Le sens de l’humour est un trait inestimable pour ceux qui aspirent à n’importe quelle forme de pouvoir.
C’est la plus belle cité du monde. C’est également pourri par les intrigues. La famille royale a plus de branche qu’un saule et ils sont sans cesse en train de comploter les uns contre les autres pour avoir une meilleure place sur l’arbre. Des complots politiques, de vieux ennemis, des amants secrets et Dieu sait quoi encore.
- Vous avez dit qu'il n'y avait plus de dragons!
- J'ai dit qu'il n'y en avait plus en Skala. Mais je les ai vus voler sous la pleine lune en hiver. J'ai dansé à la grande Fête de Sakor et goûté aux vins de Zengat. J'ai entendu chanter des sirènes dans les brumes de l'aube. J'ai marché dans les couloirs d'un palais construit en des temps immémoriaux et senti le contact des premiers habitants contre ma peau. Je ne parle pas de légende ou d'imagination, Alec, j'ai fait tout cela et plus encore, et je n'ai pas assez de souffle pour tout raconter.
Que veut dire légitime au final? dit Seregil en riant. Un roi peut être trompé si sa femme réussit à lui faire croire que l'enfant de son amant est bien le sien, ce qui n'est pas si difficile que ça. Mais tout enfant que la reine porte est le sien, quel qu'en soit le père, et par conséquent un héritier légitime.
- Ce n'était pas de la bravoure. C'est juste qu'il n'y avait rien d'autre à faire, dit Alec en haussant les épaules, d'un air gêné.
- Par Sakor, tu as donc appris le secret de la bravoure.
La plus grande partie de la chevauchée de l’apres midi se passa en échange de chansons. Et des que Seregil s’était rendu compte qu’Alec rougissait a celles qui étaient grivoises, il prit un malin plaisir a en inclure un grand nombre.
Les tortionnaires d'Asengai avaient des habitudes réglées comme du papier à musique : ils s'arrêtaient toujours au coucher du soleil. De nouveau enchaîné dans un petit coin de cette cellule pleine de courants d'air, Alec tourna son visage vers le mur dénudé et pleura jusqu'à en avoir mal à la poitrine.Un vent froid provenant des montagnes gémissait à travers les grilles au-dessus de sa tête, amenant avec lui la douce odeur de la neige à venir. Toujours en pleurs, le garçon se terra plus profondément encore dans la paille rance. Elle grattait douloureusement là où il avait été frappé et où les bleus fleurissaient sur sa peau nue. Mais c'était mieux que rien et tout ce qu'il avait.
Est ce que les morts dormaient une fois qu’ils étaient morts ? Une sorte de vestige de sa conscience vivante sentait le temps qui s’écoulait. Il y avait un changement, mais lequel ? Lentement, il se mit a ressentir la douleur mais elle était comme voilée, une sensation lointaine.
Très étrange.
Des odeurs montaient avec la douleur, l’odeur de la maladie, de l’infection, l’odeur de son corps sale qui répugnait a sa nature délicate meme s’il se réjouissait d’être capable de les discerner. Peut etre n’était-il pas mort finalement ? Il n’avait aucune explication pour son état actuel ni aucun souvenir de son passe, et a present même la souffrance disparaissait de nouveau. Silencieusement, sans pouvoir rien y faire, il souhaita qu’elle revienne, mais elle n’était plus la.
Il était seul.