Je sortais d'un roman qui traitait de la ségrégation raciale lorsque je me suis plongée dans
La porte du ciel, découvrant ainsi l'univers et la plume de
Dominique Fortier. Est-ce l'accumulation de thèmes similaires, est-ce l'écriture de l'auteure qui ont fait que je n'ai pas adhéré ? Toujours est-il que ce fut une déception...
Eleanor et Ève sont toutes deux des petites filles lorsqu'elles se rencontrent. Un trait les distingue : l'une est Blanche, fille d'un médecin tandis que l'autre est Noire et fille d'esclave. Leurs deux destins vont s'entremêler, leurs amitiés naître sous le toit d'une maison sans esclaves et pourtant, elles ne seront jamais vraiment des amies.
Même si l'amitié de ces deux jeunes filles est le point de départ de ce roman, il n'est pas traité de manière approfondi. C'est ce qui m'a déçue. M'attendre à découvrir cette amitié, ce lien qui les unit au travers de la différence et finalement, ne pas le creuser.
Dominique Fortier s'applique davantage à peindre une critique de l'Amérique, des Etats-Unis des années 1860, lorsque la guerre de Sécession fait rage, lorsque Union et Etats confédérés se battent. Cet aspect historique est présenté sous force de détails, de manière didactique et j'en ai été déçue.
L'écriture de l'auteure est fluide mais instruite. C'est au travers de ces mots qu'elle montre à quel point la liberté était un enjeu de taille mais à quel point elle pouvait être contesté, notamment avec l'émergence du Klu Kux Klan, ces hommes aux chapeaux pointus. le ton qu'elle donne à son roman est neutre et c'est ce ton qui permet de voir comment, au fil du roman, la traite des Noirs évolue jusqu'à la levée de leur statut d'esclaves.
Un roman inaccoutumé écrit avec beaucoup de neutralité, sur un ton didactique, qui laisse très peu de place à l'émergence de sentiments, d'émotions et de prises de consciences ou de révoltes mais qui oriente sa réflexion sur l'histoire sociale des Etats-Unis.