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Citations sur Le livre des étreintes (38)

Après tout, nous sommes ce que nous faisons pour changer ce que nous sommes. L'identité n'est pas une pièce de musée exposée sagement derrière une vitrine, mais la synthèse toujours étonnante de nos contradictions de chaque jour.
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LE SYSTEME / 2

Époque de caméléons: aucun animal n'a autant appris à l'humanité que ces humbles petites créatures.
On considère comme cultivé celui qui sait occulter, on voue un culte à la culture du déguisement. On parle le double langage des artistes du double jeu. Double langage, double comptabilité, double morale. Une morale pour parler, une autre morale pour agir. La morale pour agir s'appelle réalisme.
La loi de la réalité est la loi du pouvoir. Pour que la réalité ne soit pas irréelle, nous disent ceux qui gouvernent, la morale doit être immorale.
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"Recordar" ou "se souvenir" en espagnol : du latin "re-cordis", repasser par le coeur.
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LA POISSE
En périodes de poisse, je perds tout. Tout me tombe des poches et de la mémoire: je perds mes clés, mes crayons, mon argent, mes papiers, les noms, les visages, les mots. Je ne sais pas s'il s'agit d'un mauvais sort, jeté par quelqu'un qui ne m'aime pas et me veut du mal, ou d'un pur hasard, mais parfois, la crise s'éternise et je vais de perte en perte, je perds ce que je trouve, je ne trouve pas ce que je cherche, et je ressens l'angoisse profonde de laisser s'échapper ma vie par distraction.
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CELEBRATION DE LA VOIX HUMAINE /2

[...]

Lorsqu'elle est authentique, lorsqu'elle naît de la nécessité de dire, personne ne peut arrêter la voix humaine. Si on la prive de la bouche, elle parle par les mains, les yeux, les pores ou par n'importe où. Car nous avons tous quelque chose à dire aux autres, quelque chose qui mérite d'être célébré ou pardonné par les autres. (p. 23)
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CÉLÉBRATION DES CONTRADICTIONS /1

Comme une litanie tragique, la mémoire sotte se répète sans cesse. La mémoire vive, en revanche, naît chaque jour, parce qu’elle existe à partir de ce qui a existé et contre ce qui a existé.
Aufheben est le verbe que Hegel préférait parmi tous les verbes de la langue allemande. Aufheben veut dire à la fois conserver et annuler ; il rend ainsi hommage à l’histoire humaine qui naît en mourant et crée en détruisant. (p. 120)
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Célébration de la voix humaine /2

Ils avaient les mains attachées ou menottées, et pourtant les doigts dansaient. Les prisonniers étaient encapuchonnés mais en s'inclinant ils arrivaient à voir un peu, un tout petit peu, vers le bas. Bien que parler était interdit, ils conversaient avec les mains.
Pinio Ungerfeld m'a appris l'alphabet des doigts, qu'en prison il apprit sans professeur;
- Certains avaient une vilaine écriture - me dit-il -, d'autres étaient des artistes de la calligraphie.

La dictature Uruguayenne voulait que tous ne fassent qu'un seul, que chacun ne soit personne; dans les prisons et dans tout le pays, la communication était un délit.
Certains prisonniers passèrent plus de dix ans enterrés dans des cachots solitaires de la taille d'un cercueil, sans entendre d'autres voix que le fracas des grilles ou les pas des bottes dans le corridor.
Fernández Huidobro et Mauricio Rosencof, condamnés à cette solitude, furent sauvés parce qu'ils purent se parler, par de petits coups sur le mur.
C'est ainsi qu'ils se racontaient rêves et souvenirs, amours et désamours: ils discutaient, s'étreignaient, se disputaient; ils partageaient certitudes et beautés et ils partageaient aussi doutes et fautes et questions, de celles qui n'ont pas de réponse.

Quand elle est vraie, quand elle naît du besoin de dire, rien ne peut arrêter la voix humaine. Si on lui refuse la bouche, elle parle avec les mains, ou par les yeux, ou par les pores, ou par n'importe où.
Parce que tous, tous, nous avons quelque chose à dire aux autres, une chose qui mérite d'être célébrée ou pardonnée par les autres.
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LE RAISIN ET LE VIN

Un vigneron à l'agonie parla à l'oreille de Marcela. Avant de mourir, il lui révéla son secret :
- Le raisin, murmura-t-il, est fait de vin.
Quand Marcela Pérez-Silva me l'a raconté, j'ai pensé : si le raisin est fait de vin, peut-être sommes-nous les mots qui racontent ce que nous sommes. (p. 16)
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LA CULTURE DE LA TERREUR / 7

Le colonialisme visible te mutile ouvertement : il t’interdit de dire, d’agir, d’être. Le colonialisme invisible, lui, te persuade que la servitude est ton destin et que tu es naturellement démuni : il te persuade que tu ne peux ni dire, ni agir, ni être.
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À La Havane, à quelques pas de la Casa de las Américas, il y a un étrange monument : une paire de chaussures en bronze perchée sur un haut piédestal. Ces souliers solitaires appartenaient au très serviable Tomàs Estrada Palma. Le peuple furieux a renversé sa statut et voilà tout ce qui en est resté. Estrada Palma fut le premier président de Cuba, sous l'occupation américaine, au début du siècle.
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