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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est l' Italie, au temps des lavandières, des passeurs, des bateliers, des charrettes à cheval et des auberges.
C'est une histoire de fleuve, de brume et d'eau, de ses gens et de ses animaux.
C'est l'histoire d'un homme, Primo. Un homme du fleuve. De Catarana qu'il a quitté pour la ville et où il y revient pour retrouver quelqu'un qui lui a posé une question quarante ans plus tôt, et à laquelle il n'a pas su répondre.
Un voyage dont il ignore où il le conduira.....

Entre réalisme et magie, un livre qui rappelle les films de Tarkovski, dont Nosthalgia,
et qui m'a aussi fortement fait penser à "La maison des autres" de Silvio d'Arzo.
Un récit riche en sensations, où la douceur de la prose contraste avec la violence des eaux du fleuve d'argent.
Merci Bison.

"Il ne peut pas y avoir de secrets sur le fleuve. L'eau ramène à la surface même les plus lourds.......Le fleuve ne permet jamais à ses hommes d'aller loin. Il les oblige à y revenir, parce que c'est là qu'ils doivent mourir".
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« C'est justement alors qu'il se laissait glisser dans un moment de silence, un après-midi de son automne, que Primo Bottardi se rappela soudain la question que Massimo Civolani lui avait posée quarante-deux ans auparavant ».

Primo décide de partir à la recherche de Civolani, poussé malgré lui vers un ailleurs, c'est un peu comme un appel. Les années ont passé et la réponse de Primo se fait évidente.

Primo va alors rencontrer Artioli et prendre place à bord de sa charrette. Ils remontent ainsi le cours du PÔ. Symbole de la vie qui s'écoule, de la source jusqu'à l'estuaire, des vicissitudes de la vie avec ses joies et ses peines, de l'inconscient. Les souvenirs remontent à la surface ainsi que disait la maman de Primo « Il ne peut y avoir de secrets sur le fleuve. L'eau ramène toujours à la surface même les plus lourds ».

Toute une poésie se dégage de ce texte. Ce qui fait la beauté de ce conte, c'est le style et le décor que la magie de l'écriture dessine sous les yeux du lecteur. Bruits, senteurs, couleurs, saveurs, sensualité des corps : le passage qui traite de l'apparition d'Erlinda belle est à couper le souffle. Mais toutes les rencontres sont belles, tous ces êtres qui vivent au rythme du fleuve sont attachants, leur simplicité touche au coeur. le fleuve les nourrit, les effraie, lui qui est tour à tour paisible et cruel. Mais comme le souligne le titre, toutes ces personnes ont le fleuve qui coule dans leurs veines, c'est leur identité qui s'est façonnée au rythme du fleuve. « Notre monde est ici, entre les digues, et c'est là que nous voulons mourir. En dehors c'est la terre des autres ».

Cette lecture renvoie au Styx, au Jourdain, au Gange, à tous ces fleuves mythiques qui jalonnent les croyances. Il y a deux berges, un pont enjambe les deux rives, passer le bac n'est ce pas renaître pour l'éternité ou bien transgresser ou alors peut-être changer d'état ?

La lecture de ce conte a été pour moi une parenthèse harmonieuse qui m'a transportée dans un autre univers. Merci Bookycooky pour cette jolie découverte.

Dario Franceschini, homme politique, a obtenu le prix du premier roman de Chambéry 2007.
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Au fil du Pô, au fil des rencontres, au fil des contes, Primo Bottardi remonte le cours de ses souvenirs.

Il a fait un rêve, et il faut qu'il retrouve un vieux copain d'école, perdu de vue depuis longtemps, pour répondre à la question qu'il lui avait posée et à laquelle il n'avait jamais répondu.

Un voyage initiatique? Un voyage symbolique? Un voyage métaphysique?

Une ballade-ou une balade- entre deux eaux, entre deux brumes, entre deux crues, le long du fleuve capricieux et traître, dans sa fausse indolence et ses vraies tempêtes.

Un pays où les hommes sont des enfants perdus dans le brouillard, où les toutes petites filles collectionnent des petits bouts de peau, de cheveux comme un vieux savant collectionnerait les coléoptères, un pays de pêcheurs d'esturgeons géants, un pays de magiciens ambulants et de baigneuses troublantes.

C'est un joli voyage, plein de poésie, d'ironie, de nostalgie et même d'effroi, car on ne sait jamais ce que les méandres du fleuve réservent. Ni dans quel sens coule le flot...
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Ce petit livre est une parenthèse enchantée quand les désastres belliqueux du monde et les miasmes sordides de faits divers honteusement récupérés polluent notre envie légitime de sérénité. Quel plaisir de se porter pour un instant hors de ce temps tumultueux et de cheminer dans cette Italie pour laquelle nous investissons tant de rêves… de cette terre où naquirent tant de poètes et de philosophes, il n'y a rien d'étonnant à ce que ce conte relève de ces deux catégories. Suivre le destin de Primo (se pourrait-il qu'il s'agisse d'un discret hommage au grand Levi ?) et ses aventures le long du Pô est l'occasion de partager des rencontres soit insolites, celle des pêcheurs d'esturgeons, soit plus attendues dans ces contrées, comme celle des gens du cirque.
Pourquoi dès lors ne pas attribuer à Franceschini des galons de général d'armée ? En parcourant ces lignes et tout en avouant une connaissance très parcellaire de la littérature transalpine, je ne pouvais m'empêcher de penser à une hybridation entre le Buzzati du Désert des Tartares et le Calvino du Baron Perché. Un air de déjà lu, un joli tour de magie… le seul moyen de vérifier si cette assertion n'est qu'une manifestation de mauvaise foi, sans doute imputable au syndrome de Materazzi* ou s'il s'agit d'une remarque fondée, sera de découvrir cette oeuvre. Dans l'un ou l'autre cas, vous aurez malgré tout le privilège de passer un bon moment. C'est toujours ça de pris !
* syndrome de Materazzi : pathologie bénigne consistant depuis le 9 juillet 2006 à soupçonner tous les natifs de la Botte d'avoir dans leurs gênes, un chromosome les incitant à truquer dans tous les domaines.
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De nombreux personnages émaillent ce roman.
Primo Bottardi, d'abord, sa femme, le souvenir de toute sa famille, de ses amis d'enfance, les compagnons de rencontre….. et puis surtout le Pô, avec ses brouillards, ses crus, ses sécheresses, ses colères….
Primo entreprend un voyage pour retrouver un ami d'enfance à qui il n'avait pas su répondre à une question quarante ans plus tôt.
Et nous voilà partis avec lui dans les campagnes, les villages, les berges du fleuve
Un beau voyage poétique, mélancolique, lent et pittoresque.
Un bon moment de dépaysement dans une ambiance italienne.
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Un jour un homme part à la recherche d'un ami afin de répondre à une question qu'il lui avait posé il y a de nombreuses années.

Sa quête va l'amener très loin, aux confins de lui-même...

Très beau récit à dimension merveilleuse avec magicien en fin de carrière et brouillard qui fait se perdre les hommes.

La question, nous ne la découvrons que dans les dernières lignes qui irisent le livre d'une grande évidence... Beau et intéressant !
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Quelle question Massimo Civolani a-t-il posé à Primo Bottardi dans sa jeunesse, et qui brusquement, plus de quarante ans après, entraîne son ami dans un périple le long du Pô à la seule fin d'y répondre enfin ?
A l'aube de la vieillesse, Primo Bottardi quitte sa douce épouse Maria et son village de Cantarana pour s'atteler à cette étrange quête, retrouver l'ami perdu afin de répondre à cette question laissée sans réponse.
Primo prend alors la route, suivant les méandres du Pô au pouvoir tout puissant, où hommes et femmes s'escriment à en tirer les ressources vitales, ce fleuve d'argent au courant hypnotique qui leur donne en retour le meilleur et le pire, le désir et l'amour, la vie mais aussi la mort…
C'est un voyage lent et tranquille qu'entreprend Primo, une forme d'ultime errance où la mémoire libérée laisse jaillir les souvenirs, les sensations, les odeurs et les sons, le temps d'avant, celui de la jeunesse.
Un chemin jalonné de rencontres, de relations douces et éphémères avec les gens simples et humbles qui vivent au bord du fleuve, pêcheurs d'esturgeons, lavandières, charretiers ou passeurs de berges…

L'italien Dario Franceschini a écrit un petit bijou de texte doux, harmonieux, apaisant.
Des mots simples qui parlent au coeur, des phrases d'une poésie épurée qui imprègnent l'être de tendresse et de sérénité, qui vous enveloppent d'un voile de mélancolie douce comme la brume blanche et irréelle qui nimbe les eaux du fleuve.
Une écriture pleine de grâce qui vous étreint, vous retient, vous donne envie de prolonger la lecture, la ralentir et laisser le temps se suspendre sur ces mots si pleins de mélodie claire.
Un très bel hommage au Pô, au fleuve qui donne et qui reprend, « entraînant vers la mer les déchets, les tristesses et les regards des hommes », et à tous ceux qui portent dans leurs veines cette eau d'argent mêlée à leur sang.
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Un matin, Primo, un homme de cinquante-soixante ans, décide de retrouver un ami d'enfance qui lui avait posé une question secrète à laquelle il n'avait jamais répondu. Ce voyage le ramène dans la région de son enfance, un lieu baigné, habité voire guidé par ce fleuve majestueux, vivant, changeant et prégnant qu'est le Pô.

Ce roman est d'une étrangeté poético-magique! Vraiment je ne saurais pas le définir autrement. J'ai perçu la quête de Primo non pas comme un voyage initiatique mais comme un voyage qu'il fait au-dessus de lui-même et de toute sa vie, me donnant presque l'impression qu'il était déjà dans un autre monde. Par exemple il se souvient du jour de sa naissance (!), croise un forain qui était déjà bien âgé quand Primo n'était qu'un enfant et fait un bout de route avec un homme lui contant, non pas comme une légende mais comme un fait, l'histoire d'un village dans lequel les habitants se réveillent chaque matin sans savoir qui ils sont!

Quant à la poésie, elle est à chaque page, mêlée à des idées extraordinaires d'inventivité et de poésie :

"Il avait toujours confondu le silence et le froid (…) Il avait commencé à comprendre et n'eut plus aucun doute lorsque sa mère lui parla de ce vieil oncle mort dans un étang, qui confondait depuis sa petite enfance l'obscurité et le froid et qui, pour ne pas en mourir, avait toujours dormi les volets ouverts, se réchauffant à la faible lumière de la nuit. " (pp.13-15)

ou bien encore :

"Vois-tu, dit-il en chassant la poussière du dos d'un volume relié de cuir rouge, petit déjà, lorsque je restais éveillé toute la nuit à lire un livre, je ne supportais pas l'idée que les hommes et les femmes que je venais de voir doivent finir serrés et immobiles dans une bibliothèque. Je revois encore la sérénité de ces deux vieillards qui avaient cédé à l'amour après une longue vie d'attente. C'est là que le désordre a commencé. Arrivé au dernier mot du livre, je n'ai pas supporté l'idée qu'après s'être attendus aussi longtemps, Fernina et Florentino soient contrains de goûter le court bonheur su désiré qu'il leur restait à vivre écrasés entre les livres d”une étagère exiguë. Alors, je les ai laissés libres de s'aimer dans tous les lieux de la maison où leur livre s'est déplacé au cours des années." (pp.21-22)

Ça et là des éléments fantastiques, comme ces quelques signes, des yeux grands et sombres notamment, qui se répètent, tels des présages.

Et puis ce roman c'est une déclaration d'amour au Pô et à une époque, quelques décennies en arrière, où la vie des habitants était intimement liée à celle du fleuve qui est un personnage à part entière de cette histoire. Un fleuve auquel les personnages sont liés à vie car il coule dans leurs veines et ne les quitte jamais, même s'ils partent dans une autre région.

"Nous la regardons chaque matin, nous la buvons, elle nous fait vitre, nous en rêvons la nuit. Notre monde est ici, entre les digues, et c'est là que nous voulons mourir. En dehors, c'est la terre des autres." (pp.99-100)

Malgré une dernière page trop explicative, trop explicite même, là où tout avait déjà était dit, ce court roman original, à l'ambiance si particulière d'une époque révolue au rythme lent, est une belle découverte .

Je remercie les éditions Gallimard (collection folio) et Babelio pour cette lecture qui entre dans le cadre du challenge de Nane.
Lien : http://alombredemoncannelier..
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Dès l'incipit j'ai été conquise. On pénètre dans une histoire d'eau et de brouillard.
" L'air humide l'enveloppa dans une étreinte inquiétante qui le fit tituber."

Je ne présente pas l'argument du roman, la quatrième de couverture et les lecteurs l'ont suffisamment fait.
Le fleuve est omniprésent, il est l'élément important.
" Pour la première fois de sa vie, Primo eut l'impression de n'être qu'une partie du grand fleuve."
L'intimité entre la nature et l'homme est profonde. L'auteur dit son amour pour sa terre et ceux qui y vivent: pêcheurs d'esturgeons aux conditions difficiles entre autre.

Avec une écriture classique, Franceschini nous invite à partager le voyage plein des souvenirs du protagoniste, son émouvante nostalgie et ses présages inquiétants. Il ne semble pas y avoir de différence entre rêve et réalité.
La tension émotive est palpable.

" L'unique voyage qu'un homme peut entreprendre pour répondre à ses propres demandes est le voyage à l'intérieur de lui_même , de ses propres racines." Angelo Ricci


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Dans un style poétique et proche de la nature, Franceschini nous emmène sur les rivages du fleuve Po, à la suite de Primo Bottardi, sur les traces de son passé. C'est beau, contemplatif et réaliste à la fois. J'ai épousé avec délice les courbes de ce fleuve immémoriel et insaisissable dans les mots de Franceschini. Un écrivain à suivre!
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