Mensch gehört zu Mensch

+++++++ L'HOMME APPARTIENT À L'HOMME +++++++

Un petit fascicule (une quarantaine de pages seulement) qui a été distribué gratuitement par une maison d'édition, fondée en 1844 à Hambourg et qui a toujours défendu les valeurs humaines et religieuses cardinales, même pendant la période noire du nazisme.

L'objectif de cet ouvrage est d'évoquer l'homme comme un être fondamentalement social. Il y a plusieurs photos surtout d'enfants, de vieilles personnes et de malades - comme la belle photo sur la couverture - qui visent à démontrer cette réalité. Tout comme la collection des 9 contributions écrites, rassemblée par Esther Frank, professeur de littérature yiddish et hébraïque à l'université McGill de Montréal.

Le premier texte est de Pete Hamill, un journaliste et écrivain de Brooklyn, mais d'origine irlandaise, qui vient de mourir le 5 août dernier, à l'âge de 85 ans. le titre en est "Le retour à la maison" ("Heimkehr"). Un groupe de 3 jeunes filles et 3 garçons a pris le bus à destination de la lointaine Floride. Sur le bus, ils remarquent un drôle de personnage qui se tient à part et qui s'appelle Vingo. Ils engagent la conversation avec ce Vingo qui leur apprend qu'il sort d'une longue peine de prison et qu'il a écrit à son épouse que si elle ne le veut plus qu'il comprenne et repartira sans l'importuner. Mais au cas contraire, de nouer un chiffon jaune autour du tronc du grand chêne juste devant leur maison. Arrivé enfin dans son village, tout le monde voit un énorme chêne avec au moins une centaine de chiffons jaunes. Les jeunes jubilent, Vingo sort.... Il est rentré !
Pete Hamill est l'auteur d'un livre remarquable "Vietnam, la guerre en face", une histoire de cette guerre, mais en images.

"Le portier" est une nouvelle de Elly Heuss-Knapp, née à Strasbourg en 1881 et décédée à Bonn en 1952 et comme l'épouse du président Theodor Heuss (1884-1963) la première First Lady de la République fédérale d'Allemagne. Elle est l'auteure de "Souvenirs d'une Allemande de Strasbourg", hélas actuellement introuvable.
À l'arrivée des nazis au pouvoir, le jeune Karl est envoyé dans un camp de rassemblement pour Juifs. Son père, un médecin avait marié une jeune Juive, morte il y a longtemps, et s'était remarié avec Frau Bernhard, une dame allemande, à qui il avait confié le môme. Après la mort du toubib elle était la seule à prendre soin du gosse. Avec de la nourriture et des friandises elle se rend à l'endroit où Karl est emprisonné et remet son paquet au portier, précisant qu'il peut garder la moitié s'il remet l'autre moitié à son fils. Les jours suivants ce scénario se répète... jusqu'au jour où le portier, sans dire un mot, a "libéré" l'adolescent.

La contribution du Prix Nobel littérature, Heinrich Böll (1917-1985), sur la relativité de la richesse matérielle m'a légèrement déçue comme étant de portée trop générale.

La dernière contribution, qui porte d'ailleurs le titre de l'ouvrage, est l'oeuvre d'un Prix Nobel de la Paix (1952), médecin, théologien (protestant), missionnaire et musicien, Albert Schweitzer (1875-1965).
Cet homme exemplaire à de nombreux points de vue, explique comment les 2 sentiments qui ont marqué sa jeunesse, ont déterminé aussi ses vocations et efforts : le bonheur d'un environnement amical et aimable et la réalisation des grands malheurs dans le monde.
Un texte riche et profond, qui rend tout résumé illusoire.

Je termine, par contre, par l'anecdote de la gamine de 7 ans, qui, après la messe du dimanche, répond à son père qui lui demande ce que le prêtre a dit : que les parents devraient moins interroger leurs enfants et assister eux-mêmes davantage au service dominical !