Kililana Song, tome 2

Si vous voyez ces deux magnifiques couvertures de "Kililana song " je vous invite à les lire illico presto.
Je reconnais la patte de Flao aux traits fins et aux couleurs sublimes en ayant lu "La ligne de fuite" qui convoquait Rimbaud.
Le talent de l'auteur outre les dessins d'une forte puissance évocatrice comme les mers déchainées qui n'ont rien à envier à celles d'Emmanuel Lepage est dans les portraits typés des habitants de Lemu au Kenya.

Naïm, jeune garçon de treize ans se débrouille pour subvenir à ses besoins. Gavroche africain qui déteste l'école et la fuit comme si un démon était à ses trousses, Naïm se balade parmi les trafiquants de drogue, les prostituées, le surfeur jouisseur et les touristes dupés.
La tradition orale d'un récit swahili évoquant le géant Liongo Fumo et la vie quotidienne à Lamu sont une réussite plongeant le lecteur dans la réalité et le fantasmagorique.
J'ai aimé ces deux versants de l'Afrique ainsi que le réalisme des paysages d'autant plus que je reviens de Zanzibar.
Mais où est passé le tome 3, je ne vois qu'un intégrale!

Le premier tome était tout en tendresse, en torpeur, en déambulation dans les rue de ce petit port. Ici tout va s'emballer, s'accélérer, la naïveté du premier tome va disparaître, pour finir en apocalypse. le graphisme est toujours aussi beau, et il devient, avec l'intensité dramatique grandissante, plus lyrique. le changement de ton se sent aussi au niveau du graphisme. le fantastique s'insinue dans la trame, sans tomber dans la caricature, l'histoire prend une autre dimension, c'est une montée en puissance, préparée avec talent dans le premier tome. On est surpris par l'ampleur que prend la tournure des évènement. Naïm est un petit héros magnifique. L'équilibre entre le réalisme naturaliste et le fantastique est parfait, sans doute parce que servi avec classe et dignité par le graphisme. J'ai été ébloui par cette bande dessinée.

J'avais mis la main, par hasard sur le tome 1 de cette BD.... je ne pouvais pas sortir de ma médiathèque sans le Tome 2. Pourtant, cela n'était pas très sérieux compte tenu de la pile de livre que j'ai déjà à lire. Mais la couverture de ce tome 2 est encore plus accrocheuse que celle du premier.
La suite de l'histoire n'est pas plus réjouissante que dans le tome 1, et malgré une happy-end pour le personnage principal, cela semble bien fragile.
Mais au niveau des dessins, j'en ai encore pris plein les yeux.

Ici s'achèvent les aventures de Naïm, ce jeune garçon roublard qui sait si bien mener sa barque. Fin de l'aventure pour Günter, cet ancien mercenaire, capitaine de bateau débarqué au port et enlevé dans des circonstances étranges. Arrêt des jeux pour Hassan, obnubilé par sa religion et qui cherche à assurer sa place dans l'au-delà. Terminus pour le gardien, qui doit mener son géant vers sa dernière sépulture...

Ce second et ultime tome s'achève brillamment. Les illustrations sont toujours plus féeriques, elles nous enivrent et nous entraînent dans les aventures de nos protagonistes. Toujours à la limite du fantastique et du réel, comme le sont les contes africains.

Petit pincement au coeur, je serais restée bien plus longtemps en leur compagnie... Superbe BD à lire d'urgence ! Énorme coup de coeur.

Une seconde partie haute en couleur !

Les choses bougent à Lamu. Naïm a disparu. Jahid, le petit trafiquant s'est fait voler son bateau et sa marchandise. Que se passe-t-il donc ?

Accélération incontestable du scénario, tout s'emballe. Jusqu'ici l'intrigue était assez plate. le tome 1 dressait un état des lieux et nous avait présenté surtout les personnages.
L'archipel de Lamu, c'est un peu l'île de la tentation. Chacun veut une part du gâteau, Jahid, les promoteurs immobiliers, les expatriés, Suzy et ses copines, les islamistes... Et au milieu de tout cela le jeune Naïm ...
Le scénario prend beaucoup d'ampleur. On suit successivement Naïm, Jahid, le capitaine Günter, Jean-Philippe en manque, Hassan le grand frère...
Et les promoteurs qui débutent leurs travaux au grand désespoir des habitants.

Mon avis

Il y a de l'aventure, ça bouge. C'est palpitant. Drogue, prostitutions, promoteurs véreux, djihadistes, une panoplie un peu sombre mais c'était sans compter sur l'auteur qui nous offre en parallèle des pages magnifiques emplies de poésie, de croyances comme l'arbre sacré, sépulture ancestrale du corps géant de Liongo Fumo qu'Ali, le vieux sage protégera coûte que coûte.
La fin est magistrale avec des planches sublimes.
Une bande dessinée à découvrir avec un tome 1 en mode touriste contemplatif qui découvre avec plaisir et curiosité. Et un tome 2, plus réaliste, plus investi, qui donne à réfléchir. Argent, progrès, mais à quel prix ?
L'auteur s'est inspiré de ses nombreux voyages sur cet archipel. On sent tout son amour et son respect pour ce lieu et ses habitants.

[Cette critique couvre les 2 tomes]
Inutile de tergiverser, cette histoire en deux tomes de Benjamin Flao m'a proprement épaté. le premier tome pose les personnages (nombreux), le lieu, les intrigues (qui semblent de prime abord à côté les unes de autres) et surtout offre un dessin très réussi. Benjamin Flao sait jouer sur les couleurs pour créer les ambiances et s'affranchir d'un découpage trop classique pour s'emparer de tout l'espace dont il a besoin. le personnage de Naïm semble être au coeur du récit mais on comprend très vite qu'il y a bien d'autres choses qui se jouent, que le paysage est plus complexe. le deuxième tome confirme cela : les destinés individuelles permettent de découvrir les différentes facettes d'une histoire d'ensemble où tout a un sens. Chacune des péripéties, qu'elles soient mystiques, violentes, amoureuses, politiques, économiques montre la diversité d'une communauté humaine attachée volontairement ou non, temporairement ou pas, à un lieu. Et le dessin de ce second tome prend une dimension encore plus fascinante : il continue à s'emparer des pages en fonction du besoin mais il est aussi mouvant. Benjamin Flao n'hésite pas à changer de style de manière radicale en fonction de ce qu'il a à raconter et c'est magnifiquement réalisé.
Bon, il faut savoir arrêter les superlatifs et être concis : sur le fond et sur la forme, c'est une formidable BD !

Dans le premier "Kililana Song", l'histoire s'installait à un rythme très particulier, nous présentant sereinement les acteurs, et les enjeux économique de la région de Lamu un archipel du Kenya. Benjamin Flao poursuit remarquablement la trame de son scénario, car la fin d'une ère est proche, les événements s'entrecroise et s'accentue, les personnages prennent de l'épaisseur et la narration se complique.
Au-delà de l' étrange aventures qui nous est conté, se dépeint une réflexion sur l'intégration du monde moderne dans les castes traditionnelles. L'auteur nous intègre d'avantage dans le for intérieur de cette fable, une ribambelle d'individus, évoluent dans des situations qui s'entrelacent, associé à une maîtrise totale du dessin participant pleinement à la réussite de cet excellent titre.
De multiples saynètes sont illustrées par des aquarelles fascinantes sublimant l'éclairage et les songes, pigmentés et agrémentés d'un fougueux trait de plume contribuant à la légèreté et à la justesse du propos.
Benjamin Flao termine cette fascinante histoire qui prend le temps de vivre et de s'éloigner des sentiers battus, en mêlant l'agréable naïveté à la funeste férocité d'une chronique social.

Nous retrouvons Naïm et ses proches sur l'archipel de Lamu. Ce deuxième volet tient ses promesses. Les enjeux s'affirment autour de la construction d'un complexe touristique et d'un port, du trafic de drogue et du sauvetage improbable de la dépouille d'un aïeul géant. Benjamin Flao nous livre un conte africain beau et moderne, avec des planches tout simplement magnifiques, flirtant avec le conte et le fantastique.

Le vieil Ali embarque Naïm dans les anciennes croyances car il est le dernier descendant des gardiens de l'arbre sacré qui veillent depuis des siècles sur le corps du géant Liongo Fumo.
De belles planches où se heurtent les traditions des ancêtres et les nouveautés apportées par le tourisme des occidentaux.

Naim se retrouve embarquer dans une drôle d'histoire. Il reprend conscience dans le bateau de Jihad son ami mais, accompagné d'un vieil homme dernier gardien du corps de Liongo Fumo. Les occidentaux eux ont décidé de construire un gros complexe hôtelier à l endroit même où se situé le corps du grand guerrier.
Toujours aussi plaisant à regarder tellement les dessins sont aboutis et les couleurs vives. le travail de Benjamin Flao est pour moi magistral sur l ensemble de l oeuvre, aussi sur la partie scénario que la partie graphique. On retrouve un peu un Tom Sawyer africain avec ce jeune Naïm comme l indiqué le dos de couverture. Au passage la première de couverture est magnifique avec un dégradé de bleu, turquoise.