Lynn Flewelling lors d'une séance de signature
C’est la plus belle cité du monde. C’est également pourri par les intrigues. La famille royale a plus de branche qu’un saule et ils sont sans cesse en train de comploter les uns contre les autres pour avoir une meilleure place sur l’arbre. Des complots politiques, de vieux ennemis, des amants secrets et Dieu sait quoi encore.
Le sens de l’humour est un trait inestimable pour ceux qui aspirent à n’importe quelle forme de pouvoir.
- Vous avez dit qu'il n'y avait plus de dragons!
- J'ai dit qu'il n'y en avait plus en Skala. Mais je les ai vus voler sous la pleine lune en hiver. J'ai dansé à la grande Fête de Sakor et goûté aux vins de Zengat. J'ai entendu chanter des sirènes dans les brumes de l'aube. J'ai marché dans les couloirs d'un palais construit en des temps immémoriaux et senti le contact des premiers habitants contre ma peau. Je ne parle pas de légende ou d'imagination, Alec, j'ai fait tout cela et plus encore, et je n'ai pas assez de souffle pour tout raconter.
- J'ai un grand-papa ? Je ferai sa connaissance un jour ?
- Non, mon chéri, ta grand-maman l'a empoisonné voilà bien des années.

"Ecoutez-moi, gens d'Ero. (...) Cette tablette n'est rien. Les mots qu'elle porte sont en revanche ceux d'Illior, et c'est la première reine d'Illior qui les a placé là. Cette prophétie se réalisera pleinement, et elle a survécu dans les coeurs fidèles, eussent-ils trahi leur devoir pendant un certain temps.
(...) Vous qui regardez le visage de Tamir, fille d'Ariani et de toutes les reines qui l'ont précédée jusqu'à Ghërilain en personne. L'Oracle ne dort pas, l'Oracle n'a pas eu de fausse visions. Elle n'enverrait pas ce signe à un vulgaire prétendant. Elle a prévu la reine que voici dès avant qu'elle n'eût été conçue, dès avant qu'Erius n'eût usurpé le place de sa soeur, dès avant que leur mère n'eût sombré dans les ténèbres. Doutez de mes paroles, doutez de ce signe, et c'est de l'Illuminateur, de votre protecteur, que vous douterez. Vous avez dormi gens d'Ero. Réveillez-vous à présent, voyez clair. La véritable reine vous a délivrer, et elle se tient devant vous à cette heure pour révéler son vrai visage et son vrai nom."
"Déesse mère, je dénoue ces points fait en ton nom, cousue la nuit de ta lune des moissons croissante, de manière à ce qu'ils puissent être sainement refaits en cette lune-ci pour protéger cet enfant-ci par la liaison d'une forme à une autre. Daigne permettre à la fille ici présente appelé Tobin de voir son vrai visage dans ton miroir. Détends-toi, là, fil tissé de lune rouge..."

Des siècles auparavant, des colons skaliens étaient venus s'installer dans les montagnes, attirés par les filons d'argent, d'étain, de fer et de plomb. (...)
Il ne dit rien de l'histoire qu'il tenait de Lhel, et selon laquelle des soldats de Skala -parmi lesquels se trouvaient des ancêtres de Tobin- avaient emprunté le même chemin pour aller guerroyer contre son peuple à elle. Pillards impénitents,; les Reth'noï étaient à l'époque de vaillants guerriers, mais ce qui les rendait encore plus forts et plus redoutables, c'était leur magie. Seuls avaient survécu les nécromanciens les plus éminents, qui s'étaient vu refouler tout au fond des montagnes. on ne les pourchassaient plus, mais ils demeuraient des exilés, loin des terres côtières fertiles qui leur avaient jadis appartenu. En s'aventurant dans leurs repaires à la recherche d'une sorcière, Iya et lui s'étaient heurtés à l'animosité tenace qui couvait toujours dans les coeurs de cette petite race noiraude.
Un couple d'hommes retint l'attention d'Alec au fil des danses. Ce n'était pas seulement leur adresse qui le captivait mais la façon dont ils semblaient s'étreindre du regard, en toute confiance, anticipant chaque figure et travaillant leurs gestes en parfaite harmonie. Il sentit sa gorge se nouer en les voyant effectuer une chorégraphie particulièrement sensuelle. Il savait sans qu'on ait besoin de le lui dire qu'ils étaient talimenios et qu'ils avaient vécu ces mouvements, cette fusion de leurs âmes pendant la plus grande partie de leur vie.
Il sentit Seregil poser sa main sur la sienne. Sans ressentir la moindre gêne, Alec la retourna afin que leurs doigts puissent s'entrelacer et laissa la musique parler à sa place.

Mourir (même pour un bref instant) prenait un long moment pour une personne. Alec et ses compagnons étaient arrivés à Gedre la nuit dernière et Alec était réussi à rester à cheval pendant qu’ils montaient du port vers la maison du clan mais il s’était évanoui dans la cour. Mydri avait lancé un regard perçant sur lui et l’avait fait amener dans le lit d’une chambre donnant sur le port. Lorsque leur hôte aperçut Sebrahn, Riagil í Molan avait or-donné que le rhekaro reste caché également. Compte tenu de l’aspect étrange de Sebrahn, Alec ne pouvait guère le lui reprocher.
Une pluie hivernale fouettait les fenêtres de la chambre et le vent gémissait dans la cheminée. Le port de Gedre était à peine visible, les bateaux qui étaient à l’ancre n’étaient que des tâches sombres dans la brume. Après leur périple tumultueux depuis Pleminar, il était plutôt agréable d’être dans un lit douillet qui ne roulait pas sous lui. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Lorsqu’il s’était éveillé, Seregil était parti pour parler, sans aucun doute, avec ses sœurs ou avec leur hôte, le khirnari.
Sebrahn s’était lové dans les coussins d’un fauteuil près de la fenêtre, regardant à l’extérieur (quoiqu’il fût impossible de le dire. Le rhekaro pouvait avoir les caractéristiques d’Alec enfant mais il était impossible de le faire passer pour un enfant ordinaire.) Ses cheveux pâles, couleur argent tombaient presque jusqu’au sol devant lui. Sa peau blanche était fantomatique dans la lumière grisâtre et ses yeux argentés avaient la couleur de l’acier. L’épouse de Riagil, Yali, avait remplacé les loques de Sebrahn par une douce tunique Aurënfay, des chausses en laine et des chaussures à sa pointure qui déconcertaient Sebrahn et il s’était empressé de les enlever. Juste comme un petit enfant l’aurait fait.
Mais ce n’était pas un enfant, n’est-ce pas ?
Arkoniel haussa les épaules. " Ils combattaient les envahisseurs. Se trouve-t-il un seul d'entre nous qui n'aurait fait de même ? Je nous crois appelés à faire la paix avec eux, maintenant, d'une manière ou d'une autre. Mais, pour l'instant, fiez-vous à moi quand je dis que nous avons besoin de l'aide de Lhel et de sa magie spécifique. Parlez avec elle. Ecoutez d'un coeur ouvert, comme je l'ai fait, ce qu'elle vous dit. Elle a des pouvoirs prodigieux.