Vous souvenez-vous de
la Noiraude, une drôle de vache très hypocondriaque qui téléphonait sans cesse au Docteur, le vétérinaire, quand lui passaient par la tête des questions d'ordre existentiel irrésistiblement loufoques ?
Là, elle ne veut plus sortir à cause du vent fort capable, dit-on, de décorner les boeufs ; c'est qu'elle ne veut pas se retrouver sans cornes... quoiqu'elle ressemblerait alors une biche.. c'est beau, une biche, non ?... et si elle se faisait décorner pour avoir plus de charme, demande-t-elle au Docteur.... Là, elle a en marre d'avoir du Mozart et du Vivaldi plein les oreilles depuis que le fermier a entendu dire que ses vaches donnaient plus de lait en musique et de vivre en communauté avec des collègues qui la traitent de vache hollandaise (elle n'est même pas hollandaise !) quoiqu'elle se verrait bien pavaner en bicyclette dans des champs de tulipes !
La Noiraude est une série télévisée d'animation créée par
Jean-Louis Fournier aux textes et
Gilles Gay aux dessins, qui était diffusée à la fin des années 70 dans la cultissisme émission L'île aux enfants. Notre vache y côtoyait Ernest et Bart, Gribouille, La Linéa et Antivol, un oisillon aux grands yeux et au gros bec jaune,
trop trouillard pour voler, né également de l'imagination de Fournier et dessiné par Gay, qui avait en commun avec
La Noiraude de se poser plein de questions. Et puis, il y avait aussi le Professeur Corbiniou et ses bons conseils, série de sketchs écrite également par
Jean-Louis Fournier et jouée par son ami Pierre Desprosges qu'il retrouvera plus tard avec La minute de Monsieur Cyclopède.
La Noiraude c'était aussi la voix de Ginette Garcin, la titi marseillaise, la pote de Bobby Lapointe,
Michel Audiard et
Jean Yanne.
Moi, je m'en souviens de
la Noiraude qui me faisait bien rire enfant mais je l'avais presque oubliée, polluée que je suis par mes préoccupations d'adulte. C'est par un heureux hasard et une balade dans les allées du festival du livres Ancres et Encres de Saint-Vaast-La-Hougue en juillet que je me suis retrouvée face à
Jean-Louis Fournier, parrain cette année de cet excellent salon. Trônaient sur sa table, son dernier roman et ses anciennes parutions dont
La Noiraude et
Encore la Noiraude.
Évidemment, la dédicace était indispensable et c'est avec émotion (comme si j'avais vu Casimir en vrai !) que je suis repartie avec
La Noiraude sous le bras tatouée d'un gentil message de son auteur ainsi que son dernier roman,
Veuf cherche femme immortelle, un livre sur le deuil...teinté d'humour. Car, c'est aussi cela
Jean-Louis Fournier, un angoissé, un Droppy jamais satisfait, remuant constamment ses malheurs mais les contournant grâce à un humour absurde, à l'instar de son grand ami Desproges... et de
la Noiraude.