Rachel a 38 ans, ne sait pas clairement où cela la situe dans le spectre des bombes, et n'a plus vraiment le coeur à battre, disons-le. L'amour de sa vie (très exactement, puisque l'amour qu'elle pensait avoir reçu tout le long d'une vie confortable) le mûr Clarence est mort, et son vide absolu. Avec Jack, une conquête bien montée et Jenny, celle qui pourrait être rivale si elle n'était pas si passionnément et exclusivement danseuse de nuit, elle part se dépouiller dans un camp nudiste californien, après s'être teint en un blond quasiment mythologique, ayant pour étrange effet d'embraser celles et ceux qu'elle rencontre. Nous sommes en 1973.
D. Foy souffre et irradie, flambe au centre de sa belle Rachel, et tel un cheval de Troie qu'il a fait entrer au royaume hippie, éreinte les peaux bronzées de ses personnages pour en faire sortir le jus du malheur, du chagrin, de la solitude, de la jalousie ; puis lorsque les corps sont tannés par son style bestial, parfois aboyé ou gémi, envoyé au galop, haché, absolument étranger, il en révèle comme par accident les coeurs bruts, la sérénité arrachée, vaille que vaille, à la brutalité de l'existence. La paix, non négociable.
Il faut avoir creusé jusqu'au sang et être revenu du gouffre pour se livrer, nu, au-dessus, absolument doré. Un texte peu comparable, lu sur épreuves non corrigées ce qui accentue la valeur brute, primitive de l'expérience. Il suscitera tour à tour agacement et empathie, et n'ira pas, bien léché, nous séduire immédiatement, mais nous demandera de faire l'effort de le rejoindre où il se trouve, lui. Et il se trouve chez les grands brûlés.
D. Foy, Brooklyn, un chien et la volonté de disparaître sous les encres, a déjà écrit deux autres romans, Made to Break et Patricide. Il faudra l'y retrouver. (Texte complet sur mon blog)
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