrit sur la 4ème de couverture) mais m'a beaucoup émue.

Par ces appels téléphoniques se tracent toute la complexité des relations mère-fille, l'amour, la féminité, la vieillesse, la maladie.
Des mots d'une grande finesse.


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« C'est à quelle heure, déjà ? Il faut vraiment que ce soit toi pour qu'on mette France Culture ! Tu stresses parce que tu passes à la radio ? Mais il n'y a pas de quoi. Tu te fais un monde avec ça alors que personne n'écoute. C'est pas RTL tout de même. »
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Par petites touches chronologiques on assiste à la transcription des appels téléphoniques d'une mère à sa fille. Charlène a la petite soixantaine, vit seule, a beaucoup de mal à supporter les autres mais tout autant à s'en passer. Elle pourrait être très attachante car on sent bien sa grande pulsion de vie (elle est inscrite sur des tas de sites de rencontres en ligne, elle va au concert, sa meilleure amie a dix ans de moins qu'elle) mais son discours ultra culpabilisant et ses continuels chantages affectifs sont rédhibitoires, en ce qui me concerne. Aussi fascinant qu'effrayant (pour les parties où il serait facile de se reconnaître – ou craindre de verser), ce roman se lit d'une traite et on s'amuse paradoxalement beaucoup.
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« Il faut me pardonner maintenant, je suis vieille aussi. Il faut évoluer. Et puis tu ne vas pas si mal ma fille : des fois je te vois, tu ris de bon coeur. »
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Si la plume de Carole Fives était une personne, elle serait douce et pleine de caractère. A son écoute, l'auditeur serait attentif, l'écoutant consciencieusement, puis deviendrait admiratif devant la justesse et le rythme de ses phrases.

Et c'est exactement ce que l'on ressent en la lisant, en découvrant ce court roman qu'est Une femme au téléphone.

En tant qu'artiste, l'autrice prend les mots, comme des couleurs et matières, prête à créer son oeuvre d'arts. Elle les assemble à sa façon d'une manière originale, presqu'unique. Distribuant au lecteur, avec une simplicité efficace, une multitude d'émotions à la fois douces et fortes.

Dès la première page du roman, on fait ainsi la connaissance d'une femme, d'une mère. On lit ce qu'on l'on pourrait écouter : ses conversations téléphoniques avec sa fille, les messages qu'elle lui laisse sur son répondeur… En quelques instants, face à ce dialogue à sens unique, on rentre dans l'intimité de cette femme, on écoute ses paroles, on rit, on la plaint… On ressent sa solitude, on comprend ses envies, on entend ses regrets…

Mais, c'est aussi une drôle de femme que l'on rencontre. Une mère aux paroles redondantes, qui se contredit de temps à autre. Une femme désirant vivre avec son temps, qui nous dévoile autant de situations plausibles que loufoques.

Mais, c'est aussi une drôle de femme que l'on rencontre. Une mère aux paroles redondantes, qui se contredit de temps à autre. Une femme désirant vivre avec son temps, qui nous dévoile autant de situations plausibles que loufoques.


Un roman que je vous conseille vivement !
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Au bout du fil, il y a une femme, Charlène, la soixantaine solitaire. Une mère envahissante, qui s'insinue dans l'existence de sa fille par ses messages intempestifs, des conversations dont nous ne connaissons que son discours à elle. Quand il y en a, les réponses n'apparaissent qu'à travers le filtre qu'impose Charlène, si bien que sa fille semble ne s'inscrire qu'en creux, comme creusée, justement, par les remarques corrosives de sa mère. Ecorchée de solitude, celle-ci raconte les sites de rencontres, les hommes qui ne rappellent jamais, la maladie, les souvenirs amers, les jours qui s'écoulent et la vie qui s'écroule. Elle tire sur toutes les ficelles qui peuvent provoquer l'attention de sa fille, peut-être rien que pour être sûre d'exister encore pour quelqu'un. Elle parvient même à être blessante en gardant l'excuse de vouloir rassurer : "Tu stresses parce que tu passes à la radio ? Mais il n'y a pas de quoi. Tu te fais un monde avec ça alors que personne n'écoute.". On sourit, on rit mais d'un rire noir...
Il y a quelque chose d'obsédant dans ce quasi-monologue qui joue sur tous les registres de l'affectif et du sentiment de culpabilité. Toujours borderline, agaçante, blessante, cruelle, maladroite, mais aussi pathétique et émouvante, elle nous donne envie de lui raccrocher violemment au portrait et juste après de la prendre dans nos bras pour la consoler, pour rassurer cette ancienne petite fille qui rêve de devenir l'enfant de ses propres enfants.
Charlène, c'est "L'ogresse en pleurs" de Valérie Dayre, celle qui a tellement faim de vie et d'amour qu'elle fait tout à l'envers et dévore ses enfants par amour et effroi. Carole Fives lui donne une voix inoubliable, une voix qui transperce de multiples piqûres à la cicatrice incertaine. On l'imagine tellement cette mère qui use et abuse ! On croit tellement l'entendre qu'il nous vient comme une hésitation au moment de décrocher le téléphone. Et l'on imagine sa fille aussi, forcée de se dépatouiller dans un tel écheveau d'amour, de rejet et d'hostilité. C'est l'une des grandes forces du formidable roman de Carole Fives que de nous laisser prendre place aussi bien à un bout du fil qu'à l'autre.


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Une mère parle à sa fille au téléphone. Elle est bipolaire, aura pendant un temps un cancer, enchaîne les rencontres sur des sites internet et les sautes d'humeur... Ce dialogue téléphonique est criant de vérité, je pense même que ce texte pourrait être adapté au théâtre et faire une très belle pièce. Un seul regret : que ce roman ne dure que 100 pages.
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Charlène à 63 ans (58, c'est mieux pour Meetic). Quand elle ne cherche pas l'âme soeur sur les réseaux sociaux, quand elle ne soigne pas son cancer, ou qu'elle n'est pas à l'hôpital psychiatrique pour sa bipolarité, elle passe son temps au téléphone avec sa fille.

Ce sont ses messages, ses conversations que Carole Fives nous livre. Seules ses paroles sont mentionnées, les réponses de sa fille ne sont jamais citées.

La suite de ma chronique sur le blog, lien ci dessous
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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"Une femme au téléphone" de Carole Fives
Éditions Folio
Parution le 12/01/2017
104 pages
Note : 10/10

Allo, Charlène, c'est Moi, Elisabeth. J'espère que vous allez bien. C'est à mon tour de vous appeler. Vous, l'addict du téléphone. Pour prendre de vos nouvelles et surtout vous dire combien j'ai aimé écouter vos appels à votre fille. Oui j'étais là ou plutôt je vous ai emmené avec moi.
J'étais bien cachée, dans les pages du livre de Carole Fives, où j'ai pris un immense plaisir à vous rencontrer.
J'ai ri, j'ai souri, j'ai été émue et touchée en fonction de vos annonces téléphoniques. Je vous trouve très perspicace et ce, malgré ce qui vous arrive.
Parfois je vous ai aussi trouvée un peu dure avec votre fille... même si, dès l'appel suivant, c'était comme si rien ne s'était passé.
Un des tours de force de ce petit livre, un condensé puissant, est justement cette capacité de Carole Fives à nous faire traverser plusieurs sentiments, à travers Vous, votre regard, vos paroles, vos pensées... et votre recherche acharnée d'aventures 😉.
C'était super, c'était sympa, je suis ravie de vous avoir connue et d'avoir partagé ce petit temps avec vous... un peu trop court à mon goût !
Très chère Charlène, prenez soin de vous et si l'envie se fait sentir, chuchotez donc à l'oreille de Carole pour qu'elle vous fasse revenir dans une prochaine oeuvre 🤞

https://littelecture.wordpress.com/2022/06/30/une-femme-au-telephone-de-carole-fives/
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L'histoire : Charlène a la soixantaine, elle est un peu perturbée, surtout qu'elle vient d'apprendre qu'elle a un cancer. Elle est mère et grand-mère, et ce roman va nous exposer sa vie sous la forme de ses réponses au téléphone à sa fille. Et uniquement ça.



Mon avis : passionnant et drôle ! J'aime beaucoup la façon dont on découvre la vie de Charlène, uniquement avec son son de cloche, et dans toute la splendeur de ses perturbations psychologiques. Relations un peu particulières avec sa fille, dont la patience a l'air sans bornes. J'ai beaucoup ri en lisant ce livre, tant ce style de personnage est bien peint, criant de vérité, crédible à 100%, je pourrais même donner des noms ! Et comme dans tout ce que j'ai lu d'elle jusqu'ici, j'adore la façon délicate qu'a l'autrice de nous présenter des situations ordinaires, ou des personnages ordinaire sous un angle neutre ou presque, sans grossir le trait, sans tourner en ridicule ses personnages, sans les juger non plus. Libre à nous, lecteurs, d'en faire ce que bon nous semble, Carole Fives est là comme offreuse d'histoire. Et j'adore ça !
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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On lit une conversation téléphonique de l'auteure avec sa mère jeune sexagénaire à qui on vient de diagnostiquer un cancer mais seule la conversation du côté de la mère est retranscrite et j'ai trouvé ce procédé narratif inventif très réussi.
Dans ce long monologue qui montre bien que la mère prend toute la place, l'auteure dépeint un personnage drôle et truculent, au verbe fort qui utilise beaucoup le chantage affectif et qui fait preuve d'une mauvaise foi manipulatrice plus ou moins subtile. La méchanceté, les piques dirigées contre l'auteure ne sont que rarement suivies de réaction: "Répète-moi ça? Enceinte? Et tu vas le garder? Mais qui va te le garder?"
On est en présence d'un texte-miroir qui reflète, sans commentaire apparent, de façon brute la personnalité d'une mère manipulatrice, perverse narcissique. Cependant, la réponse muette de l'auteure apparaît habilement en filigrane quand elle fait se cotoyer des paragraphes où sa mère se contredit sur son besoin/ rejet des hommes qu'elle traque sur les sites de rencontre et aussi sur son amour/ absence d'amour envers ses enfants et petits-enfants qu'elle préfère voir via Skype "comme ça quand on les a suffisamment vus, il suffit de se déconnecter."
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