Les deux soeurs avaient été élevées dans une grande maison lugubre sur les hauteurs de la ville, là où on voyait l'écluse. Leur père était un héritier, mais il n'avait rien donné de son vivant. Ni fric, ni amour. La mère s'était remariée avec un professeur de tennis et avait fini alcoolique.
(dans Monomania - 12 septembre - Tatiana De Rosnay)
Noémie Pons des Aubrets a un problème : chaque année, à la Toussaint, quelqu'un vient fleurir sa tombe. Elle s'est d'abord dit qu'il s'agissait d'une erreur. Une homonymie. Mais, rousse aux yeux outre-mer, fille d'un ruiné consanguin de Vendée et d'une concierge de Clichy, elle est aussi singulière que son nom. Ravissante jusqu'à la taille, elle est dotée d'un bassin éléphantesque et de jambes en entonnoir qui la cantonnent aux métiers de caissière ou de standardiste, et la complexent tant qu'elle ne fréquente personne. C'est pourquoi, sachant que son intelligence aléatoire, sa maladie orpheline et son physique inexploitable à 50% ne la mettront pas facilement à l'abri du besoin, ses parents lui ont offert, pour ses 30 ans, une concession à perpétuité au Père-Lachaise.
("J'irai me cracher sur ta tombe" - 30 octobre - Didier van Cauwelaert)