Et c’est à ce moment-là que je lui ai fait ma promesse. La promesse qu’elle vient de me rappeler. Je sais maintenant que j’ai eu raison de la faire. Je le sais sans doute depuis le début, mais j’étais trop furieux pour l’admettre. Et si elle est en colère, c’est OK. Si elle me déteste, je l’accepte aussi. C’était égoïste, ce que je lui ai demandé, même si au bout du compte cela s’est révélé l’acte le plus altruiste de ma vie. L’acte le plus altruiste que je dois continuer à accomplir. Et je continuerai. J’en suis sûr désormais. Quitte à la reperdre mille fois, je referais mille fois cette promesse pour l’entendre jouer comme hier soir ou pour l’avoir en face de moi dans le soleil du matin. Ou même simplement pour savoir qu’elle existe quelque part. Vivante.
Peut-être pas un club du chagrin, dit-elle enfin, mais un club de la culpabilité. Parce qu’on reste derrière.
Je ne sais toujours pas si elle se souvient de notre conversation sur les Hommes et les Mecs, mais cela n’a plus d’importance. Parce qu’elle a raison. Je suis un Mec, maintenant. Et je sais précisément à quel moment je le suis devenu.
Ce qui est difficile, ce n'est pas de laisser tomber, mais de prendre la décision de le faire.
Un, tu m'as inspecté
Deux, tu m'as disséqué
Trois, tu m'as rejeté
Quand donc vas-tu
Me ressusciter ?
Tu as traversé l'eau, me laissant sur le bord
Ca m'a tué, mais il te fallait plus encore
Tu as fait sauter le pont et de là où tu étais
Terroriste enragée, tu m'as envoyé un baiser
Je me suis avancé, puis j'ai compris, livide,
Que sous mes pieds il n'y avait plus que le vide
Te sens-tu bien dans ton malheur ?
Vis-tu sans mal dans la désolation ?
C'est le dernier lien de nos cœurs
Ma seule source de consolation
Le barillet a tourné, un, deux, trois
Tu choisis, dit-elle, c'est toi ou c'est moi
Métal sur la tempe, fracas assourdissant
Et me voilà couvert de sang
Elle reste debout pas moi
Emmaüs est venu prendre les habits
J'ai dit adieu à tous mes amis
La maison est vide, les meubles vendus
Bientôt ton parfum aura disparu
Pourquoi je téléphone, personne ne répond
Personne ne m'écoute, pourquoi cette chanson
Je dois me retenir pour ne pas la prendre par les épaules et la balancer contre un mur jusqu'à ce que les vibrations résonnent dans nos deux corps. Parce que soudain, j'ai envie d'entendre ses os craquer. De sentir sa chair tendre céder, de plaquer mes hanches contre elle, de lui tirer la tête en arrière jusqu'à ce que son cou soit exposé. De prendre ses cheveux à pleines mains jusqu'à ce qu'elle halète. De faire couler ses larmes et de les lécher. Et puis de poser mes lèvres sur les siennes et de la dévorer, de lui transmettre tout ce qu'elle ne parvient pas à comprendre.