Citations sur Deuil et mélancolie (13)
Le deuil est, d'ordinaire, la réaction à la perte d'un être aimé, ou bien d'une abstraction qui lui est substituée, comme la patrie la liberté, un idéal, etc.
Les causes de la mélancolie dépassent, pour la plupart, la situation claire de perte de due à la mort.
Dans le deuil, le monde est devenu pauvre et vide ; dans la mélancolie, c’est le moi lui-même.
Des trois présupposés de la mélancolie : perte de l’objet, ambivalence et régression de la libido dans le moi, nous retrouvons les deux premiers dans les reproches de contrainte consécutifs à des décès.
Le rapport à l’objet n’est pas chez [le mélancolique] un rapport simple, il est compliqué par le conflit d’ambivalence. […] Il se trame donc dans la mélancolie une multitude de combats un à un pour l’objet, dans lesquels haine et amour luttent l’une avec l’autre, l’une pour détacher la libido de l’objet, l’autre pour affirmer cette position de la libido contre l’assaut.
[…] Les malades, habituellement, parviennent encore, par le détour de l’auto-punition, à exercer leur vengeance sur les objets originels et à tourmenter ceux qui leur sont chers par l’intermédiaire de l’état de maladie, après qu’ils se sont livrés à la maladie, afin de ne pas être obligés de leur manifester directement leur hostilité.
[La perte est passée de l’objet au moi:]
De cette façon, la perte d’objet s’était transformée en une perte de moi, le conflit entre le moi et la personne aimée en une scission entre la critique du moi et le moi modifié par identification.
Si l’on écoute patiemment les multiples auto-accusations du mélancolique, on ne peut finalement se défendre de l’impression que les plus fortes d’entre elles conviennent souvent très peu à sa personne propre, mais qu’au prix de modifications minimes, elles peuvent s’adapter à une autre personne que le malade aime, a aimée ou devrait aimer. […]
Tout ce qu’ils disent d’abaissant sur eux-mêmes est, au fond, dit d’un autre ; et ils sont bien loin de témoigner, à l’égard de leur entourage, l’humilité et la soumission qui seules conviendraient à des personnes indignes ; bien au contraire, ils sont tourmenteurs au plus haut point, toujours comme s’ils étaient atteints et comme si un grand tort leur avait été fait.
Appliquons maintenant à la mélancolie ce que nous avons appris du deuil. […] L’objet n’est peut-être pas réellement mort, mais il s’est trouvé perdu en tant qu’objet d’amour (cas, par exemple, d’une fiancée abandonnée). Dans d’autres cas encore, on croit devoir s’en tenir à l’hypothèse d’une telle perte, mais on ne peut pas clairement reconnaître ce qui fut perdu, et l’on est, à plus forte raison, en droit d’admettre que le malade, lui non plus, ne peut saisir consciemment ce qu’il a perdu.
Le deuil est régulièrement la réaction à la perte d’une personne aimée ou d’une abstraction venue à sa place, comme la patrie, la liberté, un idéal, etc.