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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman de SF certes , mais un roman historique médiéval aux r-e-m-ar-qu-ab-l-es qualités également .
Dans son genre ce texte atteint les sommets du texte phare , de référence : le grand livre et haut la main ….
Voici un roman bien construit et passionnant sur le thème du contact.
L'intrigue se déploie sur le présent ( des chercheurs ) et sur le 14e siècle.
Les deux histoires parallèles se rejoignent à la fin de façon troublante et infiniment touchante .
L'auteur est très bien documenté et c'est une vraie plongée dans l'Europe médiévale.
Les personnages sont très présents et très crédibles du fait de l'absence totale d'anachronisme.
Les extraterrestres sont jaugés par un curé de campagne délicieux et très cultivé qui va de surprises en surprises sans céder à la panique tout en frisant régulièrement le naufrage ( sourires ) .
Il y a de nombreux personnages et milieux sociaux qui sont fouillés : les villageois ... la noblesse ... l'équipage extraterrestre ....
Si on apprécie l'histoire médiévale et la science-fiction ce roman permet de passer d'excellents moments de dépaysement savoureux .
Le résultat est sincèrement très ( très ... très ) réussis .
Quelques notes n'auraient pas étés inutiles d'ailleurs , car c'est vrai que l'auteur a excessivement bien intégré le cadre juridique de la seigneurie banale et celui de la seigneurie foncière mais l'aspect médiéval n'est pas forcément à la portée de tout le monde et ce roman est le reflet d'une incontestable expertise médiévale de l'auteur qui maitrise bien la civilisation de cette époque subtile .
C'est un euphémisme de le dire ainsi que un plaisir de le constater .
Il est réellement également très au fait des stratégies et des logiques d'occupation des sols dans ces terroirs de jadis.. de leurs rendements , ... des coutumes et du droit ... etc. ... etc. ...
Il connaît bien aussi le fonctionnement des milieux universitaires de ce 14e siècle ravagé par ailleurs par les assauts de la peste noire et les ravages ponctuels des guerres privées .
L'expertise technologique du moyen Age est superbement utilisée par l'auteur ( travail du bois et de celui des métaux principalement et entre autres ).
Sans spoiler, mais un exemple quand même : à un moment du récit un des personnages a besoin d'un long file métallique et c'est un délice de constater et de découvrir les réflexions de l'artisan appelé à le réaliser ainsi que d'explorer le cadre de production et sa description .
Ce livre rappelle un peu le grand livre de Connie Willis .Un roman que j'aime beaucoup mais Eifelheillm est infiniment plus fouillé et puis il y a la dimension « contact « qui est un vrai plus ...
Mais vraiment Eiffelheim est très supérieur au grand livre , du point de vue de l'intrigue et de l'univers grâce à un sens du détail beaucoup plus ambitieux ..Les thématiques sont également beaucoup plus riches .
Le cadre mental , politique et religieux aussi , composent un véritable bijou qui sert une intrigue et un univers trépidants qui basculent de drôle à triste en passant par le dramatique et tutti quanti ...
Ce roman est un pur délice et les extraterrestres sont délicieusement étranges sans la moindre once d'anthropomorphisme ( de vrais gargouilles ) ...
Par ailleurs ils collent très biens avec le 14e siècle et les amateurs de peinture médiévale du 14e siècle feront utilement le lien avec les rares exemples de danses macabres ecclésiales qui sont parvenues jusqu'à nous !
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Excellent ! Tentée par une critique de Finitysend qui l'avait comparé au Grand Livre, je me suis jetée dessus à la médiathèque...
Le Moyen-Âge, ça vous gagne ! J'adore l'année 1348 ...On ne s'ennuie jamais avec la peste, l'inquisition, les démons, les bûchers de Sorcières, d'Hérétiques, de Juifs, de Chats Noirs ...Alors si vous rajoutez les Krenken...
Reprenons : en cette belle année du Seigneur de 1348, un phénomène inexpliqué se produit dans le petit village de Oberhochwald, forêt noire (Schwarzwald en vo). Une grande lumière en pleine nuit, des poils qui se hérissent sur la peau...Il est à peu près trois heures du matin, et le père Dietrich prépare les matines...Et puis, après un étrange et violent phénomène où le feu court sur les corps, les objets, et finit par incendier le village, tout semble s'apaiser...Sauf que dans la forêt de Manfred, seigneur d'Oberhochwald, des pèlerins étrangers, malades, peut-être lépreux ou porteurs du mal bleu (la peste ahahaha....), sont arrivés...
En parallèle, de nos jours, deux savants très performants font des recherches. Tom, historien, se demande pourquoi le lieu-dit Eifelheim, Forêt Noire, déformation de Teufelheim (foyer du diable) est inhabité et maudit depuis...1348...
Ce qui se passe au Moyen-Âge est beaucoup plus intéressant que ce qui est "contemporain", et heureusement c'est la partie la plus développée. Tout tourne autour du père Dietrich, formé à la Sorbonne par Jean Buridan, philosophe rationaliste inspiré par le thomisme, soit la tentative de rationaliser la religion grâce aux catégories logiques d'Aristote. Ces catégories logiques, qui annoncent la pensée moderne (calquée sur la pensée antique) permettent au pasteur de tenter d'appréhender ce qui se passe dans la forêt, et les voyageurs qui sont arrivés. Dietrich est un personnage extraordinaire. le lecteur est plongé dans sa pensée qui manque d'éléments pour comprendre ce qui se passe, et qui ne correspond en rien au monde qu'il connaît. Pourtant, il essaie, avec cette intelligence et ce courage qui sont ce qu'il y a de meilleur dans l'être humain. Les autres villageois sont aussi loin d'être des imbéciles. Cette rencontre du troisième type est passionnante.
Très loin de là, les historiens tentent de reconstituer ce passé qui leur échappe. Entreprise tout aussi intéressante, d'autant plus que l'auteur laisse des questions en suspens...Joachim le franciscain n'est pas le même pour les historiens et pour le passé...Qui a sculpté la fresque de la cathédrale de Fribourg où apparaît Saint Joanes...Et Saint Joanes lui-même...
Un récit original, que je n'ai pas pu lâcher ...
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Brillant !.
Je viens d'entendre, ce soir à la télé, Raphaël Doan expliquer qu'il utilise l'intelligence artificielle pour élaborer des théories d'uchronie. C'est un peu la spécialité de Tom qui établit des cartes de simulation de peuplement raccordant l'histoire avec le monde actuel, à partir des sources géographiques et historiques. Avec sa technique, il découvre qu'il manque un village dans la forêt noire du côté de Fribourg. Eifelheim aurait dû se repeupler après la grande épidémie de peste de 1349. Que s'y est-il passé à cette époque dans ce coin de montagne pour que les prévisions ne collent pas ?

Le récit se concentre essentiellement sur les évènements qui s'y sont déroulés alors. On est dans une période troublée par l'arrivée d'une épidémie, les grandes villes alentour sont touchées, et dans ce contexte, des évènements encore plus étranges vont survenir, un engin extraterrestre va s'échouer dans la forêt. Rencontre entre une humanité médiévale chrétienne et une race à l'aspect d'insectes géants.


Ne vous attendez pas à de l'aventure, du gore et du spectaculaire, c'est tout le contraire le récit aborde des thèmes historiques, scientifiques et philosophiques : la notion d'individu est différente d'une race à l'autre, il est question du sens de la hiérarchie, des croyances, de la compréhension du monde, des avancées de la science, de la communication entre les races différentes et donc de racisme. C'est très documenté sur les connaissances de l'époque, sur l'état de la religion, sur le mode de vie, ça donne à réfléchir sur beaucoup de sujets, et les personnages sont très attachant, à commencer par Dietrich, le prêtre de cette paroisse perdue, le personnage principal de cette histoire, homme à l'esprit très ouvert, qui va être au coeur du dialogue avec les extraterrestres. Ces êtres étranges vont de leur côté se poser des questions sur la religion chrétienne. J'ai trouvé le dialogue entre les deux communauté particulièrement bien imaginé, subtil, riche, et souvent surprenant et pourtant particulièrement logique.

Dans la structure du récit, on pense un peu à “Le grand livre” de Connie Willis, mais ce roman va beaucoup plus loin dans le questionnement, dans les idées, avec un aspect historique beaucoup plus poussé, scientifique aussi, c'est parfois même du hard SF. Sur certains aspects, le lecteur du XXIe siècle va se trouver parfois plus proche des extraterrestres que de l'homme médiéval dont la science est encore primitive, et par d'autres moments, ça sera le contraire car Michael Flynn a su jouer aussi sur les particularités de la nature humaine. Dans le fond, et par la somme de connaissance que ce roman distille, je me suis senti plus proche du “Nom de la Rose” d'Umberto Eco. Les auteurs de science-fiction se sont souvent cassé les dents sur l'aspect religieux, même les plus grands, tombant dans un spiritualisme illuminé comme dans “Le moineau de Dieu” de Mary Doria Russell, ici, on en est très loin, les réflexions apportées sont vraiment savantes et subtiles, Michael Flynn confronte la pensée scolastique de son héros aux circonstances, et il imagine la perception du christianisme par un esprit insectoïde, c'est du costaud, là je tire mon chapeau.

Ce roman est riche, intelligent et passionnant, un sujet un peu dingue traité avec beaucoup de cohérence, et bien écrit en plus de ça, bref, un gros coup de coeur..
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Une pépite injustement oubliée.
J'ai découvert Eifelheim en lisant une chronique de l'ami Apophis justement consacrée aux livres jamais réédités et qui pourtant mériteraient -- selon lui -- qu'on s'y intéresse de près. Après quelques semaines de patience à écumer patiemment les boutiques de chez moi et les vendeurs en ligne, j'ai trouvé une édition de poche (la couverture de l'édition grand format est, euh, vomitive), qui a pris place sur ma pile (laquelle commence à faire de l'ombre à l'Empire State Building, mais c'est une autre histoire). Bref, encore quelques semaines et voilà, je l'ai lu. Imaginez une chronique de la vie quotidienne d'un village de la Forêt Noire au haut moyen-âge, une introduction en douceur à la scolastique, une histoire de premier contact, une remise en cause argumentée de la constance de la vitesse de la lumière et le récit de l'arrivée de la peste noire dans ledit village, convoquez Guillaume d'Occam (oui, celui du rasoir) et vous aurez une faible idée du caractère exceptionnel de ce livre. Naturellement, ce qui semble sous ma plume relever d'un inventaire à la Prévert se révèle en fait une construction solide et sans faille, assortie d'un souci de la documentation et de la vraisemblance historique et scientifique digne d'un Dan Simmons.
Une vraie histoire que l'on dévore, un sens du merveilleux stratosphérique, des protagonistes que l'on quitte à regret, si vous avez la chance de tomber sur Eifelheim chez un bouquiniste, vous savez quoi faire.
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Richement documenté, intelligemment construit, enlevé et mouvementé sans jamais paraître chaotique. le style général est assez conventionnel mais le vocabulaire riche et varié et la narration joliment immersive. La fin n'en est pas réellement une mais elle conclut toutefois de manière intéressante le récit en ouvrant des portes sans pour autant laisser sur sa faim. Les personnages sont globalement attachants même lorsqu'ils sont mineurs grâce à l'utilisation d'un personnage principal bienveillant et central autours duquel s'article l'action globale même quand il n'en est que le témoin.
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Que j'ai aimé ce livre ! La venue d'êtres d'un autre espace, d'un autre temps, d'un autre univers, parmi un village de la Forêt-Noire en 1348. Les réactions des habitants selon leur personnalité, la manière d'appréhender l'Autre, la religion, la philosophie et la science. J'ai trouvé quelques similitudes avec les romans d'Umberto Eco. Evidemment les paragraphes scientifiques et leur vocabulaire abscons ma sont passés bien au-dessus de la tête mais sans jamais gêner ma compréhension, sans diminuer mon plaisir. Voilà un roman qui me reste en tête et que j'ai bien envie de relire !
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