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3,33

sur 59 notes
Cette histoire à la première personne est un voyage sensible entre le traumatisme du passé et le jugement du présent. C'est dans une histoire étirée, ayant subi une longue interruption, qu'Elsa Fottorino plonge le lecteur. la connexion directe avec la narratrice installe une intimité fine et délicate, au-delà de la simple compassion. Elle reconnaît avoir peur et être maladroite avec les mots. C'est donc tout un exercice sensoriel et intellectuel de recomposer son passé, cet événement traumatique et violent. Elle doit se reconnecté à elle-même tout en admettant les conséquences de ce viol.
Cette narration de soi, indispensable à la survie, est portée magnifiquement par l'écriture d'Elsa Fottorino. L'autrice est à l'écoute de son personnage et met en scène tous les jeux de regards posés sur elle. Dès que ce drame personnel devient publique, alors les policiers, son avocate ont un point de vue et veulent écrire l'événement pour mieux le comprendre (dans une logique d'enquête et de justice). Ce roman est une histoire à plusieurs dimensions, où une vie, tout en étant éclatée, a continué. On sent l'énergie de cette femme à vivre, à construire et à se préserver de certains questionnements. Mais cela n'empêche pas, à certains moments, d'être un peu perdu dans la lecture de ce voyage dans le temps, dans les méandres chronologiques. le personnage principal semble tenir à lui seul ce roman, faisant des autres caractères, des ombres, des êtres de passage.
Le roman souligne les silences émotionnels des traumatismes en évitant de les encombrer de mots et de formules. En filigrane, peut-être que la romancière questionne ce besoin de recourir aux mots, de trouver la justesse d'une phrase et de son rythme pour mieux atteindre une forme d'apaisement.
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Lecture dans le cadre du prix du roman FNAC
Première sélection Goncourt 2021
En 2005, la narratrice, dix-neuf ans, est victime d'un viol dans une forêt. D'abord, classée sans suite, l'affaire ressortira douze ans après les faits, à la faveur d'autres enquêtes. Un suspect est identifié, ainsi il y aura bien un procès, auquel elle ne souhaite pas se rendre.
Aujourd'hui, Elsa Fottorino tente à travers ce court roman d'analyser son passé en décrivant le quotidien des victimes, sa relation aux autres, en particulier ses proches, le déni et ses sentiments parfois contradictoires et leur évolution. Elle tente de dépasser ce drame. Un livre bouleversant qui m'a quelque fois perdue dans sa construction narrative. Un livre très intime
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"Parle tout bas" de Elsa Fottorino parle du viol subi par la narratrice et comment la suite de sa vie a été bouleversée. L'auteur aborde le sujet avec beaucoup de délicatesse, de pudeur et d'humanité.
A l'époque son violeur ne sera pas identifié donc sa plainte sera classée sans suite. Elle sera régulièrement confrontée à l'administration à cause de plusieurs viols subis par d'autres jeunes femmes qui laissent penser que ce pourrait être le même auteur.
La chronologie du livre n'est pas linéaire et parfois le lecteur peut se perdre dans les nombreux questionnements de la victime relatifs parfois au passé ou alors au présent. Ce traumatisme la suit et ressurgit plus violemment lors d'appels à témoignage et notamment lorsque le procès aura lieu alors même qu'elle est enceinte.
Un roman écrit avec une grande sensibilité où l'on y découvre les rouages de la justice notamment.
Un style très particulier avec des phrases courtes et touchantes, qui met en avant la difficulté de parler à cause de son contexte familial, de sa carapace forgée au fil des années suite à ce traumatisme. La parole est aussi au centre de ce roman avec la parole des policiers parfois tellement inadaptée et dérisoire, la violence de nommer le violeur et la victime...
Un livre courageux et puissant qui aborde la reconstruction comme très personnelle.
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Lu juste après le livre de Christine Angot, celui d'Elsa Forttorino relate son viol et sa façon de gérer ce tragique événement. de manière très différente , elle raconte avec beaucoup de réserve et de pudeur cette journée fatale et les années qui ont suivies. La résilience, la discrétion, le désir d'oubli et de se terrer apparaissent ici, mais aussi le besoin de dire pour pouvoir vivre "normalement".
Une autre façon que celle de Christine Angot mais aussi efficace et poignante à lire.
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Voici les mots si beaux de la chanteuse Barbara Pravi à propos de "Parle tout bas"
l y a tellement de façons de ressentir les déconvenues que la vie nous impose. Autant de façons que d'histoires je crois.
Certain.e.s décident de rester silencieuses, d'autres en parle, certain.e.s ont recours à la justice, d'autres pas. Bref. On a pas trouvé le mode d'emploi unique, le moule dans lequel tous les corps et tous les coeurs se re-formeraient.

Parle tout bas, c'est l'histoire d'Elsa.
Qu'est ce que j'ai aimé lire son courage, ses choix et sa sincérité.
Qu'est ce que j'admire sa façon de se reconstruire dans la bonté et la tendresse avec le corps tendu vers « devant ».
J'ai aimé lire cette chose inexplicable qui fait qu'on peut aussi s'en sortir sans trop de rage, sans trop de cette douleur qui - selon les codes- devrait nous coller à la peau à vie, et nous suivre comme une ombre même quand il n'y a plus de lumière.
Ici, j'ai lu une immense vague d'humanité et de bienveillance à soi et aux autres.
Alors bien sûr, certains passages m'ont inspirés du dégoût et l'envie de secouer la bêtise des institutions judiciaires comme des fruits pourris pour qu'ils tombent de l'arbre, bien sûr.
Mais j'ai surtout lu l'espoir.
Comme si le coeur immense d'Elsa s'était placé bien au dessus des « il faudrait », des « tu aurais du/ pu », des « et si ». Comme si elle avait compris, quelque chose que tant d'entres nous essayent de comprendre en se débattant. Par la simple force de son humilité.
Ce que j'ai lu finalement, c'est la résilience et l'amour. C'est l'histoire de cette jeune fille, cette femme, cette mère, qui avance toujours droit, et qui me donne furieusement envie d'avancer dans sa ligne.

Il sort demain, le très beau livre d'Elsa Fottorino, et j'espère bien que vous vous ruerez dessus en librairie.
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Parle tout bas c'est l'histoire d'Elsa. Quel courage et quelle sincérité. c'est un livre admirable d'une beauté rare, rempli d'humanité et de bienveillance. Un livre qui nous bouleverse et qui fera date. On aime son écriture ciselée, intime et si personnelle.
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J'ai lu avec beaucoup d'attention le témoignage d'Elsa Fottorino. J'aime la pudeur qu'elle dégage et la sensibilité qui s'exprime.
Je trouve notamment une partie de ce livre très réussie. La complexité face à la réponse judiciaire, les méandres, les indécisions, le tumulte. Ne pas savoir ce qui est bien ou non, ce qu'il répondre ou non.
La justice suffira-t-elle ? Ce desarroi ainsi exprimé, ajouté à la naissance à venir, est d'une très élégante justesse.
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Avec Parle tout bas, la narratrice a choisi l'angle de la pudeur pour dire la violence des conséquences d'un viol subi alors qu'elle avait dix-neuf ans. Ce genre de viol aux circonstances rares, c'est-à-dire commis par un inconnu. Contrairement à ce que les médias veulent bien nous montrer dans les lignes “faits divers”, c'est plus fréquemment dans l'entourage proche de la victime que se déroulent ces exactions souvent impunies car peu dénoncées. Ici la narratrice décide de ne pas rester figée au stade de victime, elle avance avec force pour devenir plaignante. Elle nous raconte avec sensibilité et profondeur les différentes étapes qui mèneront au procès auquel elle préfèrera ne pas assister. Elle narre l'indicible avec réserve. Il est des mots qui n'ont nul besoin d'être exprimés pour être entendus. Seuls comptent pour le lecteur la complexité des sentiments, des interprétations, la béance laissée par l'incompréhension parfois, la douleur et le mal-être qui s'accrochent à celle qui a subi. Pour tenter de s'en défaire, pour ne pas conserver cette identité victimaire mais devenir une femme à part entière, elle passe par l'écriture car parler tout bas ne lui suffit pas. Par les mots déposés elle réussit à retrouver une forme d'apaisement. Ces mots salvateurs pour elle, le sont certainement aussi pour d'autres.
Merci donc à Elsa Fottorino pour avoir osé ce témoignage intime et poignant.


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Dans ce récit d'histoire vécue, Elsa Fottorino nous parle du viol qu'elle a subi et surtout de l'enquête et du procès qui ont suivi plusieurs années après. S'il y a là une vraie matière littéraire, l'autrice m'a agacé par ses considérations sur la banlieue qui trahissent son milieu social et par son rapport très ambivalent vis à vis d'une enquête qu'elle ne dit cesser de fuir tout en tentant de la graver dans un livre (cela me paraît antinomique). On a ainsi le sentiment qu'elle est au dessus des autres victimes, de l'accusé, des juges, des avocats, des policiers…Bref, que le temps consacré à cette histoire est plus important dans un texte très auto-centré (que l'accusé ne pourra lire) que dans une cour d'assises ou une salle d'interrogatoire.
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Peut-être que je n'aurai pas du le lire juste après celui de C.Angot. Parce que je trouve que le style est assez ressemblant, (surtout au début) avec des phrases très courtes, très descriptives. Des actions qui s'enchaînent à l'instant t, et je me suis ennuyée. Je pense que l'autrice a voulu mettre en relief une certaine résignation, comment la vie perd ses couleurs dans ces cas-là, mais c'est trop inodore. Après, les mots sont bien choisis, je pense que le rapport à la mémoire et l'effacement est intéressant, mais je ne sais pas si c'est suffisant. En fait, comme je disais par rapport au livre d'Angot, à force de publications sur le même thème, il y a trop de redites. Et comme, en parallèle, il n'y a pas vraiment d'histoire, que l'intrigue est très resserrée sur le viol et la reconstruction difficile qui en résulte, je n'ai pas de sentiment de complétude comme pour le voyant d'Etampes ou Feu par exemple. Je pense que c'est le danger des autofictions : c'est trop unidimensionnel. Et donc, difficile, (alors que c'est le livre le plus court de la sélection) pour moi de le terminer. Pourtant, il y a des choses très justes, par exemple quand elle parle du statut de victime : « l'ennui avec ce mot-là c'est qu'il a vite fait de borner l'individu à des représentations négatives et souvent erronées : la soumission, les sanglots, l'abattement, l'hystérie, le charbon de la dépression. Pour certains, la victime n'est qu'une représentation de la femme dans sa traduction hyperbolique ». Les descriptions, passées le premier tiers, quand elles se concentrent sur la nature sont très belles, simples et pourtant poétiques ; c'est pour cette raison que je suis embêtée, je reconnais le talent, et pourtant, je n'ai pas été emportée. J'ai même été tentée d'abandonner, et c'est le premier de la sélection qui me fait cet effet. D'où ma note circonspecte et ma courte chronique. Possible aussi que ce soit la fatigue de lire autant en aussi peu de temps…Peut-être le dernier livre que je lis jusqu'au premier écrémage…
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