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EAN : 9782021554557
144 pages
Seuil (01/03/2024)
3.65/5   43 notes
Résumé :
« Depuis toujours nous aimons les dimanches.
Depuis toujours nous aimons nous réveiller sans l’horrible sonnerie du matin qui fait chuter nos rêves et les ampute à vif.
Depuis toujours nous aimons lanterner, buller, extravaguer dans un parfait insouci du temps.
Depuis toujours nous aimons faire niente,
ou juste ce qui nous plaît, comme il nous plaît et quand cela nous plaît. »


En réponse aux bien-pensants et aux apo... >Voir plus
Que lire après Depuis toujours nous aimons les dimanchesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Les arrimant solidement au fil de son humour au vitriol, Lydie Salvayre embarque de nouveau les rieurs dans l'une de ces narrations comme elle seule sait les trousser, irrévérencieuses et subversives, et qui, immanquablement, tout au long de l'envoi font mouche. Après son Irréfutable essai de successologie et son constat de la prime à la médiocrité commerciale en matière littéraire, la voilà qui s'en prend derechef au monde marchand pour un éloge de la paresse, cet art subtil et vagabond qui, en ouvrant la porte à l'inattendu et à la pensée, pourrait changer le monde en le ramenant à l'essentiel : l'épanouissement et le bien de chacun.


Autrefois simple moyen de subvenir à nos besoins, le travail est devenu à l'ère industrielle le moyen de produire et de générer des richesses, dans une surenchère de consommation menant à la nécessité de trimer toujours plus pour un bonheur toujours plus inaccessible. « Quel usage faisons-nous de l'énorme accumulation de moyens dont la société dispose ? Cette accumulation nous rend-elle plus riches ? plus heureux ? » La crise du Covid aidant, et avec elle celle du travail quand la souffrance au travail semble devenue le lot commun, Lydie Salvayre nous propose une réflexion dont, pour mieux se faire entendre, elle enrobe l'érudition dans l'insolence cinglante et railleuse d'un discours déclamatoire, à la première personne du pluriel, où elle n'hésite pas à persifler jusqu'à ses propres outrances.


« C'est le travail exagéré qui nous use et nous déglingue » et, poursuit cette fois Nietzsche, nous « soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves », nous plaçant « toujours devant les yeux un but minime [pour] des satisfactions faciles et régulières », car « une société où l'on travaille sans cesse durement jouira d'une plus grande sécurité. » Véritable opium du peuple, cette sécurité nous fait oublier notre condition de mortels pour remettre « à plus tard, à plus loin, à jamais, le temps de vivre qui nous est compté, car les jours s'en vont et… nous aussi » écrit déjà Sénèque. Alors qu'en vérité, constate Baudelaire, « c'est par le loisir que j'ai, en partie, grandi, – à mon grand détriment ; car le loisir, sans fortune, augmente les dettes, les avanies résultant des dettes ; mais à mon grand profit, relativement à la sensibilité et à la méditation ». Sans parler des « trente-six ans d'une paresse entêtée, sensuelle, mondaine, à la fois enchantée et coupable, délicieuse et inquiète, trente-six ans durant lesquels germera, mûrira et croîtra silencieusement la grande oeuvre de Proust : À la recherche du temps perdu »…


Multipliant sous couvert de plaisanterie les références artistiques, philosophiques et politiques – il n'y eut pas jusqu'au gendre de Karl Marx, Paul Lafargue, pour réfuter le droit au travail de 1848 dans son « Droit à la paresse » –, Lydie Salvayre touche à une multitude de sujets essentiels pour nous inciter à repenser, avec d'autant plus d'à-propos que l'Intelligence Artificielle va considérablement rebattre les cartes, « l'organisation du travail en vue d'une meilleure répartition des tâches et des biens. »


Enlevé et hilarant, ce bref roman est, sous ses airs de boutade débridée, un manifeste pour une paresse qui ne serait finalement que sagesse et qui, nous débarrassant du mirage sclérosant de l'Argent, saurait, par un meilleur partage du travail, nous laisser enfin profiter du vrai bonheur d'être et de penser. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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L'éloge de la glande.
Paresser pour penser, telle est la devise de Lydie Salvayre.
Dans une société qui cherche à accélérer le temps, où l'occupation relève de l'obsession, où laisser un enfant s'ennuyer confine à la maltraitance, l'auteure met ses sarcasmes au service des contemplatifs qui se laissent vivre.
Son livre commence comme une plaidoirie du Dimanche immobile, barrage à la clepsydre, danse au rythme de l'oreiller et de la couette chiffonnée, où le temps fait une pause, bercé par le ronron de la machine à laver et seulement dérangé par les joggers connectés, lycraphiles à la foulée terrifiée par l'immobilité. Pour certains, drogués de l'activité, ne rien avoir à faire, c'est se retrouver seul avec soi-même, scroller ses rêves en brasse coulée et prendre le risque de prendre conscience de ses vacuités.
Lydie Salvayre appelle à la barre plusieurs témoins d'immoralité. Baudelaire, capable de faire fleurir le mal partout et qui prescrivait « le travail non par goût mais par désespoir car travailler est moins ennuyeux que s'amuser », Verlaine, pas mal de vers dans son bas de laine, qui associait paresse et caresse, Vian, pour qui « le travail, c'est ce qu'on ne peut pas s'arrêter de faire quand on a envie de s'arrêter de le faire » et même le Virgile de l'entrée qui ne croyait qu'au travail démiurgique du paysan.
De mon côté, je m'abreuve d'autres sources inépuisables comme Guitry qui sur le sujet, conseillait : « Ne faites jamais l'amour le samedi soir, car s'il pleut le dimanche, vous ne saurez plus quoi faire. »
Si la première partie consacrée au repos du guerrier dominical est convaincante, servie par la verve rieuse et colérique de l'auteure et son sens de la formule définitive, je trouve que la suite, souffre d'une maladie dégénérative : la rancoeur. Cette vision réductrice et un peu datée qui ne considère le travail que sous l'angle de l'aliénation et de la servitude, en négligeant tous ceux qui s'émancipent ou s'épanouissent dans le boulot, gâche un peu les promesses du titre.
Dans la Grande Librairie, à la question traquenard de Trapenard, sur le travail du dimanche, que le récit de Lydie Salvayre ignore bizarrement, cette dernière susurra un peu gênée, qu'elle y était favorable, mais uniquement dans les musées et les salles de spectacle. Sortez les pagaies, Madame rame. le travail oui, mais pour répondre à ses petits besoins… pas celui qui enrichit « les apologistes du travail des autres », formule radotée toutes les cinq pages et dont elle semble très fière.
Si la vie ne se mesure pas au profit, le travail n'est pas forcément une maladie.
Billet chômé.
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Par ici les paresseux !
Autant vous prévenir de suite, il y a un sacré problème avec cet essai. Il est très difficile de faire un choix dans les citations, à moins de le quoter en entier (plus facile à faire avec la version numérique). Je fais le choix de le citer en totalité (il ne fait que 144 pages et se lit très bien), mais faute de pouvoir le faire sur Babélio (d'autant que ça doit pas être trop légal), je vous invite plutôt à vous le procurer et le lire afin de bien comprendre le sens de ma critique (et lire par la même occasion un essai sur la paresse et le travail, érudit, passionnant, aux contours poétiques et pamphlétaires, sarcastique et drôle aussi). Vous ne serez pas déçus à mon avis, surtout si vous vous sentez paresseux (à ne pas confondre avec fainéant), ce dont je ne doute pas trop que vous l'êtes, la paresse se manifestant très fréquemment chez les lecteurs apparemment.
Sur ce je vous laisse, je suis pressé. Il ne reste que quelques heures à mon dimanche et j'ai encore tout un tas de trucs à faire comme lanterner, baguenauder, musarder, penser, batifoler, lambiner, badauder, folâtrer, butiner, rêvasser... Et paresser un peu, avant un repos bien mérité.
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Ah que la langue de Lydie Salvayre, si j'osais, est salvatrice ! Toujours au plus proche de la révolte, elle nous pousse avec son nouveau manifeste à la paresse pour nous émanciper des "apologistes-du-travail-des-autres".

Ainsi, en reprenant l'histoire du travail dans sa forme actuelle, Lydie Salvayre constate qu'il existe depuis uniquement deux cents ans. Avant, c'était une activité pour vivre alors qu'elle s'est transformée pour la poursuite du profit et la production de la société marchande au bénéfice d'un nombre restreint d'entre nous. Parallèlement à ce changement, des philosophes, des poètes et des écrivains réfléchissent à un contre-pouvoir avec la paresse.

Trois parties sont construites de façon très classique : l'identification, la dénonciation et les solutions. Ces dernières reprennent largement les travaux de Charles Fourier et évidemment Paul Lafargue avec son Droit à la paresse, Proust, Bertrand Russel, parmi tant d'autres.

Ce n'est absolument pas nouveau mais dans le climat actuel, quel bien cela fait ! En passant par Nietzche et Blaise Pascal et tant d'autres (la liste est dressée à la fin), Lydie Salvayre reprend, à travers cette satire, les réactions littéraires concernant ce changement sociologique. Son humour est du même acabit que sa culture, élevé !

Travail subi !
Malgré ce ton, Lydie Salvayre dénonce le travail non choisi qui fait mal, en citant des exemples. Ainsi, le "nous" de l'écrivaine dénonce l'asservissement actuel du travail en voulant "tayloriser" les tâches comme celles du soin, de l'aide aux personnes, bientôt de l'enseignement, etc. En fait, tous ceux, invisibles, en premières lignes pendant le Covid ! de plus, aux forces de nos gouvernants qui poussent toujours plus au travail, naît lentement une jeunesse qui ne veut plus se réaliser par le travail !

"L'un de nos slogans préférés affirmant que l'on doit : TRAVAILLER MOINS POUR LIRE PLUS."

Le bandeau reprend le slogan Ne travaillez pas, écrit sur un mur parisien, en 1953, par le théoricien du mouvement situationniste Guy Debord et repris en 68 dans les manifestations. Évidemment, rien n'est très neuf dans Depuis toujours, nous aimons les dimanches. Seulement, il semble important d'expliquer que le courant n'appartient pas uniquement à la mouvance actuelle mais fait aussi référence à des mouvements de pensées anciens.

Lydie Salvayre harangue les apologistes-du-travail-des-autres. Pas sûr, qu'ils la lisent ! Mais, qu'importe, puisque ce n'est pas son but ! Pour respirer, pour sourire, pour calmer sa colère, ce petit traité de rébellion tranquille et ironique est à découvrir !
Chronique Illustrée ici
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Quel plaisir, quelle jubilation à la lecture de ce coup de coeur humaniste et civilisationnel de Lydie Salvayre. Un chef d'oeuvre d'humour et d'amour pour une société qui serait parvenue à se libérer de la contrainte d'un travail obligatoire pour subsister, mais non choisi. La charge est lourde mais juste contre « les apologistes du travail des autres », mais « la paresse est l'autre nom de la sagesse »!Travailler moins pour lire plus, puisque la lecture s'acoquine merveilleusement à la paresse, puisque les bons et vrais lecteurs sont très souvent, sinon toujours, de fieffés paresseux. Poétique, mordant, surprenant, cette évocation d'un monde où les gens pourraient avoir une paresse productive (car la paresse, ce n'est pas ne rien faire, mais, s'offrir le temps de penser et de faire ce dont on a envie!) Ajoutons au crédit de l'autrice cette auto-dérision qui jalonne le roman et fait sourire le lecteur et transformons comme elle le suggère, le prosaïque en poétique.
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critiques presse (5)
LeFigaro
21 mars 2024
La romancière se fait essayiste pour contester l’impitoyable monde moderne et vanter le dimanche et les mérites de l’art de paresser.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
13 mars 2024
Une allègre invitation au farniente qu'on aimerait distribuer aux réunions du Medef. Dans cet essai plus tonique qu'émollient chaque mot fait mouche !
Lire la critique sur le site : Bibliobs
OuestFrance
04 mars 2024
Après « Rêver debout », Lydie Salvayre revient avec un nouveau texte idéaliste. À dévorer !
Lire la critique sur le site : OuestFrance
OuestFrance
03 mars 2024
Après « Rêver debout », Lydie Salvayre revient avec un nouveau texte idéaliste. À dévorer !
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeSoir
29 février 2024
Lydie Salvayre fait l’éloge de la paresse.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Nous aimons contempler bêtement les brumes bleues de l'horizon et la balafre noire d'un oiseau dans le ciel.

Nous aimons fumer nonchalamment nos cigarettes, garder un calme hautain face au dernier crachat du député Chiotti (son nom serait-il un aptonyme?) sur lequel vont se jeter avidement tous les scatophages en quête de chiures, refuser d'accorder la moindre attention au "vacarme doré" que déplore le poète, à ces flots d'ignorances et de haines clamées sans la moindre vergogne que des médias vomissent sur nos populations, lesquelles, enthousiasmées, en redemandent,
demeurer attentifs à ne jamais répondre à la haine par la haine, comme ces maudits enfiellés le voudraient, mais tenter plutôt d'en éteindre le feu - plus facile à dire qu'à faire, nous en convenons, ou bien tourner en rond autour des carrefours, in girum imus nocte et consimimur igni, on dit que certaines révoltes naquirent de la sorte il y a quelques années.
page 64-65
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Selon Sigmund Freud, le travail vise à satisfaire nos besoins, mais aussi et surtout à occuper, distraire et faire barrage à cette part pulsionnelle des hommes, cette part sauvage, irrationnelle et prête à bondir sur le premier cul qui s'amène, laquelle, sans ce recours tombé du ciel, sans ce frein miraculeux, sans ce bâton dans la roue des tentations libidineuses qui nous assaillent, nous obsèdent, et avouons-le, nous tyrannisent, risquerait de détruire l'ensemble merveilleusement stable et merveilleusement harmonieux de notre merveilleuse société.
Le travail, se résout-il, est une calamité, mais une calamité fondatrice et une souffrance nécessaire puisqu'elle constitue un obstacle puissant à l'enthousiasme, sinon à la frénésie de nos pulsions génésiques en assurant leur décapitation ou, moins radicalement, leur sublimation.
Ces pratiques rébarbatives sont la condition sine qu'à non à la survie de notre civilisation dont les principes et les vertus ont conquis par leur grandeur et leur beauté, paraît-il, le monde entier.
Or nous, nous proposons, Messieurs, une vision autrement séduisante. Nous proposons de laisser libre en nous cette part érotique qui vous effare et que vous calomniez parce qu'elle porte en elle une puissance de création qui vous inquiète, nous proposons de la laisser paresser en liberté de sorte que chacun puisse la convertir et la transfigurer en d'imprévisibles œuvres. Nous tenons très fort au mot œuvre bien qu'il ait été abusivement adultéré par le mot travail. Peut-on dire de Faulkner, de Woolf, de Modigliani, de Colette, d'un artisan amoureux de son métier, ou d'untel s'adonnant éperdument, impérieusement, irrésistiblement et sans relâche à la passion qui le porte, peut-on dire qu'ils travaillent, avec ce que ce mot trimballe de négativité ? (p. 124-126).
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D'ailleurs, surenchérissons-nous joyeusement : qu'est-ce que le paradis céleste promis par Jésus-Christ aux pauvres en esprit, aux orphelins, aux pacifiques, aux esseulés, aux démunis que nous sommes, et à tous ceux dont le cœur est celui d'un enfant ?
Rien de moins qu'un lieu de béatitude, Messieurs les imposteurs. Un lieu de félicité exquise, un lieu de pure extase dans un jardin ombreux, planté d'arbres divers, baigné de frais ruisseaux que les pluies toxiques ne souilleront jamais, et où nul remuement, nul stress, nulle sirène d'usine, nulle scie à moteur, nulle vapeur d'hydrocarbures, nul ordre aboyé par un contremaître nerveux, n'aura jamais au grand jamais sa place.
Autrement dit : un lieu de paresse I-D-É-AL !
Et merde à ceux qui prétendent que la béatitude éternelle et le bonheur parfait qui régnaient au Paradis de la Bible étaient effroyablement monotones, et que cette pauvre Ève, qui périssait d'ennui bien que rassasiée de toutes les félicités concevables, engagea la conversation avec le Serpent maléfique à seule fin de se distraire ! (p. 129).
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Nous revendiquons très calmement, Messieurs les apologistes-du-travail-des-autres, une paresse
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Nous n'en sommes qu'à nos débuts, mais d'ores et déjà, nous pouvons avancer que :
Désormais, le travail ne nous définira plus. Hors de question ! Et à la demande banale : que faites-vous dans la vie ? (sous-entendu quel est votre job histoire de vous situer infailliblement sur l'échelle sociale et de réagir en conséquence), nous répondrons joyeusement : mille choses dont certaines d'une inutilité totale ! et aucune qui nous tient en laisse !
Désormais, nous ne regarderons plus le travail comme constituant le seul espace où se nouent les liens sociaux.
Désormais, le travail ne favorisera ni n'abaissera personne. Fini ! Fini ! Fini !
Désormais, il ne constituera nullement notre unique centre d'intérêt, ni une fin en soi, ni une triste obligation, ni une exténuante corvée, ni un enfermement dans telle ou telle discipline. Rien de tout ça ! Vous avez compris ? Rien !
Désormais, nous ne le dissocierons pas de nos existences ; nous déciderons, sans GPS, du sens à lui donner ; et nous l'organiserons librement ce que curieusement les tenants bornés de la « libre entreprise » ne peuvent concevoir, incapables d'imaginer de liberté hors celle de s'enrichir.
Désormais, nous ne permettrons à personne de nous couper les ailes. À personne !
Et l'os que vous nous lancez en croyant nous apaiser, vous pouvez vous le mettre... (ici Salvayre va trop loin).
Désormais, nous ne laisserons pas nos forces s'abîmer pour des prunes, ni nos visages s'enlaidir par le rictus de la fatigue.
Désormais, nous nous donnerons le droit de ne pas savoir ce que nous voulons.
Désormais, nous avancerons la tête haute - que le chagrin avait courbée - et le regard hardi - que la fatigue avait terni. Dehors la tristesse qui sécrétait l'amer ressentiment !
Désormais, nos lendemains ne chanteront plus comme des casseroles.
Désormais, nous resterons maîtres de nos horloges et de nos destinées, et ce que l'on désignait jusqu'ici par l'expression « art de vivre » utilisée dans les dictionnaires de cuisine ou les catalogues IKEA, retrouvera enfin toute sa raison d'être.
Désormais, la rage et la révolte qui bouillaient dans nos cœurs devant la violence et la mauvaiseté du monde, nous les convertirons en altière sérénité. Nous serons enfin ce que vous ne vouliez à aucun prix que nous fussions.
Puisque désormais, Messieurs, nous habiterons nos vies !
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Vidéo de Lydie Salvayre
Rencontre avec Lydie Salvayre à l'occasion de la parution de Depuis toujours nous aimons les dimanches aux éditions du Seuil.


Lydie Salvayre, née en 1946 d'un père Andalou et d'une mère catalane, réfugiés en France en février1939, passe son enfance à Auterive, près de Toulouse. Elle devient pédopsychiatre, et est Médecin Directeur du CMPP de Bagnolet pendant 15 ans. Elle a écrit une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
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09/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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