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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
OLNI : objet littéraire non identifié.... Je ne m'attendais pas du tout à ça ! Mais alors, pas du tout.... dit la fan de "Si par une nuit d'hiver un voyageur" qui n'a pourtant pas peur d'être bousculée dans ses habitudes. Eh bin là je l'avoue j'ai été surprise....
.
Histoire qui se passe dans les années 1860, écrite dans les années 1960. Une romance, une histoire d'amour.... Mais aussi des moments qui déraillent....
Bon déjà j'ai eu beaucoup de mal avec la première comparaison anachronique (qui arrive à peine quelques pages lues) : comparer un personnage de 1860 à un officier de la Gestapo, j'ai eu un coup au coeur. Finalement j'ai accepté le principe. Autant le dire, ce principe se répète donc si vous êtes très à cheval sur la rigueur historique, passez votre tour....
J'avoue ma surprise plus grande encore quand l'auteur a interrompu son récit pour nous parler de la difficulté de l'écriture, des personnages etc....

Je ne vous parlerai pas de la fin pour le coup ultra originale... Au point que je me demande comment ils ont fait pour le film.... Son visionnage me tente.... Mais car il y a un "mais", il ne me tente pas plus que ça car, pour revenir au roman, j'ai eu un peu de mal à accrocher aux deux personnages principaux, Sarah et Charles (qui n'est pas lieutenant, ni français). Sarah m'a paru trop moderne pour l'époque décrite, alors que Charles lui est en plein dedans... voire même un peu trop.
Donc j'ai aimé, mais sans plus....
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J'ai trouvé ce roman en chinant dans une bouquinerie en Bretagne et je suis vraiment contente de l'avoir acheté !
Bien qu'elle ait été écrite dans les années 1970, cette histoire se déroule dans l'Angleterre du XIXème siècle et débute dans le village de Lyme Regis. Sarah est la paria du village, celle qu'on montre du doigt car elle s'est fait séduire par un lieutenant français quelques années auparavant. Charles, un aristocrate récemment fiancé, s'intéresse à son cas et la prend en pitié. Mais plus il se rapproche d'elle, plus des sentiments qu'il ne prévoyait pas font surface.
L'auteur décrit avec une parfaite exactitude les moeurs de l'époque victorienne: les carcans rigides qui régissent la société et qui entravent toute expression des sentiments et toute allusion sensuelle ou sexuelle ; les idées et progrès scientifiques qui ont bouleversé la société comme celle Darwin et sa théorie de l'évolution ; le rôle et les conditions sociales des femmes à cette époque ; les clivages entre les classes sociales avec d'un côté les aristocrates propriétaires terriens, les bourgeois qui ont fait fortune dans le commerce et de l'autre la classe moyenne et les paysans ;
Les personnages sont ceux qu'ils sont car ils ont évolué dans un milieu social qui les a façonné ainsi. Mis dans un contexte différent, peut-être auraient-ils réagi autrement. En tout cas, leurs états d'âme sont très bien décrits, avec des traits de caractère très réalistes.
Mais ils ne sont pas aussi attachants que je l'espérais. Sarah est une figure assez énigmatique à mes yeux et jusqu'à la fin du livre et malgré toutes les options laissées par l'auteur, je n'ai pas réussi à la comprendre : est-elle une femme fatale qui joue avec les sentiments de Charles dans le but de le détruire ? ou une malheureuse, victime des circonstances et qui ne sait pas où elle va et ce qu'elle désire réellement ?
L'auteur joue aussi avec le lecteur : il l'interpelle, n'hésite pas à basculer dans des digressions divers sur Thomas Hardy ou tout autre sujet sur l'époque victorienne, entre dans l'histoire comme un personnage secondaire, et nous propose même trois fins douces-amères.
Pourquoi je n'ai pas mis le 5ème coeur ? le style d'écriture m'a paru souvent difficile, dense et peu accessible aux gens qui n'y connaissent rien à la littérature anglaise classique. Certaines longueurs alourdissent le récit.
Pour conclure, je recommande ce livre exclusivement aux habitués de la littérature anglaise classique du XIXème siècle !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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John Fowles signe une intrigue très particulière, j'avoue qu'il m'a complètement prise au dépourvu !

D'abord de par son style décalé, ironique et qui n'hésite pas à interpeller le lecteur, voire à l'induire brièvement en erreur, pour se moquer de lui !

Et puis parce qu'en fait, contrairement à ce que le titre pourrait laisser croire, il ne s'agit pas du tout de l'histoire de Sarah et de son lieutenant français, mais bien de celle de Charles Smithson, gentleman plein d'avenir et promis à un agréable mariage, confronté à la manipulation psychologique la plus inattendue, machiavélique et sournoise, et que nous allons donc suivre tout au long de ses mésaventures et de sa déchéance...

Avec en prime un portrait au vitriol de la bonne société victorienne...

J'ai beaucoup aimé !
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Plongée didactique dans l'ère victorienne, Sarah et le lieutenant français, est une oeuvre précieuse pour le lecteur sensible aux problématiques et à l'univers particulier de cette période. Il s'ouvre au mois de mars 1867, époque de fermentation idéologique, marquée par la parution du premier volume du Capital de Karl Marx, par la révolutionnaire idéologie prônée par Darwin et, par celle, non moins audacieuse de Malthus. Charles Smithson est une manière de hobereau naturaliste, paléontologue à ses - nombreuses - heures perdues; il occupe son oisiveté à collecter des spécimens d'échinodermes fossilisés dans sa ville de Lyme Régis, réputée pour abriter en ses entrailles de nombreux témoins d'une ère révolue. Son univers pour le moins pétrifié dans l'ambre de ce curieux hobby et dans son confort est bouleversé par les rumeurs qui entourent une mystérieuse et solitaire jeune femme, Sarah Woodruff, que les commères de la ville ont affublé de l'épithète de "tragique", et qui, dit-on, a eu des "malheurs". Elle entre chez Mrs Poulteney comme dame de compagnie - entendons nous bien- il s'agit plutôt d'une oeuvre charitable de cette dame patronnesse, bien qu'elle reçoit ses gages, envers cette pôvre fille pécheresse, qui a choisit cette maison, malgré d'autres offres plus intéressantes et agréables, à l'incompréhension générale, attendue la réputation de bigote pudibonde de la susdite dame. Cette réprouvée vit le malheur d'avoir une éducation et des aspirations intimes plus élevées que la condition sociale à laquelle elle semble condamnée...

Le roman frappe par le parti pris de narration de son auteur, narrateur contemporain omniscient et omniprésent maniant l'ironie et l'humour, fort de l'expérience acquise par l'humanité depuis cette ère révolue et fossilisée dans le poids de ses conventions obsolètes et hypocrites, et ne renonçant donc pas à la digression, plutôt digne d'un auteur du 18ème siècle comme Fielding, pour n'en citer qu'un. Les références à la littérature de l'ère victorienne sont omniprésentes, chaque chapitre s'ouvrant sur une citation d'oeuvres de l'époque, notamment In Memoriam ou Maud du poète Tennyson; ainsi tout le propos du roman semble revêtir la forme d'un savant pastiche. Il brise ainsi le carcan réaliste et s'épand joyeusement au gré de l'humeur et de l'inspiration; le dénouement est plaisamment déroutant. Cette oeuvre, véritable somme de l'époque victorienne, offre en outre une intéressante réflexion sur la création littéraire
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The French lieutenant's woman
Traduction : Guy Durand

Né en 1926 et décédé d'un cancer l'an dernier, John Fowles est l'auteur de nombreux romans dont deux au moins sont connus par les cinéphiles : "L'Obsédé", porté à l'écran par William Wyler, sombre et curieuse histoire d'un jeune homme qui enlève la femme dont il est amoureux et la séquestre dans une cave, la traitant comme un authentique objet de collection (lui-même collectionne les papillons) et "Sarah et le ..." où Meryl Streep gagna ses galons de star à la fin des années 1970.

Mais le film créait une double intrigue, la première, qui donne son titre au roman, permettant à la seconde, une liaison entre deux comédiens, de se faire et de se défaire pendant le tournage du scénario adapté du roman originel. C'était, pour tout dire, assez mal trouvé. Dans le roman de Fowles, cette partie XXème siècle n'existe pas. Tout s'y passe dans les années 1860, dans l'Angleterre victorienne, et Fowles tente une réflexion intéressante sur la société bien-pensante et bien-croyante de l'époque, s'amusant souvent avec cruauté à en souligner les hypocrisies les plus criantes.
Tout s'articule autour du personnage de Sarah Woodruff, fille de fermier élevée "au-dessus de sa condition" comme on disait alors et devenue préceptrice chez les Talbot. le hasard fait qu'elle y rencontre un lieutenant de vaisseau française ayant échoué en piteux état sur la plage de Lyme Bay. Comme Sarah est la seule à parler correctement français, elle devient, tout au long de la convalescence du marin, son interprète et son interlocutrice privilégiée. Peu à peu, le jeune homme, qui est pourtant marié, se fait pressant et, finalement, la persuade de le rejoindre à Weymouth d'où il réembarquera pour la France. Sarah l'y rejoint ...
Bien entendu, tout se passe mal et la jeune femme se voit contrainte de rejoindre Lyme où elle paraît plonger dans ce que nous appellerions une dépression nerveuse. On la traite désormais comme une "pécheresse" mais il faut bien dire que, si elle repousse tous ceux qui voudraient réellement lui venir en aide, elle n'hésite pas à accepter un emploi de lectrice chez Mrs Poulteney, la seconde Grande Bigote du coin. Sarah serait-elle masochiste ?
Quoi qu'il en soit, sa route va bientôt croiser celle de Charles Smithson, jeune trentenaire de la meilleure société, débarqué à Lyme pour y faire sa cour à Ernestina Freeman, avec laquelle il est fiancé. A partir de là, tout va se dérégler subtilement ...
Du roman du XIXème, Fowles a gardé les longueurs et le sens des digressions. Il faut donc déjà - à mon avis - s'intéresser à la littérature anglaise de cette époque pour ne pas se trouver rebuté par son roman. Les appels au lecteur pourront aussi étonner le lecteur non averti.
En revanche, la maîtrise de l'analyse et la façon dont les problèmes sexuels, ces éternels écueils de l'univers victorien, sont ici abordés appartiennent bien au monde moderne. La construction, qui participe du retour en arrière et des récits entremêlés, appartient elle aussi au XXème siècle. En outre, Fowles maîtrise fort bien son sujet et il est passionnant de le voir disserter sur la représentation de la femme et de la sexualité dans le roman victorien, dresser tel ou tel parallèle entre l'architecture de l'époque et sa mentalité étriquée et repliée sur soi. Tout doucement, il s'applique à transformer cette Sarah qui, souvent, nous apparaît comme une femme passée maîtresse dans l'art de l'intrigue, en une femme moderne avant la lettre et qui a dû ruser avec la société dans laquelle elle était née pour y survivre. Peut-être d'ailleurs n'est-ce pas un hasard si le nom de Becky Sharp, autre "résistante", celle-la pré-victorienne, de la littérature britannique, apparaît dans les premiers chapitres. ;o)
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