Peur blanche

Quand le monde se révèle hostile à mon égard, je n'attends pas que tu adoptes la solution la plus adaptée à la situation, j'attends que tu sois de mon côté.

Les petits Berlinois avaient inventé un nouveau jeu appelé - Komm, Frau - (viens, femme).
Les jeux de course-poursuite entre garçons et filles étaient nombreux - une dizaine au moins - mais Carla remarqua que celui-ci avait une particularité. Les garçons faisaient équipe et prenaient un des filles pour cible. Quand ils l'avaient attrapée, ils criaient : "Komm, Frau !" et la jetaient par terre.
Ensuite, ils la maintenaient pendant que l'un deux s'allongeait sur elle et mimait l'acte sexuel. Des enfants de sept et huit ans qui n'auraient pas dû savoir ce qu'étaient un viol jouaient ainsi parce qu'ils avaient vu ce que les soldats de l'armée Rouge faisaient aux allemandes.

Si vous vous faites du souci pour eux, vous n'avez qu'à les accompagner répliqua le SS.
Le médecin pâlit. Il irait vers une mort presque certaine. Il le savait.
Carla pensa à son épouse Hannelore, à son fils Rudi et à sa fille Eva, réfugiée en Angleterre, et la peur lui serra la gorge.
L'officier sourit. "On se sent soudain moins concerné, hein ?" railla-t-il.
Rothmann se redressa. "Vous vous trompez. J'accepte votre proposition. Il y a bien des années, j'ai fait serment de m'efforcer d'aider les malades. Je ne vais pas trahir ma parole aujourd'hui. J'espère mourir en paix avec ma conscience." Il descendit l'escalier en boitant.

_ J'ai estimé plus important de calmer le jeu .
_ Eh bien , tu as eu tort . Quand le monde se révèle hostile à mon égard , je n'attends pas que tu adoptes la solution la plus adaptée à la situation , j'attends que tu sois de mon côté . P.112

Pour se rappeler que l'horreur n'est jamais bien loin ,et que les humains ne tirent jamais les leçons de l'histoire quoique l'on puisse en dire !

Il trouva Walter en pleurs dans le hall d'entrée. Il s'essuyait le visage avec un grand mouchoir blanc, sans parvenir à endiguer ses larmes. Lloyd qui n'avait jamais vu un homme pleurer de la sorte sinon à des enterrements, en fut tout désemparé.
"Ma vie est un échec, murmura Walter. Il n'y a plus d'espoir. La démocratie allemande est morte".

“Pour la circonstance, et contrairement à ses habitudes, il avait échafaudé un plan. C’est de là, peut-être, que venait le problème.”

Volodia le savait.
Staline avait mis en place un nouveau comité pour diriger les travaux et en avait confié la présidence à Beria. Celui-ci n'avait aucune notion de physique et n'était absolument pas qualifié pour piloter un projet de recherche scientifique. Mais Staline lui faisait confiance. C'était le problème récurrent du gouvernement soviétique : des gens loyaux mais incompétents étaient promus à des fonctions qu'ils étaient incapables d'assumer.

"Et le camarade Beria a besoin que ma femme rejoigne son laboratoire pour mettre la bombe au point, poursuivit Volodia ?"
- Les Américains ont fabriqué leur bombe atomique avant les Soviétiques.
- En effet. Auraient-ils accordé aux recherches en physique nucléaire une plus grande priorité que nous ?
- La science capitalise ne peut pas être supérieure à la science communiste !
- Cela va de soi. Volodia était perplexe. Où voulait-il en venir ? "Alors, qu'est-ce que tu conclus ?"
- Il y a forcément eu sabotage.
C'était exactement le genre de fantasme grotesque que la police secrète était capable d'imaginer.
- Quel genre de sabotage ?
- Certains chercheurs ont délibérément retardé la mise au point de la bombe soviétique.
Volodia commençait à comprendre... et à avoir peur.

“Aucun remède, énonça-t-il avec difficulté avant de vomir un liquide noirâtre…”