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3,44

sur 133 notes
Ce récit d'initiation à jet continu, sans chapitres, ni espaces, ni dialogues à l'écriture visuelle, métaphorique, saccadée , tranchée, tel un long monologue inhabituel résonne comme du rap ou de la poésie .

En petites phrases pressées , répétitives, urgentes , fulgurantes , brutes, l'auteur , rappeur, boxeur, né en 1991 , dont c'est le premier roman, conte la vie d'un jeune en capuche, seul , sous son abri- bus .
Il ne montera pas dans le car scolaire .

Dans sa solitude musicale , il laisse son regard se perdre sur les terres du 7- 7 , département vague entre La Province et Paris —- au bout du monde ——Entre boue et bitume, autour de vastes étendues de camaïeu de brun, ocre, jaune, les terres du Père Mandrin....Sur son tracteur...


Un livre qui pourrait se lire à voix haute ...qui dit l'innocence et la rage, la violence et les bagarres , la bande de potes qui se partagent un shit bien gras, où on joue encore au loto , où on se fait couper les cheveux au seul bistrot du coin par la fille du patron qui passe son CAP...

Les potes : le grand Kevin, la fille Novembre, le Traitre , les faux jumeaux, et puis lui—- seul.
Il se remémore son passé dans un flux spontané, inventif, fulgurant , fait le bilan d'une enfance sans innocence , sans nostalgie d'un temps heureux , du côté des pylônes et des bennes à ordures , où les jeunes se noient dans un ennui semblable à un épais brouillard ...


C'est la chronique douce amère d'une génération en peine , fracturée , laissée pour compte , où les jeunes galèjent, galèrent, rament pour se trouver , un entre - deux , sorte de chassé croisé entre ville, champs et province , une voix qui porte la parole , existe au milieu des champs , entre construction des corps et fractures des rêves .

Une chronique étonnante où les mots claquent, cognent , piquent , apostrophent ...
Spontané , inventif, criant de vérité , original , obsession sonore, inhabituel.
Qui ne plaira pas à tout le monde ,..

«  Bien sombre , la capuche. Importante la Capuche. Seconde peau. Vrai armure pour corps de lâche .UN abri dans l'abri.. »
«  Vieux qui bavent, vieux qui rôdent, vieux qui hantent. Vieux qui rotent , vieux qui puent . Vieilles carcasses qui traversent l'unique rue . Vieux qui divaguent . Vieux qui se perdent . le père Mandrin est le seul vieux qui bosse encore. »
«  Jeunes , jeunes qui se noient dans leur ennui dense comme le BITUME . »
 « Métallisée .Métallisée . Métallisée.  »
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Seul dans un abribus perdu en plein milieu des champs d'une petite bourgade de Seine et Marne ( le département 77 du titre de ce premier roman), un jeune vivant dans une ville de cette grande couronne parisienne, ni tout a fait banlieue ni tout a fait province, décide de ne pas compter dans le car de ramassage scolaire qui se présente devant lui et se remémore des instants de sa vie passée dans un entre deux assez singulier...

Dans l'abribus, tout seul,il ressasse son passé en fumant des joints et essayant de mettre des mots sur sur ses pensées et sur cette terre en périphérie de grande métropole, une terre un peu bâtarde qu'il déteste et vénère à la fois.

Marin Fouqué, 77

Marin Fouqué vient du rap et de la scène et cela s'entend pleinement avec ce premier roman presque scandé comme un slam et qu'on peut parfaitement lire à voix haute..

Une langue syncopée, incisive, poétique qui claque et qui donne une vision personnelle et subtile dune jeunesse en manque de repères et rend ce 77 comme un des beaux textes de cette Rentrée littéraire 2019.

Sa plume, particulièrement imagée et métaphorique, insiste sur les sensations et sur les petits et grands événements de notre existence et dépoussière la littérature française traditionnelle, souvent un peu trop corsetée et académique.

Avec énergie et une poésie à ras le bitume aussi addictive que singulière, Marin Fouqué, un peu à la manière d'un David Lopez avec "Fief" ou même Gael Faye avec "Petit Pays" ( un autre slameur) convoque un univers bien à lui, à mi chemin entre la littérature et le slam, entre la poésie et la chronique sociale.

Il en profite également pour se faire le porte voix d'une génération brisée, laissée pour compte, et qui tente tant bien que mal de trouver une place que personne ne semble vouloir leur donner...

Un des romans uppercuts de cette rentrée littéraire !

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lecture malaisée. Écriture fragmentée. Comme si on enfonçait du rap dans la gueule de la littérature. Billie Eilish en prose. Phrases courtes. Heurtées, cabossées. Parfois, ça déroute. Souvent, ça s'encroûte. Sans vers et contre toute… logique stylistique. Une prose libérée. Rarement créative. Enragée pour rien. le flow n'est pas fluide. Ça patine. Sortie de route. Et puis, au carrefour de trois phrases emmêlées, succession de virgules, abus d'anaphores, répétitions gratuites, sans poses, par à-coups, comme une conduite de taxi chinois, la tête qui tourne, je perds le fil, envie de vomir, laissez-moi sortir de ce bouquin. Quand on abîme la forme, on touche le fond. Ce livre m'a fait penser à ce poisson qu'on m'obligeait à bouffer quand j'étais gosse. À chaque bouchée, je me dis que ça va être bon mais rien à faire, je trouve toujours des arêtes. Je n'ai pas parlé de l'intrigue. Quelle intrigue ? Des adolescents, sous un abribus près de Melun, s'emmerdent à mourir. Et le lecteur avec. Pour tuer le temps, ils parient sur la couleur des bagnoles qui passent à toute allure, sans jamais les calculer. Des jeunes désoeuvrés, frappés par le père, oubliés par la mère, rejetés par le système. Une impression de déjà-vu. Marin Fouqué, tu peux te le garder ton 77. Ni curiosité, ni compassion. Moue dégoûtée. Des champs boueux avec des petits merdeux au milieu (rimes en… euh). Pas senti la révolte, ni la poésie. Juste l'ennui. Des bandes qui s'affrontent ? Ni Guerre des boutons ni West Side Story. Des branleurs qui ne voient plus l'horizon. Sans façon. Je m'en fous si je passe pour une classique, moi je te chro-nique, et je sauverai plein de gens. de la dépense et du néant.
Bilan : 🔪
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La Seine-et-Marne est un territoire sans identité et sans charme. L'horizon se résume à une succession de champs aux couleurs ternes, du vert parfois, du marron surtout. Ces paysages plats sont striés par des lignes de bitume ; départementales ou nationales où fusent des véhicules pressés d'atteindre un ailleurs. Seuls dépassent au loin des pylônes électriques, un silo et un abribus. Les murs de l'abri sont couverts de tags, le sol est maculé de crachats, l'air est saturé par l'odeur de shit. Un jeune se tient affalé sur le banc, engoncé dans sa capuche, concentré par la préparation de son prochain joint. Ce jeune, c'est le narrateur de “77” (sept-sept). le récit tient en une journée, du départ au retour du car. L'adolescent va suivre le cours de ses pensées et nous expliquer par de nombreux flashbacks pourquoi il a choisi de ne pas monter dans le car. le texte est vivant, proche du slam ou du « spoken word ». C'est un récit à lire à voix haute, à scander, à interpréter. le monologue se compose de bouts de phrase, de répétitions, de flux de pensée qui s'entrecroisent portés par la rage, la douleur et le cannabis. le narrateur dépeint le quotidien de ce village en marge, pourtant situé à à peine une heure de Paris. Une commune péri-urbaine – ni ville, ni campagne - peuplée de déclassés parmi lesquels se détachent l'agriculteur qui possède toutes les terres, l'idiot du village, la voisine sénile ou la Parisienne qui passe ses week-ends dans sa résidence secondaire. le reste, ce sont des vieux, surtout des vieux. Et des enfants qui s'ennuient dans cet horizon indépassable.A la maison, les pères s'effacent ou écrasent. Dehors, c'est toujours la violence qui règne. Ils doivent se faire une place à la force de leurs poings, dominer ou être dominé. C'est une lutte permanente pour obtenir du respect. La gueule d'ange et le corps frêle de notre narrateur le classe parmi les faibles, les perdants. Il choisit de s'endurcir mais il va prendre conscience que le personnage qu'il façonne ne correspond en rien à sa personnalité et qu'il lui faudra trouver sa propre voie, découvrir sa véritable identité. Ce roman se démarque par son phrasé mais aussi par son message qui lui permet de dépasser le simple constat sociologique.
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Cette lecture fait l'effet d'un coup de poing, tant par sa forme que par son fond.
En effet, l'écriture est "tranchée", "saccadée", les phrases sont souvent courtes et percutantes et quand elles sont plus longues, elles sont "rythmées".
Le thème est aussi assez brut et presque violent: nous suivons un jeune homme et sa bande d'amis par le biais de souvenirs que le jeune homme se remémorent, assis sur le banc de l'abribus de son point de ramassage scolaire dans le 77. Nous allons comprendre au fil du récit les relations plus ou moins positives qui se sont nouées entre eux.
J'ai parfois eu l'impression de lire de la poésie et j'en ai eu l'explication en découvrant que l'auteur en avait écrit ainsi que du rap. Cela se ressent dans l'écriture de ce premier roman.
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Il y avait de bonnes idées dans cette histoire où, avec le contexte encore campagnard du 77 sud et les fantasmes de l'abri-bus, un récit intéressant aurait pu se structurer.

Hélas, non, on ne retient que d'énièmes tranches de vie de pré-adolescents en quête de ce dont ils ne soupçonnent même pas l'existence, leurs pauvres délires et leur sexualité tristounette. L'ensemble rédigé à la hache, sans style, avec un vocabulaire restreint et des phrases déstructurées.

Au terme de cette lecture, je me souviens à peine de la couleur des voitures et, vraiment, seule la séquence aux auto-tamponneuses a accroché mon intérêt.
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Roman pioché dans mon immense pile à lire avant-hier. le narrateur, adolescent désabusé vit quelque part dans le sud 77, dans la lointaine banlieue parisienne. Il doit se rendre en cours avec le bus de ramassage tous les matins sauf que non ça fait des jours qu'il sèche et trompe l'ennui toute la journée dans l'abribus. Il divague au gré de ses pensées et se replonge dans un passé proche ou le traître était encore appelé Enzo, ou la fille novembre le protégeait et traînait avec lui, lui frêle, fragile, renfermé, souffre-douleur. Et puis il y a Kevin le grand balèze, nouvellement arrivé dans ce bled paumé entouré de champs. Leur vie à tous semble vide, de sens et de but. Ils errent au gré de la routine quotidienne. le narrateur nous emporte tout le long de ce livre dans un monologue intérieur, brut et spontané.

Seulement voilà, l'ennui ressenti par cette bande de jeunes est très facilement transféré au lecteur. C'est à dire qu'il ne se passe pas grand chose durant la journée du narrateur à part chauffer le banc de l'abribus et fumer du shit. le style d'écriture est moderne, tout d'un bloc, sans chapitre et avec un langage parlé, de la rue, viscéral. J'aime ce style narratif mais avec plus de rythme et de péripéties, ici c'est mou malheureusement.

Cette lecture ne sera pas inoubliable...
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En cet entre-deux du 77, ni complètement banlieue, ni complètement Paris, un jeune homme attend dans un abribus, fumant joint sur joint, tandis que le jour passe. Depuis la rentrée, lui et ses amis se sont éloignés : Enzo est devenu le traître ; la fille Novembre a repris son prénom et rangé ses poings au placard de ses désirs. Mais le grand Kevin a fait son apparition, ce grand gars du 93 avec sa dégaine et ses pompes classes, et le jeune homme a décidé, d'un coup, de rester avec lui dans l'abribus, tandis que les autres prenaient le car scolaire. Et puis, jour après jour, le jeune homme est resté, seul, et aujourd'hui sera un jour comme ceux d'avant, un jour de solitude qu'il peuplera de ses pensées et souvenirs.

« 77 » est le premier roman de Marin Fouqué, c'est aussi un ovni littéraire étonnant et détonnant. « 77 » prend la forme d'un monologue intérieur continu seulement ponctué, çà et là, de couleurs écrites en majuscules, celles des voitures qui passent devant l'abribus et viennent hacher, pour un temps, le flux des pensées qui roule dans la tête du jeune homme. Il faut lire « 77 » d'une traite pour mieux entrer dans sa couleur, se laisser porter par le torrent des souvenirs de cet adolescent, dont on comprend peu à peu la construction et la souffrance qui l'anime. A l'image du département où il vit, il incarne l'entre deux d'un âge : plus enfant mais pas complètement adulte ; en quête d'amis, de reconnaissance, mais le plus souvent rejeté, mis à la marge d'un monde qui ne veut pas de lui. Alors se déplient ses doutes, errances, méandres et se dessine la vacuité d'un être en quête d'identité, entouré par des congénères guère aidants.

« 77 » c'est aussi le souffle d'un style à nul autre pareil, une écriture affutée à l'encre du labeur, qui sonne, résonne, comme un slam percutant, une chanson triste, une litanie sans dieux. le rythme parfois s'emballe et quelques fioritures linguistiques (articles, verbes, …) passent à la trappe pour que l'écho des mots frappe encore mieux l'esprit. Forme et fond se complètent, s'entremêlent et se fondent et l'on est vite saisit par une lecture qu'on ne peut plus quitter.

En filigrane surgissent des questions identitaires : qui faut-il devenir ? Celui que les autres nous assignent à être ? La case sociale pré-remplie par son environnement ? Ou bien cherchera-t-on à devenir soi, quoi qu'il en soit du désir des autres ? « 77 » est un premier roman magistral qui cogne aussi sûrement que les bonnes terres grasses du sud 77.
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C'est un premier roman dont on va entendre parler j'en suis certaine. Pour diverses raisons.

Sa forme : c'est un récit écrit d'un jet continu, d'une traite, sans chapître, sans alignement. Un texte continu entrecoupé de nom de COULEUR ou de METALLISE en majuscules. C'est tout.

Un peu perturbant au départ mais nécessaire comme un flot de paroles continu, un grand monologue qui raconte le quotidien d'un ado en capuche dans le 77.

C'est un récit qu'à plusieurs reprises, j'ai lu à voix haute pour entendre claquer la langue, sa musicalité, son rythme.

Ça claque, ça pète, ça vit et pourtant il ne se passe pas grand chose dans cet abribus en béton où notre narrateur passe ses journées à fumer des pétards refusant de prendre le car scolaire conduit par Polnareff. Il regarde Enzo, le traître, la fille de novembre, le grand Kevin et les jumeaux partir et reste la journée dans son abri sous sa capuche.

Il nous raconte son 77, et regarde passer les voitures sur la nationale, une rouge, et il se souvient, une jaune, d'autres souvenirs reviennent et surtout 3 métallisées ce matin là.

C'est un roman d'initiation, lui au corps frêle, qui se planque sous sa capuche, nous raconte son bled, ses champs marron, le père Mandrin sur son tracteur, la vieille, les vieux qui jouent au loto, la parisienne, ce qui a fait que son pote Enzo soit devenu le traître, ...

Il nous conte l'arrivée du grand Kevin qui fera de lui un autre.

Je n'ai pas envie de vous en dire plus si ce n'est que c'est rural, c'est noir, ça claque, ça pulse, la vie quoi dans le 77.

L'écriture est tranchée, saccadée, c'est un long monologue sonore et sensible. Poétique à sa manière.
Quelle force d'écriture. Un coup de poing, un coup de maître disent certains.

Ce roman sort de l'ordinaire. A découvrir de toute urgence.

Ma note : 8.5/10

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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C'est LA révélation de la rentrée. le quotidien depuis l'abribus d'un môme paumé dans le 7-7. Sa jeunesse avec la fille Novembre et Enzo avant qu'il ne devienne le Traitre. Sa fascination pour les terres grasses de sa campagne. Son décompte des voitures en espérant que l'Oracle de la Vache lui soit favorable. Sa formation par le Grand Kevin pendant leurs journées buissonnières. Ses pensées qui divaguent alors que les mauvais souvenirs se consument au rythme de ses joints.
Un récit puissant qui prend aux tripes. Et l'écriture, ah la belle écriture saccadée, l'intelligence des engrenages, un monologue sonore et sensible comme on en lit rarement!
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