Le sourire malicieux que m’adressa Lukas était trop charmant pour que je ne détourne pas les yeux. C’était son truc, ça. Séduire les gens afin qu’ils oublient qu’il manquait à sa parole, mentait, trichait et manipulait sans vergogne. Mais je connaissais sa manière de procéder. J’étais donc immunisée. À peu près.
— Mais tu es enfermé et tu ne pourras plus nuire à personne.
— Je ne nuisais à personne.
— Tu m’as obligée à porter des robes. Il se mit à rire. Ce n’était peut-être pas le premier exemple qui aurait dû me traverser l’esprit, en effet.
— Tu peux m’en faire porter, si ça t’aide à te sentir mieux.
Je secouai la tête avant de considérer réellement sa proposition.
Victor était censé être mort.
À leurs yeux, il l’était. Se pouvait-il que, s’il venait à disparaître définitivement un jour, ils ne soient jamais rassurés pour autant ? Retrouveraient-ils un jour une certaine tranquillité d’esprit ? Peut-être que la destitution du roi n’était pas la meilleure solution. Peut-être qu’ils avaient besoin de quelqu’un qui les gouverne, en fin de compte, bon.
Bonne chance pour trouver ça chez un vampire.
Ma vision s'embua à nouveau. Cadavre. Ce mot était si laid, si barbare. Il était ignoble, ingrat, répugnant. Comme la mort. Pourtant, c'était ce qu'il était devenu. Tandis que je m'allongeai lentement le long du cercle de runes pour lui faire face, je réalisai que ce n'était que la deuxième fois que je me retrouvais confrontée à l'un d'entre eux. Un sac de chair et d'os qui avait contenu un être humain. Un téléviseur sans son figé sur une image terne. Je n'avais jamais connu ma mère ni ma grand-mère. J'étais tombée dans le coma sitôt après le décès de Walter. Tous les vampires que j'avais tués s'étaient transformés en poussière. Je n'avais jamais veillé personne. Je n'avais jamais fait le deuil de quiconque. Lorsque Tara était morte, j'avais fui. Je ne pouvais plus fuir nulle part à présent.
Ce type était aussi rigide qu'un hétéro coincé en pleine gay pride.