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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La vérité est trop nue, elle n'excite pas les hommes. » - Jean Cocteau - Le poète a raison.
Il a raison mais pas entièrement.
Parce que l'horreur est immense, à la hauteur du mensonge.
Le livre de Viviane Forrester est sans doute ce qui a été de mieux écrit, décrit, saisi, analysé depuis des années concernant l'état de notre monde.
Ce n'est pas un essai de stratégie économique, ni un traité politique. C'est l'annonce de la réalité. D'une vérité que nous ne pouvons, ou nous ne voulons pas comprendre, puisque tout nous empêche de la porter à la lumière de notre raison.
C'est un livre effroyablement juste. L'horreur économique. Cette horreur qui depuis des dizaines d’années ne cesse d'avaler peu à peu notre intelligence, nos rêves, nos espoirs, et si silencieusement des millions de vies.
Et que celle ou celui qui se dit ouvertement heureux, bien content, serein, celle ou celui qui se voit comme l'animal de génie que porte ce siècle divin, que ceux là, ceux qui dorment repus, au chaud, contents, ceux qui méprisent, ceux qui rejettent, ceux qui acceptent consentent participent et s'extasient devant la dictature du profit et qui rampent au pied du grand autel du mérite, à ceux là : ce livre vous congédie.

La vérité est difficile à entendre et portant elle est tellement saine à comprendre.
Il faudra bien un jour faire face à l'absurdité d'un monde qui est entrain de nous dévorer. Et si nous n'y prenons pas garde , pourrait être le grand fossoyeur.
Imaginons.
Imaginons une planète qui durant des millénaires a vu son peuple se courber sous le poids des fardeaux, s'atteler aux charrues, pousser des wagons, ramper dans les fosses, travailler comme une bête pour pouvoir espérer survivre en passant chacun de ses hivers.
Imaginez ce peuple, si peu fait pour habiter cette planète, employer son cerveau à inventer des machines capables de le décharger de sa peine.
Imaginez ces machines travaillant à la place de ce peuple, le déchargeant de son état de bête de somme.
Un peuple qui aurait pu voir devant lui pour la première fois de son histoire se dresser un espoir.
Mais le peuple na pas pensé au pouvoir des machines, et n'a pas pris garde à qui elle donnait le pouvoir de commander aux machines.
Plus de machines, moins de travail. Plus de temps libre...
Moins de peine, davantage de place pour la vie ?..
Mais le peuple n'avait pas compris.
Pas compris qu'avec leurs machines ces hommes allaient leur voler le droit de survie en faisant beaucoup et énormément de profit.
Et que ces hommes allaient peu à peu créer un empire monstrueux qui viendrait coloniser avec férocité et sauvagerie tout le village du peuple.
L'empire fut industriel et puis très vite il devint financier.
S'auto-alimentant lui même tout en imposant son droit, ses règles, et toute la cruauté de son jeu.
Et plus les machines devenaient et plus le travail disparaissait.
Et plus le travail disparaissait plus le peuple se devait d'en trouver.
La place du peuple devenait chère, de plus en plus rare, de plus en plus chère.
Un peu ici, beaucoup là bas,
un peu plus ici …
et davantage là bas.
Et puis un jour cela fut partout.
Un ordre qui marche ne se désavoue pas.
Un ordre de marche, une course folle au profit, qui ne dit pas son nom .
Qui ne se prononce pas, qui ne se dit pas.
Le désemploi.
Les hommes des machines enseignèrent et imposèrent au village un seul mot : Chômage....

Ce livre vous dira l'histoire de ce peuple, et le visage de ceux qui imposèrent la terreur au village.

Il fallait bien plus que de l'audace pour écrire ce livre, il fallait de l'intelligence et du courage, pour venir nous rappeler la réalité des faits qui se sont peu à peu imposés à nous.
Pour nous dire que nous sommes colonisés par un empire financier qui nous fait croire que les emplois reviendront, alors qu'ils ne reviendront JAMAIS.

Pour dire, qu'à force de nous répéter, de nous faire entendre que ceux qui n'en ont plus sont des charges et des parias, il nous vient méchamment dans l'idée qu'ils nous sont inutiles et qu'à ce titre on risque de donner bêtement bonne conscience à tous les crimes. Et d'oublier que chaque jour un peu plus nous avançons dans la file de ceux qui se verront sacrifiés au seul profit des maîtres de l'Empire.
Et que plutôt que de nous laisser voir les faits, de nous laisser libres d'y réfléchir, on nous gave de mensonges, de promesses, et d'illusions. Et qu'on nous prive de la seule possibilité qu'il nous reste : concevoir une autre façon de vivre.

Ce livre ne nous donne pas de solution. Les solutions sont celles que nous souhaiterons voir s’inscrire sur le visage de notre avenir. C'est à chacun d'entre nous de dessiner son futur.

Mais ce livre est un début, juste la tentative d'un éveil de notre conscience.
Pour que nous nous rendions compte dans quelle gueule d'empire nous nous sommes livrés, et dans quel infernal merdier on nous a laissés tomber si bas.

Publié en 1996, ce livre pourrait être écrit demain matin.

Reste à savoir combien seront encore là pour le lire.

Ce livre est basé sur des faits réels.

Astrid Shriqui Garain
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Il y a bientôt vingt ans, Viviane Forrester jetait ce pavé dans la mare si calme de ce désespoir annoncé," l'ensemble des êtres humains est de moins en moins nécessaire au petit nombre qui façonne l'économie et détient le pouvoir".
Force est de constater que son discours était juste et même en deça de la situation actuelle. Son livre avait fait grand bruit à l'époque et paraissait bien trop futuriste mais hélas ces vingts dernières années ont démontré le contraire. Vivianne Forrester, dans cet ouvrage économique très bien documenté et très abordable, dénonce comment les politiques successives ont caché au plus grand nombre le désastre que nous subissons de nos jours.
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Cet essai publié en 1996 est d'une actualité étonnante. Si son auteure, disparue en 2013, vivait encore, elle ne pourrait constater qu'amèrement la justesse de son constat de l'époque.
Ce livre apporte un recul nécessaire et salutaire sur l'état catastrophique de la société dans laquelle nous sommes plongés, auquel, consciemment ou non, nous souscrivons. Ce constat porte principalement sur la disparition du travail. le chômage, depuis les années 80/90 ne cesse de préoccuper nos élites politiques. Selon l'auteure, il ne s'agit là que de comédies. Si le chômage était conjoncturel (donc provisoire) depuis l'époque où Marx analysait les « crises capitalistes » jusqu'à la fin du XXème siècle, il est devenu, d'une part en raison des progrès techniques, d'autre part en raison des délocalisations, aujourd'hui irréversible (en tout cas en Occident, selon moi). le plein emploi, c'est fini ! Il faut se mettre cela dans la tête. Les grandes sociétés licencient à tour de bras. L'inverse n'arrivera pas. C'est évident, on ne va pas démonter les machines qui ont remplacé des centaines de bras, comme non plus on ne va pas créer de l'emploi dans nos pays occidentaux, alors qu'une main d'oeuvre servile et bon marché existe partout ailleurs ! Et ce, malgré toutes les gesticulations empressées de nos élites politiques et leurs vaines promesses !

Ce que souligne Viviane Forrester, c'est le désarmant paradoxe suivant : le travail disparait, mais le loisir n'augmente pas pour autant ! Tout se passe comme si plus l'on manque de travail, plus on le cherche ! Toutes les idées selon lequel le progrès technologique entraînerait nécessairement une vie plus libre, moins « aliénée » par le travail, est balayée par les faits. le progrès technologique n'a jusqu'ici que mis à la porte des millions de vies, laissées sur le carreau, et ces laissés pour compte n'en profitent nullement, obsédés par le désir de retrouver un travail qui n'existe pas.

Tout cela remet en cause notre vision de la société, nos préjugés sur les chômeurs « assistés », sur les discours théâtralisés des politiques… Viviane Forrester porte un regard lucide sur l'état alarmant dans lequel notre société plonge tête baissée depuis deux ou trois décennies. Et ce regard lucide, c'est ce qui fait notre dignité, notre qualité d'être humain. Même si nous ne pouvons apporter de réponse à cette tragédie, il nous reste au moins cette dignité. Voilà ce que m'a appris ce livre.
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Édifiant, dérangeant (dans le bon sens du terme) et, sans doute, prophétique.
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Un livre difficile. ..certes il a été écrit il y a une vingtaine d'années mais est hélas brûlant d'actualité. ..a redecouvrir...
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A sa parution en 1996, ce livre m'avait fortement marqué.
Presque trente ans plus tard, je l'ai relu pour me conforter dans l'idée que Viviane Forrester était notre Cassandre. Mais comme la figure mythologique, elle n'a pas été écoutée. Pensez donc, une femme de lettres qui se pique de tailler en pièces le modèle économique du néolibéralisme triomphant! Qu'elle retourne à ses chères études et nous laisse en paix avec nos "business plans" et nos dividendes!
Aujourd'hui, c'est désormais une certitude, même si certains persistent encore à le nier, "l'horreur économique" atteint son paroxysme et menace la survie même de l'espèce humaine sur une planète à l'agonie.
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