La Vie heureuse

Amélie pénétra dans le café pile à l'heure, comme si son corps vivait au rythme de son agenda.

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Tous deux voulaient étirer ce moment de la découverte de l'autre, offrir au désir des habits de patience.

Happy Life concourait à cette impulsion de l'ailleurs, ce besoin viscéral de vivre sa vie et non plus de la subir.

Ce n'était pas la première fois qu'elle sortait ce type de laïus mythomaniaque. Tout était permis pour atteindre l'objectif.

Elle était cette fille sympathique qui avait conservé ses amis d'enfance et qui, malgré sa proximité avec les hautes sphères du pouvoir, n'avait pas renié ses origines. Éric avait vaguement l'impression de lui servir d'alibi dans l'exercice de sa mythomanie.

Parler d'un roman alors qu'on l'écrit, c'est comme ouvrir la fenêtre; on prend le risque que les idées s'échappent.

On a parfois besoin d'envoyer des mots gratuits ou inutiles pour le plaisir de ne pas rompre le lien plaisant.

Certaines vies semblent ainsi être écrites contre l'avis de leur auteur.

Mais le désir d'ailleurs demeurait plus fort que la peur, dans ce combat incessant entre nos pulsions et nos frayeurs.

Dans l'ensemble, il avait été assez peu confronté à l'agressivité ou à la rivalité. Mais vient un temps où il est difficile de trouver une motivation à poursuivre ce qui existe déjà dans notre vie. Il avait quarante ans ; il était encore jeune pour être vieux mais l'avenir lui paraissait sans surprise.