Elle ne ressemble à personne. Elle ne vit pas dans le mensonge. Ni dans l'aveuglement, ni dans le goût de l'argent, toutes ces choses qui font que vous et moi, nous finissons par nous accommoder de la vie. Nous sommes protégés, nous avons... comment dire ? Nous avons l'âme habillée. Elle, elle est vouée à la souffrance. Elle ne sais pas mentir. Elle n'a pas de refuge.
Chaque printemps ramenait le miracle, avec des variantes qui paraissaient infinies. II fallait apprendre à les voir, à observer tout ensemble la fleur, l'oiseau, le ciel et l'eau, déchiffrer l'alphabet secret de la langue paysanne, ses dictons, ses proverbes, sa mémoire obscure et juste, ses millénaires de savoir. Il fallait surtout dépasser l'instant de l'émerveillement, ne pas se laisser éblouir par la beauté du monde. La nature parlait comme un livre, elle racontait le temps, celui qu'il avait fait, celui qu'il allait faire. Rien ne s'y trouvait au hasard, tout était donné à qui savait comprendre [...]
(p. 18 - Éd. Succès du livre)
La fleur est devenue rose, parcourue de très fines veinules. Elle est étonnamment transparente et fragile. Comme les instants de grâce où se dit un mot juste. Ne fut-ce qu'une demi vérité.
Sous ses dehors casaniers, Marthe aimait le changement. Elle s'en méfiait beaucoup pour elle-même, mais elle savait en apprécier la puissance créatrice. Elle a toujours eu le sentiment que la vie, chaque jour, peut changer de cap, elle était persuadée qu'il faut savoir risquer, pour continuer à vivre.
on croit que la haine est un sentiment violent, on aime à penser qu'elle naît brutalement sans controle, sabs résistance possible. Dans l'histoire de Marthe, il en a été ainsi
Il n'y a pas que la vie qui fasse vieillir, les souvenirs s'y entendent encore mieux, quand la mémoire est impuissante à leur trouver un sens.
Restons-nous jusqu'au dernier souffle, comme certains le prétendent, l'enfant que nous avions été ?
Vous êtes seule. Et moi aussi. Ces solitudes se reflètent les unes dans les autres, on appelle ça la famille, l'amitié, l'amour, la haine, au choix... Une accumulation de solitudes, qui se reflètent les unes dans les autres.
Flagrant délit d'amour, flagrant délit d'espoir, rêve qu'un enfant puisse conjurer toute la violence du monde, son implacable dureté.
Les ragots sont comme la mauvaise herbe. Ils poussent n'importe où. Mieux sur la bonne terre.