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Un terrible exploit philosophique! Ce livre offre un voyage à la fois intellectuel et philosophique tellement grandiose, à un point tel qu'on risquerait de se perdre dans les rouages de la religion. Les pensées n'en finissent pas de se tordre, de se mordre...les philosophies s'affrontent, s'effritent, comme quoi le chemin de la vérité est une route raboteuse, tortueuse. Anatole France nous conduit avec verve dans ces chemins sinueux pour nous faire connaitre la vérité, sa vérité...je ne sais pas, en tout cas, une vérité qui met en déroute toutes les connaissances que j'avais sur le christianisme, les philosophes. Anatole France nous relate la vie de Paphnuce, un moine solitaire, ayant tout abandonné, tout ce qui relèvent des joies ou des accomplissement terrestres, pour parfaire son âme ou son esprit dans le désert où il a crée une petite communauté des pauvres dans le corps mais riches en esprit. La vie de Paphnuce ne sera plus jamais la même, le jour où décide d'aller convertir Thaïs, une courtisane qui allume à la fois les planches du théâtre alexandrais et le cœur des hommes. Il ne s'agira pas à Paphnuce de réussir seulement ce projet, mais aussi de résister aux vents qui vont se soulever autour de cette initiative troublante!
Une lecture complexe et envoutante, j'ai apprécié sa portée philosophique!
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« En ce temps-là le désert, était peuplé d'anachorètes. » Rassurez-vous, il n'y a pas que des anachorètes, il y a aussi des cénobites, des cutules, des néphélococcygiens, de l'hysope... Bref, la langue est savante, les références aux mythologies grècque, chrétienne et autres, nombreuses. Je soupçonne Anatole France d'en avoir fait un jeu pour construire une sorte de Dédale littéraire. le ton est mystique, tragique, et parfois philosophique. D'ailleurs, vers le milieu du roman se trouve une scène de banquet écrite à la manière de Platon, sous forme de discussion. le thème, c'est l'ascétisme qui s'oppose aux plaisirs, Paphnuce est l'ascète rigoriste, Thaïs la dépravée, mais évidemment, comme dans toute tragédie classique, les chemins de la vie sont tortueux et pourrait bien jouer des tours à nos protagonistes. C'est une fable philosophique racontée dans le style des tragédies classiques, avec parfois quelques petites pointes d'humour ironique, de grands moments de tension, de réflexion, et des personnages torturés. Ça aurait pu faire un bon livret d'Opéra lyrique, et justement Massenet s'en est chargé : https://www.youtube.com/watch?v=1nKjFBEMpjg. Cela vaut bien une méditation.
J'avoue que je n'avais pas souvent lu de romans de ce type, au style recherché, cultivé, ornementé, et même le thème, la réflexion religieuse, n'est pas du genre à m'attirer, pourtant cette lecture ne m'a pas du tout parut fastidieuse, je me suis laissé prendre au jeu, emporter par le lyrisme. Une lecture envoutante.
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L'un des rares romans d'Anatole France où l'auteur se frotte à l'exercice du sublime, prouvant à ses contemporains qu'il est lui aussi capable d'aborder des sujets graves avec un style pur et grandiose. Anatole France, en traitant de la foi et de l'amour, ne se contente bien évidemment pas d'un point de vue académique mais humanise son récit en le ponctuant de saillies où poignent toujours son ironie sincère, sa mansuétude amusée, sa critique bienveillante. C'est donc un roman plus "rangé" que les autres perles de Monsieur France, mais ne manque ni de profondeur ni de beauté vraie.
A lire absolument !
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Sans doute pas le plus garnement, le plus ouvertement ironique, d'Anatole France. Mais sans conteste un des plus exquis. Les autres critiques en témoignent de manière détaillée.

Venons en au but de cette critique. Il fait beau dehors cet après-midi. Et alors? Nous t'invitons.

Toi qui apprécies la culture et la finesse, Qu'est-ce que tu attends pour lire Thaïs? Viens avec nous chez Anatole, au soleil.
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Le bandeau sur la couverture présente en photo évoque "le dilemme d'un homme entre sa religion et son désir", je dirai plutôt que le roman est construit entre une opposition entre le désir et la mort. Et plus encore qu'une dichotomie, trois termes structurent et tendent le récit : luxure, orgueil et doute, comme les trois démons qui s'adressent à l'abbé Paphnuce.
La luxure, car l'abbé est tenté par l'image de la tentatrice suprême, Thaïs, figure sans cesse renouvelée de la courtisane qui pervertit les hommes par sa beauté en les rendant fous de désir - elle a été danseuse égyptienne, Hélène de Sparte... Thaïs est donc décrite de façon très sensuelle, mais elle apparaît elle-même peu dans le roman comme personnage agissant, elle est vue par les autres. Dans ses visions tentatrices, Paphnuce la voit partout, retrouvant ses courbes dans les dunes du désert, le violet de ses yeux dans les fleurs, la douceur de son regard dans les étoiles...
L'orgueil aussi, car l'abbé confond la voix de Dieu et celle du diable. En voulant rejoignant sa colonne pour y vivre et y prier comme un stylite, il cherche à être reconnu, à être admiré. Il veut devenir un saint, comme son modèle, saint Antoine, et recherche les miracles. Anatole France présente ainsi, avec ironie et anticléricalisme me semble-t-il, la constitution de Stylopolis, la ville du stylite, qui se créé suite à l'afflux de pèlerins, mais aussi de marchands, de charlatans, de prostituées... La réputation de sainteté attire les marchands du temple venu dépouiller les crédules... Même d'autres religieux sont prêts à témoigner de miracles pour eux aussi être reconnus comme les proches de Paphnuce. le véritable saint présent dans le texte est la figure de Théodore, esclave noir, battu, humilié, mais véritable croyant et martyr.
Le doute enfin, car, plus le temps passe, moins Paphnuce est capable de distinguer le vrai du faux, l'ange du démon. Il sombre même dans l'hérésie, étant prêt à adopter l'arianisme - oui, cette oeuvre fait réviser les premiers conciles et les divisions dans le christianisme antique... Celui-ci est présenté comme pire que le doute ou le scepticisme.
La description de la conscience d'un prêtre déchirée entre désir, luxure, tentation, mortification... ne sont pas nouvelles dans la littérature, y compris à la fin du XIX ème siècle - la Tentation de saint Antoine par exemple pour rester dans le même contexte. J'avoue avoir passé un peu vite sur les explications mystiques puisque ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Je trouve dommage que Thaïs ne soit finalement pas le personnage principal car elle aussi est pleine de contradictions et est déchirée. En effet, si les hommes la présentent comme une prostituée, une incarnation de la volupté, c'est une actrice - même si les actrices ont longtemps été vues comme des prostituées. Et, plus encore, c'est une tragédienne de grand talent, qui répète ses rôles. D'ailleurs, elle semble d'abord attirée par la perspective de vie éternelle car cela lui permettra de rester éternellement jeune - et belle. Voilà un motif bien profane...
Oui, si la volupté mystique et les saints de l'Antiquité ne sont pas les thématiques qui me séduisent normalement le plus, ce que j'ai apprécié ici c'est, selon moi, le certain regard distancié posé par Anatole France sur les croyances et les croyants. Pour moi, il n'est pas admiratif d'eux, et il irait jusqu'à se moquer implicitement. En effet, il insiste sur la thématique du théâtre. Dieu est présenté comme un dramaturge, qui met en scène les passions des hommes. Ainsi, dans une de ses visions, Paphnuce voit même Homère aux Enfers, lui qui incarne le récit. Tout pourrait donc être mise en scène et représentation, chacun joue un rôle face aux autres et face à Dieu.
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Résumé :
Le moine Paphnuce s'est retiré dans le désert d'Egypte pour se consacrer à la prière. Mais, il est hanté par son souvenir de Thaïs, une belle actrice qu'il avait croisé autrefois. Il décide de revoir Thaïs et de la sauver en la convertissant au catholicisme. Mais peut-être est-ce une ruse du diable pour le sortir de sa retraite et le mettre en tentation.
Rien n'échappe à l'ironie mordante d'Anatole France dans sa critique impitoyable de la société et de la religion en particulier.

Critique :
Il y a un piège. On pense que c'est roman intellectuel, complexe, à l'ecriture ciselée, aux références culturelles poussées, aux thèmes intellos. C'est pas faux mais il faut insister sur le fait que Thaïs est un livre très drôle et abordable pour tous les lecteurs, grace à plusieurs niveaux de lecture, du roman, à l'essai voire au traité quasi philosophique. Par son ironie subtile mais cruelle, Anatole France nous offre une critique jubilatoire des travers de la société et de la religion. C'est du très bon.
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"Thaïs" (1891) d'Anatole France fait penser inévitablement à "La tentation de St. Antoine" (1874) de Gustave Flaubert. Les deux romans ont le même thème: l'anachorétisme (l'érémitisme) égyptien au début du 4e siècle après J.-C. Flaubert a écrit son roman dans un effort de comprendre le phénomène. France a écrit "Thaïs" avec le but de critiquer l'église catholique en France à la fin du dix-neuvième siècle.
Dans les deux romans les anachorètes souffrent de soif, de faim et des visions de volupté au désert. Cependant, pour St. Antoine l'héros de Flaubert la pire torture est que les démons tentent avec des doctrines hérétiques. Paphnuce, le protagoniste de France a un seule supplice: son amour obsessionnel pour Thaïs, la plus belle courtisane d'Alexandrie.
Paphnuce est finalement un héros catastrophique. Il est fanatique, intransigeant et hypocrite Au début du roman, il est dans une communauté de moines cénobites depuis dix ans. Cependant, il n'arrive pas à oublier Thaïs qu'il avait vue sur la scène à Alexandrie. Il décide de rentrer à Alexandrie afin de la sauver. Quand il arrive à l'improviste chez elle, il es contre toute attente bien accueillie. Un esclave avait déjà convertie Thaïs à la religion chrétienne pendant son enfance et elle est mal à l'aise avec sa vie de courtisane. Elle se laisse docilement conduire à un couvent où elle commence sa nouvelle vie. Sa récompense sera le paradis.
Le problème chez Paphnuce est que le fait d'avoir sauvé Thaïs n'éteint pas son désir pour elle. Il décide de se lancer dans la vie l'anachorète; c'est-à-dire devenir un ermite du désert. Malheureusement, sa nouvelle situation rend sa lutte avec le péché encore plus difficile. Il devient plutôt la proie des visions démoniaques. Inévitablement, Paphnuce l livre son âme au diable et meurt.
Excessivement polémique et peu subtile, "Thaïs" qui possède quand même plusieurs bons points. Son portrait des philosophes de l'époque est excellent. le quart du roman est consacré à une excellente parodie du "Banquet" de Platon. Paphnuce qui est d'une bêtise exceptionnelle perd son débat avec les représentants de toutes les écoles de l'époque (stoïcienne, sceptique, etc.) Pour leur part, les philosophes ont aussi des défauts importants. Il comprennent très mal le christianisme qu'ils considèrent comme une lubie de Constantin qui va disparaitre une fois que le règne de Constantin va prendre fin.
Un autre bon passage survient le soir où Paphnuce mène Thaïs au couvent. Au dernier moment il décide de faire un "Bûcher des Vanités" de tous les objets précieux qui appartiennent à Thaïs. Thaïs est bouche-bée devant un tel gaspillage. À ses yeux, on aurait du plutôt les vendre et faire un don des recettes aux charités chrétiennes. Elle ne dit pas un mot cependant. Elle accepte le bûcher et part sagement pour le couvent. Elle se rend compte néanmoins que Paphnuce est un fou flamboyant.
J'ai très peu aimé "Thaïs". Ca ne m'étonne pas qu'il est peu lu de nos jours.
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