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Citations sur Avant la dernière ligne droite (34)

L'expérience Ocalan s'ajoutait donc à d'autres pour m'inspirer beaucoup de défiance quant à la réalité des apparences affichées par les chefs rebelles d'où qu'ils viennent. Une fois dégagée de la gangue du romantisme, la révolte -révolutionnaire ou non- perd de ses attraits. Les chefs de guerre ont été, avec les hommes politiques, les premiers à m'apprendre que le langage sert davantage à tromper qu'à dire le vrai. Ces gens-là ne peuvent fonctionner que dans la désinformation - seuls les maîtres de la publicité et du viol des foules les surpassent, sans doute. De surcroît, le choix de la violence n'est jamais anodin. Il transforme n'importe qui et pousse invariablement aux extrêmes, même quand ils n'ont pas été choisis d'emblée. Il y a un fatalisme du choix des armes.
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Je sais aujourd'hui que tous les portefeuilles de tous les combattants, de tous les bords, dans toutes les guerres, contiennent tous les mêmes photos: celles de femmes, d'enfants, de parents laissés au loin. La guerre est une succession en cascades de souffrances dans la chaîne des hommes.
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Je me rendais compte que j'avais vécu dans une étonnante forme d'autarcie. Je me souviens avoir dû demander piteusement à un camarade de cours ce que signifiait la "gauche" et la "droite", ces étranges termes géométriques que lui et les autres étudiants ne cessaient d'invoquer à tout propos. Je ne compris rien à ses explications. Après quelques efforts, je laissais tomber avec lassitude. Il faudrait cinq années supplémentaires pour que je m'intéresse vraiment aux questions politiques. Et je devrais tout apprendre à partir de rien, combler un retard sidéral. Cela dit, je ne crois pas avoir perdu quoi que ce soit en ne baignant pas dès ma jeunesse dans un milieu politique quelconque. Bien des œillères et des idées toutes faites m'ont sans doute été épargnées.
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Tout bois sec ayant disparu, il faut aller chercher à la machette le cœur des bois morts les plus gros pour y trouver un combustible, qui se révèle toujours humide et décevant. Bientôt, nous adoptons une nouvelle technique nous permettant de ne plus perdre des heures penchés sur de mauvaises braises à user notre énergie pour en tirer quelques flammes: nous emportons avec nous les tisons éteints de notre dernier feu pour servir au suivant. Afin de conserver ces tisons au sec, nous sacrifions l'une de nos gamelles, à l'intérieur de laquelle nous les entassons précieusement. Elle devient la "gamelle du feu" l'un de nos biens les plus précieux, celui qui cuit nos aliments et nous réchauffe le soir quand nous frissonnons de froid et d'humidité au pied de nos hamacs détrempés. Je me fais alors l'effet d'être redevenu un homme des cavernes emportant partout son feu avec lui, habité par la crainte terrible de le voir disparaître.
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En revanche, la jungle ne nous paraît plus hostile comme au premier jour. Nous commençons à nous sentir chez nous. Nous apprenons. Plus exactement, les Pygmées nous apprennent. Nous sommes devenus meilleurs à la chasse et savons maintenant imiter très honorablement l'appel du crocodile ou de l'antilope; nous avons appris des choses aussi utiles que de suivre à la trace un singe blessé, cuisiner correctement des chenilles sur les braises, construire un abri de feuilles, ou baliser une sente en cassant en deux les basses feuilles du chemin tracé - méthode plus rapide, quoique moins visible; que de marquer les arbres à la machette, à notre manière.
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Les chiques sont une de ces avanies des régions équatoriales dont la nature aurait mieux fait de se passer. Cette variété de puces pond ses œufs sous la peau. Tant que l'on ne crève pas la poche dans laquelle se trouve les œufs, l'inconvénient est modéré. Quand la poche crève, les œufs se répandent dans la plaie, et le processus de ponte ne tarde pas à se multiplier. Le résultat peut être catastrophique: les pieds pourrissent littéralement....
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La vie est devant nous et, comme cette route, elle me semble sans fin. Je me demande aujourd'hui par quel effet de l'inconscience un tel sentiment d'éternité pouvait m'habiter...Le sablier du temps coulait déjà, chaque seconde avait son prix et ne reviendrait jamais. Le compte à rebours était commencé. J'allais devant moi en ignorant que le grand piège de la vie, celui qui guette chacun de nous comme un bandit au bord du chemin, est de consentir à perdre les miettes de ce temps que la vie avare nous concède. Cette vie, j'aimais déjà la courir à perdre haleine, mais je dispersais le temps aux quatre vents; je jetais mon bien le plus précieux par les fenêtres. Je ne savais pas encore compter la seule chose qui vaille la peine d'être comptée. Il me faudrait des années pour comprendre que le temps gaspillé fait partie des fautes que l'on peut commettre contre soi-même.
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J’ai toujours été sensible aux valeurs antiques portées par la philosophie grecque parce que ces valeurs sous-tendent un universalisme qui traverse toutes les époques et toutes les sociétés ; et l’humanisme combattant dont faisaient preuve mes amis me semblait comme une petite flamme issue de ce temps-là, que le souffle du matérialisme d’aujourd’hui n’avait pas réussi à éteindre. (…) Pour le reste, le courage dont ils étaient pourvus était toujours bien dirigé et la fidélité à leur parole quelque chose de non négociable quel qu’en soit le coût, chose fort rare de tout temps. Quant au sentiment de l’honneur qui les habitait, très vif, il n’était pas celui des vaniteux qui s’inquiètent du regard des autres. Il était celui de “l’honneur pour soi“, le seul qui vaille. Ils n’étaient pas de ceux qui disent une chose et en font une autre : ils vivaient ce qu’ils pensaient.
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Ces Naga étaient à coup sûr des hommes d’une autre temps, même si la modernité avait fini par les atteindre ; mais c’étaient des hommes d’honneur, leur parole était sacrée.
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Qu’est-ce qu’une vie, sinon la possibilité d’un apprentissage constant qu’il faut ensuite essayer de transmettre ? Puisque nous ne sommes sur terre que des passeurs dont les maigres flambeaux doivent aller de main en main pour fonder le seul héritage qui vaille.
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