Kililana Song, tome 2

J'ai préféré ce tome au précédent. Tout prend forme et trouve sa place dans le récit global.
On voit évoluer les personnages, Lamu et tous ces destins croisés de la vie quotidienne. Parfois certains éléments ont plus d'importance que d'autres. Mais chacun joue son rôle pour nous apporter un petit détail, un élément, un éclaircissement, dans la trame de la vie.
Je trouve aussi ce tome un peu plus engagé. La spiritualité, les croyances, la religion, la politique, le pétrole, l'écologie... Des sujets très actuels.
Les personnages sont toujours aussi nombreux et variés. On ne peut pas s'attacher à tous. Mais Naïm est très touchant. Sa narration contient toujours une sorte de poésie, de douceur, de naïveté mais aussi de ce sens de la réalité.
Je trouve aussi les dessins améliorés. L'auteur a toujours le même style bien sur mais les visages sont plus précis, les couleurs plus aboutis. Les paysages sont très beaux. Et quelques planches sont presque mystiques.

Naïm est sur un bateau qui l'emmène vers un autre monde. Son frère le recherche partout sur Lamu, proche du Kenya. La vie change considérablement avec l'arrivée des blancs et de leurs grands projets. Les autochtones connaissent une misère grandissante. Jusqu'au cela va aller?

Naïm et le vieux Mzé naviguent sur les eaux qui déferlent. Serais-ce l'esprit de Liongo Fumo qui guide le bateau? Les religions monothéistes cotoient à distance les mythes qui perdent du terrain de croyance. D'ailleurs, le vieux Mzé n'est-il pas le dernier à vénérer ce géant? Naïm va entrer en contact avec lui lorsqu'il dérivera dans la mer. Cela va t'il modifier sa vie et celle des habitants? Les habitants auraient besoin de changer surtout depuis l'arrivée des blancs qui détruisent leur faune et leur flore. Parfois, une petite chose peut avoir de grosses conséquences.

J'avais hâte de lire la suite après la lecture du premier tome. Je voulais savoir ce qui était arrivé à notre petit héros, Naïm et comment allait-il rencontrer ce fameux esprit. Bien entendu, je m'étais fait des histoires et voilà que la déception arriva vite, puisqu'il ne se passe pas grand chose. Il y a une dénonciation de la présence des blancs qui détruisent tout au bénéfice de leur argent sans prendre en compte les habitants. Les dessins sont toujours aussi beaux et travaillés mais l'histoire est beaucoup moins aboutie. Je ne m'attendais pas à une telle fin. Que devient l'esprit et comment grandi Naïm? L'amour va t'il vraiment triomphé des croyances? Je ne le sais pas malgré un épilogue. Je me suis sentie un peu frustrée.

Je m'attendais à une apothéose et la déception a été très grande quand l'histoire au final n'avait pas de vraie fin. J'aurais préféré lire un récit de voyage et non un récit imaginaire qui aurait pu être plus intriguant et passionnant. Un voyage au Kenya qui mérite d'autres découvertes.
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Le premier tome de « Kililana song » m'avait laissé un sentiment mitigé. J'avais été capté par l'ambiance, le dessin et cette chronique de la vie sur un archipel du Kenya. Mais le fil rouge, le liant de l'ensemble me semblait encore bien ténu. Ça tombait bien, la fin de la première partie commençait à relier les histoires entre elles. L'occasion d'un final réussi ? La seconde partie clôt le dyptique en 130 nouvelles pages. le tout est publié chez Futuropolis et réalisé par Benjamin Flao.

Le personnage principal est Naïm. Embarqué sur une embarcation de fortune à son insu par un vieil homme, il va être mis devant les croyances ancestrales de la région. D'autres intrigues se développent : un navigateur, un expatrié drogué, un investisseur, une prostitué, un vieil homme drogué lui aussi, un frère bigot… Benjamin Flao n'est pas avare d'intrigues et de personnages, au point de diluer un peu l'intérêt. À multiplier les histoires, il nous perd dans les méandres de son scénario.

L'histoire de Naïm, plutôt drôle, prend ici un tour fantastique. Beaucoup de discours et beaucoup moins d'action. Sur terre, les intrigues avancent plus ou moins sans que l'on sache trop vers où l'on va. Et à la fermeture de l'ouvrage, on constate que certaines histoires ne sont pas vraiment refermées et disposaient d'un intérêt finalement limité. L'auteur s'est clairement éparpillé. Il faut dire qu'avec 250 pages au compteur, il y avait de quoi faire. Mais en se concentrant sur son sujet, l'ouvrage aurait certainement été plus lisible. Là, on a presque l'impression de suivre des histoires parallèles sans véritable lien entre elles.

Reste une chronique sociale particulièrement dépaysante. On retrouve une ville de pêcheur avec tous les aléas de ce genre d'endroits. Alors que le lieu ne paraissait déjà pas folichon, voilà que l'on parle de l'industrialiser. Benjamin Flao ajoute sur le tard une veine écologique à son ouvrage.

Si le dessin était indéniablement le point fort de la première partie, c'est toujours le cas. Plus encore, Benjamin Flao varie les techniques pour donner un résultat plus diversifié selon les situations. Reste la lumière, la chaleur, que l'on ressent sur les peaux des personnages. Sa représentation des épisodes fantastiques est remarquable, de même que celle de la tempête qui sévit dans l'ouvrage. du grand travail.

« Kililana song » me laisse un goût d'inachevé. La chronique du lieu et l'atmosphère qui s'en dégage est vraiment remarquable, mais le fil rouge manque d'intensité et de clarté. Certaines intrigues finissent trop rapidement (voir restent des impasses) et l'épilogue est un peu tiré par les cheveux. Une oeuvre symptomatique de l'époque : beaucoup de pagination et une difficulté à la concision. Dommage.