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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je ne suis pas près d'oublier le début de ce livre tout rose : L'incipit décrit une scène de neige qui recouvre de sa blancheur immaculée une chaumière que nous devinons assez précaire, comble les creux et les fissures, dissimule la végétation ainsi que le portail moisi, le poulailler, les cabinets, situés donc à l'extérieur, elle cache tous les signes de pauvreté mais aussi le précieux potager qui permet de se nourrir. Quelques pages plus loin, nous assistons au malaise et à la chute d'une vieille femme qui vit dans cette chaumière, chute qui lui sera fatale. Elle aussi sera recouverte de blancheur, d'un drap, qui va, comme la neige au dehors, ne laisser paraitre que les reliefs et les saillies, cacher les affres d'un corps vieillissant.
J'ai beaucoup aimé ce parallèle et ai trouvé cette entrée en matière exceptionnelle. Les derniers instants de la vie de Dot nous sont racontés avec pudeur et beauté. La découverte de son corps par ses deux enfants, deux jumeaux de cinquante et un ans, une fille, Jeannie, et un garçon, Julius, tout aussi prenante et touchante.

Immédiatement c'est la précarité et la marginalité de cette famille qui imprègnent l'atmosphère du livre. Les deux « enfants » n'ont jamais quitté leur mère. C'est elle qui décidait de tout et tenait les cordons de la bourse. Aucun des deux n'a fondé de famille, aucun n'a d'enfant. Nous comprenons que Jeannie ne sait ni lire ni écrire, ne travaille pas, surprotégée depuis son enfance du fait d'une grave maladie au coeur, et Julius trouve toujours quelques petits boulots à droite, à gauche, permettant de ramener un peu d'argent. Pour ne pas abandonner sa soeur malade, il n'a jamais quitté le cottage lui non plus. Au moment de la découverte du corps, depuis peu, l'électricité est coupée faute d'avoir été payée. Cette maison, dans laquelle ils ont toujours vécu, même après la mort accidentelle de leur père lorsqu'ils étaient enfants, est dans son jus, délabrée, à peine salubre, et en ce mois d'avril enneigé, particulièrement froide et humide. Pourtant c'est chez eux, une maison dans laquelle il y a tous leurs souvenirs et leurs habitudes, une maison dans laquelle ils aiment jouer de la musique et chanter, jardiner et chasser. C'est une vie certes simple mais heureuse, une vie saine et rurale.

« le jardin remonte peu à peu la pente de la colline, de telle sorte qu'en s'asseyant sur le banc qui la domine on contemple l'ensemble des bandes de terre, toutes les plantations, jusqu'aux pommiers et aux cerisiers derrière l'ancienne laiterie, et vers le chemin et le bois de hêtre au-delà. du romarin et du thym poussent près de la maison, de la livèche et de l'angélique, et en été du basilic et de l'estragon. En bordure ouest du jardin se trouve la cage de fruits remplie d'anneleurs du framboisier, de cassissiers et de groseilliers. le jardin est orienté au sud, à l'abri, et les plantations, qui n'ont jamais été aspergées de fertilisants chimiques ou d'insecticides, prospèrent dans ce sol limoneux ».

Livrés à eux même désormais, aussitôt la mort de leur mère va faire émerger d'angoissantes questions financières : alors qu'ils découvrent la petite caisse, dans laquelle leur mère déposait l'argent du foyer, vide, comment vont-ils payer le cercueil, la cérémonie de l'enterrement alors qu'ils sont sans le sou ? Et comme les soucis n'arrivent jamais seuls, les jumeaux découvrent que leur mère a des dettes, notamment vis-à-vis du propriétaire du cottage, ce qui est curieux car la famille a un « arrangement » avec lui, ils n'ont pas à payer de loyer.

C'est alors la dégringolade, l'expulsion, la débrouille, la honte…et ce fut un peu la baisse de mon propre intérêt de lectrice pour ce livre également, je dois avouer.
Autant j'ai aimé la façon de narrer leur vie dans une sorte de caravane trouvée dans un terrain vague, j'ai été touchée par les angoisses de Jeannie qui se bat pour trouver un travail, sa honte dans cette société où ne pas savoir lire et ne pas avoir de compte en banque marginalisent et stigmatisent, sa dignité et son courage, les dangers de ce mode de vie, j'ai été marquée également par Julius, déchiré entre la loyauté qu'il éprouve pour sa soeur et son désir de liberté et d'amour. Autant les secrets, lourds, de Dot, qui refont surface, ne m'ont pas du tout convaincue, j'ai eu du mal à leur accorder du crédit et cela a douché mon enthousiasme pourtant réellement éprouvé jusqu'à la moitié du livre.


Au moyen d'une écriture subtile et pudique, sans pathos ni sensationnalisme, sans manichéisme aussi, Claire Fuller nous raconte la très grande précarité dans l'Angleterre de l'après-Brexit. Si j'ai aimé l'ambiance du livre et les personnages auxquels je me suis attachée, je n'ai pas été pleinement convaincue par les secrets qui se révèlent au fur et à mesure du livre. J'ai trouvé qu'ils manquaient de subtilité étonnamment. Je termine ainsi ma lecture avec un avis quelque peu en demi-teinte. Néanmoins, pour l'ambiance, pour l'écriture, pour la façon de décrire la précarité et la marginalité, se livre vaut le détour !


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