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Citations sur Le livre des étreintes (38)

L’amour peut être provoqué, en laissant tomber une poignée de poussière de aime-moi, comme par négligence, lors d’un café ou d’une soupe ou d’un verre. On peut le provoquer, mais on ne peut pas l’empêcher.
L’eau bénite ne l’empêche pas, la poudre de l’hostie ne l’empêche pas; l’ail n’est pas utile non plus. L’amour est sourd à la Parole divine et au sort des sorcières.
Il n’y a aucun décret de gouvernement qui puisse l’arrêter ni une potion capable de l’éviter, même si les vivandières proclament, dans les marchés, des breuvages infaillibles avec garantie et tout.
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LE SYSTÈME / 3

Si t’es pas un peu futé, tu risques de te faire buter. Tu es forcément l’emmerdeur ou l’emmerdé, le trompeur ou le trompé. Nous sommes à l’ère du que m’importe, du t’en mêle pas, du laisse tomber, du sauve qui peut. Ère des tricheurs : la production ne rapporte pas, la création est inutile, le travail ne vaut rien.

Dans la région du Rio de la Plata, nous appelons le cœur nigaud. Non parce qu’il s’amourache, mais parce qu’il travaille beaucoup trop.
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CÉLÉBRATION DES NOCES DE LA PAROLE ET DE L’ACTE

Je lis un article écrit par le dramaturge Arkadi Rajkin, publié dans une revue de Moscou. Le pouvoir bureaucratique, explique-t-il, fait que jamais ne coïncident les actes, les paroles et les pensées : les actes restent sur le lieu de travail, les paroles dans les réunions et les pensées sur l’oreiller.

La force de Che Guevara, selon moi, cette mystérieuse énergie qui va bien au-delà de sa mort et de ses erreurs, vient en grande partie d’un fait bien simple : il fut un des rares à dire ce qu’il pensait et à faire ce qu’il disait.
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MÉLANCOLIE

Mes certitudes se nourrissent de doutes dès le matin. Et il y a des jours où je me sens étranger, à Montevideo et n’importe où ailleurs. Ces jours-là, jours sans soleil, nuits sans lune, je ne suis chez moi nulle part et je ne me retrouve en rien ni personne. Les mots ne ressemblent pas à ce qu’ils nomment et ne ressemblent même pas à leur propre son. Alors, je ne suis pas là où je suis. Je laisse mon corps et je m’en vais, loin, nulle part, et je n’ai pas envie d’être avec qui que ce soit, pas même avec moi-même. Je n’ai pas de nom et je ne veux pas en avoir : je n’ai aucune envie de m’appeler ou d’être appelé.
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LES TRADITIONS FUTURES

Il n’y a qu’un lieu où hier et aujourd’hui se rencontrent, se reconnaissent et s’étreignent, et ce lieu, c’est demain.

Certaines voix du passé américain le plus lointain résonnent comme si elles venaient du futur, comme ces voix anciennes qui nous disent encore que nous sommes les enfants de la terre et que notre mère n’est ni à vendre ni à louer. Alors que pleuvent les oiseaux morts sur la ville de Mexico, que les rivières sont devenues des cloaques, les mers des décharges et les forêts des déserts, ces voix obstinément vivantes nous annoncent un autre monde, différent de celui-ci, qui empoisonne l’eau, l’air et l’âme.

Les voix anciennes qui nous parlent de communauté nous annoncent aussi qu’un autre monde est possible. La communauté, le mode communautaire de production et de vie, est la plus ancienne des traditions des Amériques, la plus américaine de toutes ; elle appartient aux premiers temps et aux premiers peuples, mais elle appartient aussi aux temps à venir et laisse entrevoir un nouveau monde. Car rien n’est moins étranger que le socialisme, sur ces terres qui sont les nôtres. Etranger, par contre, est le capitalisme ; comme la vérole et la grippe, il est venu d’ailleurs.
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Le raisin et le vin

A l'agonie, un homme des vignes parla à l'oreille de Marcela.
Avant de mourir il lui révéla son secret:

Le raisin, chuchota-t-il, est fait de vin.

Marcela Pérez-Siva me le conta, et je pensai: si le raisin est fait de vin, peut-être sommes-nous les mots qui racontent ce que nous sommes.
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Sur les murs :
« Aide la police, torture-toi » (Melo, Uruguay)
« Bienheureux les ivrognes, car ils verront Dieu deux fois » (Santiago, Chili)
« Une fiancée qui n’a pas de seins, c’est bien plus qu’une fiancée, c’est un copain » (Buenos Aires)
A Bogotá : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous », et juste en dessous : « dernier avis ».
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Une annonce parue dans un journal de Montevideo en 1840 propose une liste de biens à vendre dans laquelle figurent tout à trac : « une négresse d’Angola à moitié dégrossie pour 430 pesos, des sangsues récemment livrées d’Europe, de l’essence de salsepareille, un mulâtre de treize ans qui a déjà travaillé chez un tailleur, un domestique de dix-huit ans, sans vices ni maladie et aussi un piano et d’autres meubles à bon prix ». Petite précision d’Eduardo Galeano : en 1840, l’esclavage était aboli depuis vingt-sept ans.
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La télévision
La télévision montre-t-elle ce qui se passe ?
Dans nos pays la télévision montre ce qu’elle souhaite qu’il arrive, et rien n’arrive si la télévision ne le montre pas.
Cette dernière lumière qui te sauve de la solitude et de la nuit est la réalité. Car la vie est un spectacle : à ceux qui se conduisent bien le système promet un siège confortable.
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C’était un immense campement à l'air libre.
Des charrettes des mages surgissaient des laitues chanteuses et des piments lumineux, et partout il y avait des gens qui échangeaient des rêves. Certains voulaient échanger un rêve de voyage contre un rêve d'amour, d'autres offraient un rêve de rire contre un rêve plein de grosses larmes.
Un homme marchait à la recherche des morceaux de son rêve, brisé par quelqu'un qui l'avait renversé : l'homme ramassait les morceaux et les collait, faisant avec eux un puzzle de couleurs.
Le porteur d'eau des rêves donnait à boire à ceux qui avaient soif dans leur sommeil. II portait l'eau sur son dos, dans une cruche et la versait dans des coupes hautes.
Sur une tour il y avait une femme avec une tunique blanche, elle peignait ses cheveux qui tombaient jusqu’à ses pieds. Le peigne détachait les rêves avec leurs personnages : ils sortaient de la chevelure et s'envolaient.
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