Wallace Fowlie (1908–1998) fut professeur de littérature française à Duke en Caroline du Nord. Il étudia tout particulièrement
Stéphane Mallarmé,
Rimbaud,
Stendhal,
Proust.
Son amour pour
Rimbaud lui fait rencontrer, aidé en cela par ses étudiants , un autre poète inspiré,
Jim Morrison, chanteur des Doors, véritable icône de la génération des années 1970, dont l'influence charismatique continuait à s'exercer vingt plus tard, encore accrue par sa mort tragique et prématurée. L' inspiration dionysiaque du leader du groupe, sa beauté, sa démesure sur scène et dans la vie l'avaient transformé entre temps en figure à la fois élue et maudite, en albatros, en demi-dieu du panthéon du rock.
A son tour gagné par cette fièvre communicative ,
Wallace-Fowlie assura au début des années 90 un grand nombre de conférences sur la filiation entre
Arthur-Rimbaud et
Jim Morrison (qui fut très féru de littérature en général, et de poésie française en particulier). Et c'est en 1994, à l'âge de quatre vingt six ans, qu'il publia "
Rimbaud & Morrison, portrait du poète en rebelle", une sorte de synthèse de son travail sur les analogies de thèmes et d'expression entre les deux artistes.
Son livre est érudit et extraordinairement agréable de lecture. Les anecdotes y fourmillent, ainsi que les plongées dans ce qui fut l'oeuvre et l'inspiration créatrice des deux génies. Il se livre à une étude comparée des textes, des vies, des aspirations, nous éblouit par son évocation de la mission du poète, tout à la fois fou, voyou, égaré, voyant, saltimbanque, clown tragique, bouc émissaire, miroir de son temps et de tous les temps.
Et surtout il enchante par le récit enthousiaste, admiratif, émerveillé et lucide de ce que furent ces deux jeunes hommes ; par son ouverture au non conventionnel, au transgressif, à l'excès. Pas de pédantisme ni de ranci chez cet universitaire dont les propos sont éclairés par l'amour de la littérature et des hommes qui, pour la servir, se sont brûlés les ailes. Sa passion le rend éternel alors qu'il voit sa fin proche, lui qui connut
Gide,
Cocteau,
Henry Miller, lui à qui un libraire collectionneur de Nice fit un jour cadeau d'un authentique dessin de Picasso représentant le portrait de
Rimbaud : sans doute voulût-il ainsi récompenser la ferveur, la vie et la joie de connaître, de comprendre et de sentir.