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EAN : 9782361240097
218 pages
Jacques-Marie Laffont (05/07/2010)
3.85/5   36 notes
Résumé :
Paphnuce est un abbé d'un groupe de moines cénobites égyptiens fondamentalistes (IVe siècle après J-C). Il s'est retiré dans le désert pour se repentir de sa jeunesse frivole. Après des années de vie monacale, une vision le pousse à revenir sur les lieux de son adolescence. Illuminé, il se donne pour mission de "sauver l'âme" de Thaïs, courtisane de la ville d'Alexandrie, célèbre pour les qualités de son esprit autant que pour sa beauté éblouissante. Paphnuce va par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un terrible exploit philosophique! Ce livre offre un voyage à la fois intellectuel et philosophique tellement grandiose, à un point tel qu'on risquerait de se perdre dans les rouages de la religion. Les pensées n'en finissent pas de se tordre, de se mordre...les philosophies s'affrontent, s'effritent, comme quoi le chemin de la vérité est une route raboteuse, tortueuse. Anatole France nous conduit avec verve dans ces chemins sinueux pour nous faire connaitre la vérité, sa vérité...je ne sais pas, en tout cas, une vérité qui met en déroute toutes les connaissances que j'avais sur le christianisme, les philosophes. Anatole France nous relate la vie de Paphnuce, un moine solitaire, ayant tout abandonné, tout ce qui relèvent des joies ou des accomplissement terrestres, pour parfaire son âme ou son esprit dans le désert où il a crée une petite communauté des pauvres dans le corps mais riches en esprit. La vie de Paphnuce ne sera plus jamais la même, le jour où décide d'aller convertir Thaïs, une courtisane qui allume à la fois les planches du théâtre alexandrais et le cœur des hommes. Il ne s'agira pas à Paphnuce de réussir seulement ce projet, mais aussi de résister aux vents qui vont se soulever autour de cette initiative troublante!
Une lecture complexe et envoutante, j'ai apprécié sa portée philosophique!
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« En ce temps-là le désert, était peuplé d'anachorètes. » Rassurez-vous, il n'y a pas que des anachorètes, il y a aussi des cénobites, des cutules, des néphélococcygiens, de l'hysope... Bref, la langue est savante, les références aux mythologies grècque, chrétienne et autres, nombreuses. Je soupçonne Anatole France d'en avoir fait un jeu pour construire une sorte de Dédale littéraire. le ton est mystique, tragique, et parfois philosophique. D'ailleurs, vers le milieu du roman se trouve une scène de banquet écrite à la manière de Platon, sous forme de discussion. le thème, c'est l'ascétisme qui s'oppose aux plaisirs, Paphnuce est l'ascète rigoriste, Thaïs la dépravée, mais évidemment, comme dans toute tragédie classique, les chemins de la vie sont tortueux et pourrait bien jouer des tours à nos protagonistes. C'est une fable philosophique racontée dans le style des tragédies classiques, avec parfois quelques petites pointes d'humour ironique, de grands moments de tension, de réflexion, et des personnages torturés. Ça aurait pu faire un bon livret d'Opéra lyrique, et justement Massenet s'en est chargé : https://www.youtube.com/watch?v=1nKjFBEMpjg. Cela vaut bien une méditation.
J'avoue que je n'avais pas souvent lu de romans de ce type, au style recherché, cultivé, ornementé, et même le thème, la réflexion religieuse, n'est pas du genre à m'attirer, pourtant cette lecture ne m'a pas du tout parut fastidieuse, je me suis laissé prendre au jeu, emporter par le lyrisme. Une lecture envoutante.
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Le bandeau sur la couverture présente en photo évoque "le dilemme d'un homme entre sa religion et son désir", je dirai plutôt que le roman est construit entre une opposition entre le désir et la mort. Et plus encore qu'une dichotomie, trois termes structurent et tendent le récit : luxure, orgueil et doute, comme les trois démons qui s'adressent à l'abbé Paphnuce.
La luxure, car l'abbé est tenté par l'image de la tentatrice suprême, Thaïs, figure sans cesse renouvelée de la courtisane qui pervertit les hommes par sa beauté en les rendant fous de désir - elle a été danseuse égyptienne, Hélène de Sparte... Thaïs est donc décrite de façon très sensuelle, mais elle apparaît elle-même peu dans le roman comme personnage agissant, elle est vue par les autres. Dans ses visions tentatrices, Paphnuce la voit partout, retrouvant ses courbes dans les dunes du désert, le violet de ses yeux dans les fleurs, la douceur de son regard dans les étoiles...
L'orgueil aussi, car l'abbé confond la voix de Dieu et celle du diable. En voulant rejoignant sa colonne pour y vivre et y prier comme un stylite, il cherche à être reconnu, à être admiré. Il veut devenir un saint, comme son modèle, saint Antoine, et recherche les miracles. Anatole France présente ainsi, avec ironie et anticléricalisme me semble-t-il, la constitution de Stylopolis, la ville du stylite, qui se créé suite à l'afflux de pèlerins, mais aussi de marchands, de charlatans, de prostituées... La réputation de sainteté attire les marchands du temple venu dépouiller les crédules... Même d'autres religieux sont prêts à témoigner de miracles pour eux aussi être reconnus comme les proches de Paphnuce. le véritable saint présent dans le texte est la figure de Théodore, esclave noir, battu, humilié, mais véritable croyant et martyr.
Le doute enfin, car, plus le temps passe, moins Paphnuce est capable de distinguer le vrai du faux, l'ange du démon. Il sombre même dans l'hérésie, étant prêt à adopter l'arianisme - oui, cette oeuvre fait réviser les premiers conciles et les divisions dans le christianisme antique... Celui-ci est présenté comme pire que le doute ou le scepticisme.
La description de la conscience d'un prêtre déchirée entre désir, luxure, tentation, mortification... ne sont pas nouvelles dans la littérature, y compris à la fin du XIX ème siècle - la Tentation de saint Antoine par exemple pour rester dans le même contexte. J'avoue avoir passé un peu vite sur les explications mystiques puisque ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus. Je trouve dommage que Thaïs ne soit finalement pas le personnage principal car elle aussi est pleine de contradictions et est déchirée. En effet, si les hommes la présentent comme une prostituée, une incarnation de la volupté, c'est une actrice - même si les actrices ont longtemps été vues comme des prostituées. Et, plus encore, c'est une tragédienne de grand talent, qui répète ses rôles. D'ailleurs, elle semble d'abord attirée par la perspective de vie éternelle car cela lui permettra de rester éternellement jeune - et belle. Voilà un motif bien profane...
Oui, si la volupté mystique et les saints de l'Antiquité ne sont pas les thématiques qui me séduisent normalement le plus, ce que j'ai apprécié ici c'est, selon moi, le certain regard distancié posé par Anatole France sur les croyances et les croyants. Pour moi, il n'est pas admiratif d'eux, et il irait jusqu'à se moquer implicitement. En effet, il insiste sur la thématique du théâtre. Dieu est présenté comme un dramaturge, qui met en scène les passions des hommes. Ainsi, dans une de ses visions, Paphnuce voit même Homère aux Enfers, lui qui incarne le récit. Tout pourrait donc être mise en scène et représentation, chacun joue un rôle face aux autres et face à Dieu.
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L'un des rares romans d'Anatole France où l'auteur se frotte à l'exercice du sublime, prouvant à ses contemporains qu'il est lui aussi capable d'aborder des sujets graves avec un style pur et grandiose. Anatole France, en traitant de la foi et de l'amour, ne se contente bien évidemment pas d'un point de vue académique mais humanise son récit en le ponctuant de saillies où poignent toujours son ironie sincère, sa mansuétude amusée, sa critique bienveillante. C'est donc un roman plus "rangé" que les autres perles de Monsieur France, mais ne manque ni de profondeur ni de beauté vraie.
A lire absolument !
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Souffre, Zénothémis, que je t'arrête ici. J'ai déjà d'abord reconnu, dans le mythe que tu nous, exposes, un épisode de la lutte de Pallas Athénée contre les géants. Iaveh ressemble beaucoup à Typhon, et Pallas est représentée par les Athéniens avec un serpent à son côté.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Souffre, Zénothémis, que je t'arrête ici. J'ai déjà d'abord reconnu, dans le mythe que tu nous, exposes, un épisode de la lutte de Pallas Athénée contre les géants. Iaveh ressemble beaucoup à Typhon, et Pallas est représentée par les Athéniens avec un serpent à son côté.
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Pour moi, Lucius, je pense qu'il n'y a point de bonne forme de gouvernement et qu'on n'en saurait découvrir, puisque les Grecs ingénieux, qui conçurent tant de formes heureuses, ont cherché celle-là sans pouvoir la trouver. A cet égard, tout espoir nous est désormais interdit. On reconnaît à des signes certains que le monde est près de s'abîmer dans l'ignorance et dans la barbarie. Il nous était donné, Lucius, d'assister à l'agonie terrible de la civilisation. De toutes les satisfactions que procuraient l'intelligence, la science et la vertu, il ne nous reste plus que la joie cruelle de nous regarder mourir.
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— Il y a des forces, Lucius, infiniment plus puissantes que la raison et que la science.
—Lesquelles? demanda Cotta.
—L'ignorance et la folie, répondit Aristée.
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Il n'appartient pas au gouvernement d'imposer des croyances; son devoir est de donner satisfaction à celles qui existent et qui, bonnes ou mauvaises, ont été déterminées par le génie des temps, des lieux et des races. S'il entreprend de les combattre, il se montre révolutionnaire par l'esprit, tyrannique dans ses actes, et il est justement détesté. D'ailleurs, comment s'élever au-dessus des superstitions du vulgaire, sinon en les comprenant et en les tolérant?
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Vois: je suis mystérieuse et belle. Aime-moi; épuise
dans mes bras l'amour qui te tourmente.
Que te sert de me
craindre? Tu ne peux m'échapper: je suis la beauté de la
femme.
Où penses-tu me fuir, insensé? Tu retrouveras mon image dans l'éclat des fleurs et dans la grâce des palmiers, dans le vol des colombes, dans les bonds des
gazelles, dans la fuite onduleuse des ruisseaux, dans les
molles clartés de la lune, et, si tu fermes les yeux, tu la
trouveras en toi-même.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
F : 0:06 - FLATTERIE - Madame de Sévigné 0:15 - FOU - Delphine Gay 0:25 - FOULE - George Sand
G : 0:34 - GAIETÉ - Robert Poulet 0:46 - GOUVERNEMENT - Marmontel
H : 0:58 - HABITUDE - Pierre-Adrien Decourcelle 1:09 - HOMME - Victor Hugo 1:19 - HOMME ET FEMME - Alphonse Karr 1:32 - HONNÊTES GENS - Anatole France 1:46 - HORLOGE - Alphonse Allais 1:56 - HUMOUR - Louis Scutenaire
I : 2:06 - IDÉAL - Marcel Pagnol 2:17 - IDÉE - Anne Barratin 2:29 - IGNORANCE - Charles Duclos 2:42 - IMBÉCILE - Louis-Ferdinand Céline 2:55 - IMMORTEL - Jean Richepin 3:05 - INJURE - Vauvenargues 3:14 - INTELLECTUEL - Alexandre Breffort 3:25 - INTELLIGENCE - Alain 3:35 - INTÉRÊT - Albert Willemetz
J : 3:46 - JEUNES ET VIEUX - Decoly 3:56 - JEUNESSE - Jean-Bernard 4:09 - JOIE - Martin Lemesle 4:22 - JOUISSANCE - John Petit-Senn
L : 4:33 - LARME - Georges Courteline 4:46 - LIBERTÉ - Henri Jeanson 4:57 - LIT - Paul Éluard
M : 5:05 - MALADIE - Boris Vian 5:18 - MARIAGE - Édouard Pailleron
5:31 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Madame de Sévigné : https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775498-madame-de-sevigne-biographie-courte-dates-citations/ Delphine Gay : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5e/Delphine_de_Girardin_1853_side.jpg George Sand : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/09/George_Sand_%281804-1876%29_M.jpg Robert Poulet : https://www.belgiumwwii.be/belgique-en-guerre/personnalites/poulet-robert.html Jean-François Marmontel : https://www.posterazzi.com/jean-francois-marmontel-n-1723-1799-french-writer-stipple-engraving-french-c1800-poster-print-by-granger-collection-item-vargrc0085347/ Pierre-Adrien Decourcelle : https://www.mediastorehouse.co.uk/fine-art-finder/artists/henri-la-blanchere/adrien-decourcelle-1821-1892-39-boulevard-des-25144380.html Victor Hugo : https://www.maxicours.com/se/cours/les-funerailles-nationales-de-victor-hugo/ Alphonse Karr : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9c/Personnalités_des_arts_et_des_lettres_-_Alphonse_Karr_%28Nadar%29.jpg Anatole France : https://rickrozoff.files.wordpress.com/2013/01/anatolefrance.jp Alphonse Allais : https://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/alphonse-allais-faits-divers.html Louis Scutenaire : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Scutenaire#/media/Fichier:Louis_Scutenaire,_rue_de_la_Luzerze.jpg Marcel Pagnol : https://www.aubagne.fr/actualites-109/marcel-pagnol-celebre-dans-sa-ville-natale-2243.html?cHash=50a5923217d5e6fe7d35d35f1ce29d72#gallery-id-4994 Anne Barratin : https://www.babelio.com/auteur/Anne-Barratin/302855 Charles Pinot Duclos
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