C'est les petits riens sans importance qui font les vies superbes. (...)
Faut emmagasiner. Toutes les choses belles. Quand on va mourir, c'est ça qui nous aidera à passer de l'autre côté. Les choses belles. On se souviendra d'elles.
Le père voulait voir la mer. C'était son rêve. Il avait toujours remis à plus tard. Il ne faut pas reporter, les projets, les envies, celles de faire ou d'aller voir.
Les hématomes, ça passe, alors que la honte, ça suit.
J'ai mis du temps à comprendre mais maintenant, je sais. Les femmes ne sont pas moins fortes que les hommes, non ce n'est pas ça, mais elles renoncent. Elles laissent leurs rêves pour réaliser ceux des hommes.
Rémy n'aimait pas les films de Rohmer. Il disait qu'il ne s'y passait rien. Elle, elle adorait.
La M’mé n’avait pas peur de la mort, mais de la façon dont ça allait se passer. Elle a marché jusqu’à la chambre. Elle s’y est enfermée. Elle allait convoqué la mort. Sa mère avait fait ça, avant elle. Et la mère de sa mère, encore avant. L’une était partie dans le bois un jour d’hiver, on l’avait retrouvée comme une souche, repliée et couverte de givre. L’autre avait chantonné sur le rebord du lavoir. Quand plus personne ne l’avait regardée, elle s’était laissée glisser. Une fois la M’mé dans la chambre, tout le monde a pris place autour de la table, melon frais, jambon, poulet froid. Personne n’avait faim. Les plats servis, la faim est venue.
Rémy n'aimait pas les films de Rohmer. Il disait qu'il ne s'y passait rien.
Elle, elle adorait.
A la ferme familiale, c'était par ciel plein qu'elle les voyait les étoiles. Le soir, elle sortait pisser dans le pré. La lumière lui tombait dessus.... Les WC modernes nous ont détournés de la beauté des ciels.
Le bonheur, ça se croise, et à cette pioche, tout le monde a sa chance. Ça se croise mais ce n’est pas donné, et si on n’en prend pas soin, ça s’en va ailleurs et on ne sait pas où, chez d’autres, qui ne l’ont pas encore eu, ou qui le méritent mieux. Après, il faut attendre que ça repasse. Parfois ça repasse. Et parfois pas.
Quand les cons voleront, ils resteront pas au sol ceux-là... p. 123