Si pour les plus jeunes d'entre nous, Tchernobyl semble loin, l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, il y a eu 10 ans (11/03/2021), est plus ancré dans les mémoires.
Tout le monde a vu les images d'une région dévastée par un tsunami et une centrale qui avait tout pour nous refaire le coup du 26 avril 1986…
La bédé m'a fait entrer au coeur du monstre, à côté de ces hommes et femmes qui ont fait en sorte de réaliser l'impossible alors que tout partait en couille de tous les côtés.
Gérer une catastrophe de cette ampleur n'est déjà pas évident, la pression est énorme, des vies sont en jeux, certaines devront être sacrifiées pour éviter le pire, mais lorsque le premier ministre et les hommes de la TEPCO vous foutent des bâtons dans les roues, cela n'aide pas à la concentration.
Cela nuit même énormément à tous ceux et celles qui ont autre chose à foutre que de recevoir le premier sinistre sur le site ou de discutailler avec les dirigeants de la TEPCO qui ne sont pas sur les lieux.
Entre nous et rien qu'entre nous, personne n'aurait aimé être à la place du personnel de Fukushima en ce jour funeste, ni à la place de
Masao Yoshida, le directeur de la centrale, sur les lieux tout le temps et tentant de faire du mieux qu'il pouvait, sans électricité, avec des vannes bloquées et le refus de sa hiérarchie d'utiliser l'eau de mer.
Cette bédé aux dessins dans les tons bleus (couleur des vestes du personnel de la centrale) nous fait descendre dans le saint des saints à son pire moment. Les conséquences sur la santé de ceux qui y sont allés n'étaient pas à prendre à la légère, les radiations étant super élevées.
Le dessinateur a bien rendu les traits tirés de ces gens manquant de sommeil et en proie à un stress aigu. Les expressions de colère, sur les visages, sont éclairantes, lorsque le premier ministre ou d'autres ne se trouvant pas dans la centrale, donnent des ordres. La précision ne sera pas scénaristique, mais aussi au niveau des dessins.
J'ai apprécié cette bédé qui nous montre l'envers du décor, celui que nous n'avons pas vu à la télé, planqués chez nous à juger et à nous demander pourquoi la digue n'était pas plus haute… Des erreurs ont été faites, à nous de ne plus les faire (voeu pieu).
Commençant avec l'audition du directeur de la centrale (
Masao Yoshida), qui jamais n'a quitté le navire (et qui est mort d'un cancer deux ans après), son personnage va nous faire revivre tout l'accident, du début à la "presque fin", expliquant les erreurs, les fautes, mais aussi le courage de son personnel, sa fatigue extrême, l'impression de ne servir à rien et de ne jamais pouvoir y arriver, sans compter le stress et l'inquiétude pour leurs proches.
Il restera des zones d'ombre sur ce qu'il s'est passé durant ces cinq jours capitaux, mais la bédé apporte de nombreux éclairages et le déroulé du scénario est minutieux, avec dates et horaires pour nous montrer combien les faits se sont parfois enchaînés très vite, trop vite.
Ici aussi, pas besoin d'être un prix Nobel en nucléaire pour comprendre l'histoire, qui a été vulgarisée, et si des termes restaient obscurs, il y a le glossaire à la fin pour vous rendre plus intelligent.
Une bédé à lire et à découvrir ! Elle est captivante et vous prend aux tripes…
Hélas, l'Homme retiendra les noms des buteurs au foot, jamais ceux de ces hommes et femmes qui sacrifièrent leur santé pour éviter que l'accident ne soit encore plus dramatique qu'il ne le fut déjà.
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