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Critique de Eve-Yeshe


Il s'agit d'un recueil de correspondances échangées par Gustave Flaubert et ses « amis » au fil de sa vie, de son évolution, de son oeuvre, regroupées par Thierry Gillyboeuf, accompagnées de dessins de Daniel Maja aux éditions « le Castor Astral ». Ce livre est déjà un petit bijou par sa présentation, sa mise ne page, les dessins en noir et blanc ressemblant à des caricatures qui donnent du cachet à cet ouvrage. Donc un bel objet.

« le gueuloir réunit les principales fulgurances glanées dans la correspondance de Gustave Flaubert. Les femmes, les bourgeois les gens de lettres, l'Art, la morale, la politique, la religion : en grand pourfendeur de la bêtise, l'Excessif (tel qu'il aimait à se surnommer lui-même) n'épargne personne. Ripailleur et tonitruant, il se montre tout autant épris d'absolu que sensible jusqu'à la mélancolie», nous annonce la quatrième de couverture.



Ce que j'en pense :



Ces perles tirées des "correspondances" sont classées par ordre chronologique et s'étendent du 13 septembre 1838 au 3 mai 1880 et s'adressent à différents personnes. Elles sont accompagnées d'illustrations proches de la Caricature qui leur donnent du relief.

Tout d'abord, quelques mots sur le titre, "Le Gueuloir": Flaubert s'enfermait dans une pièce de sa "boîte" du Croisset qu'il arpentait de long en large en récitant, en grondant les phrases qu'il venait d'écrire pour mieux se les approprier, les améliorer.

On trouve ainsi Ernest Chevalier, avec lequel il a formé un journal manuscrit «Arts et progrès », Maxime du Camp et Louis Bouilhet, qui l'ont encouragé à se lancer dans l'écriture de Madame Bovary, Laurent Pichat, Ernest Feydeau, (à partir de 1858), aux frères Goncourt (à partir de 1862).

On trouve des femmes aussi avec une privilégiée Louise Colet, jusqu'en 1857, mais aussi sa nièce, Caroline Flaubert Hamard, avec la quelle il correspondra toute sa vie, Madame Roger des Genettes, la Princesse Mathilde 1866, George Sand que l'on rencontre en 1867 sans oublier sa mère.

On croise au passage Guy de Maupassant, et même Tourguéniev

Bien sûr, j'ai eu envie d'en savoir davantage sur Louise Colet, poétesse qui a côtoyé tout le monde littéraire de l'époque, et fut la maîtresse de Flaubert alors qu'il était loin d'être connu, mais aussi celle de Vigny, Musset et d'autres encore. Leur rupture en 1856 fut douloureuse et Louise est tombée dans l'oubli, alors qu'elle a reçu le prix de l'Académie Française… (Petite digression qui ne figure pas dans le livre)

Non seulement les correspondants sont variés mais les thèmes également, il aborde aussi bien l'amour, que l'Art qu'il écrit toujours avec une majuscule, le talent, la critique, la politique, la religion…

Ce livre est jubilatoire. Flaubert a un esprit malicieux, caustique parfois, lucide, sans concessions qui me plaît énormément. Certaines phrases sont toujours d'actualité, hélas, preuve qu'on ne retient rien des enseignements de l'Histoire.

On le voit tour à tour lucide, caustique, puis survient la sphère de l'intime, qui se glisse subrepticement dévoilant un être sensible, qui se fait peu d'illusions sur ses contemporains. Il nous surprend, c'est un magicien des mots. Qui oserait écrire ainsi de nos jours sans narcissisme.

Bref, j'ai adoré le style, j'aime l'auteur donc c'était sûr que ce gueuloir me plairait. Je l'ai consommé comme une gourmandise, par petits bouts, pour bien apprécier chaque phrase, y revenir, souligner certaines. Il est assez court, 164 pages, mais d'une telle densité. C'est un peu comme manger des yeux la carte d'un chef étoilé.

Bref, je remercie vivement Masse Critique Babelio, et les éditions « le Castor Astral » pour ce magnifique cadeau que je conseille à tous de lire. Il n'est nul besoin d'aimer Flaubert pour l'apprécier, et quand on l'aime, on n'a qu'une envie le relire. Ce qui était déjà dans mes prévisions… le Castor Astral publie également "Le Candidat" et "Le Dictionnaire des idées reçues"

Note : 9,5/10
dithyrambique comme d'habitude quand j'aime particulièrement un livre
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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