De l’Ohio à l’Oregon, du Wyoming à… un type prénommé Dalt ? J’avais déjà la chance de pouvoir contempler les Tétons toute la journée, de voir le soleil les dorer chaque matin, les araser au fil des heures, pour ne rien laisser d’autre qu’une silhouette pourpre au crépuscule. Et je le faisais depuis un raft, les mains agrippées aux pagaies, un groupe de touristes admiratifs à ma botte.
Aucun adultère dans mon passé. Je n’ai jamais fait marcher quelqu’un, jamais couru plusieurs lièvres à la fois. De la monogamie en série. Et quand c’est terminé, c’est terminé. Mon côté Reine des glaces.
Personne d'autre que toi, Mad. Personne d'autre que toi ne menacerait de tuer quelqu'un parce qu'il ne l'aurait pas correctement enterré.
Et à cet instant précis seulement, j'avais compris que si c'était ce qui nous attendait, l'enfer, une vue parfaite de toutes nos rivières fusionnées, je resterais auprès de Dalt quoi que la vie nous réserve, pour y aller avec lui.
J'éviterai de penser à ce qui m'attend sur le long terme. N'est-ce pas la condition préalable numéro un pour avoir un bébé ? Ne pas réfléchir ?
- Il faut qu'on les prévienne, Dalt. Absolument, absolument, il le faut.
- De quoi, Mad ? Les prévenir de quoi ?
- Je sais pas. La vie.
- Combien elle est belle ?
- Oui voilà. C'est exactement ce que je pensais.
(...)
- Je les préviendrai, dit-il. De faire très attention au bonheur. Je leur dirai qu'il risque de les prendre par surprise, de leur couper le souffle, et qu'ils en voudront toujours plus.
Ravagés. C'est le seul mot qui commence à s'en approcher. J'aimerais parler une langue étrangère, connaître un verbe que je pourrais conjuguer à l'infini. Je l'ai ravagé. Il m'a ravagée. On s'est ravagés.
"Dévoragés", ...