Que savons-nous de la réalité de cet univers ? Tout ce que nous percevons, ne l'est que par le filtre de nos sens et de notre cerveau. Imbriqué dans cette réalité n'en existe-t-il pas une autre ? Nous croyant libres, ne sommes-nous pas au contraire, influencés sans même le percevoir.
Les cinéphiles reconnaîtront dans ces profondes interrogations le thème de deux films majeurs au moins : « The Truman Show » et « Matrix », bien sûr. Eh bien, tous deux se sont très fortement inspirés d'un roman paru en 1964 et écrit par
Daniel F. Galouye : « le
Simulacron 3 », sans forcément l'avoir dit !
La REACO, puissante société met au point un ordinateur le Simulacron capable de supplanter « les Sondeurs », véritable plaie de ce monde qui ont tous pouvoirs pour interroger les gens sur toutes sortes de sujets. Dans le Simulacron sont transférés les personnalités totales d'une multitude d'individus et leur environnement. Ils vont ainsi, sous forme virtuelle, interagir et remonteront à leurs contrôleurs une foule d'informations, utilisables à de nombreuses fins. Les Sondeurs voient ainsi leur pouvoir menacé.
Formidable roman de
science-fiction, on s'étonne que
Galouye ait pu avoir de tels dons de visionnaire. Il nous décrit un monde qui est très proche du notre. Si nous ne sommes pas clonés dans une machine, Internet se sert en temps réel de la masse d'informations que nous lui confions, l'analyse, l'utilise à toutes sortes de visées : commerciales, psychologiques, politiques…
Mais
Galouye va beaucoup plus loin encore en supposant que nous-mêmes pourrions être, au-delà de ce monde matériel, manipulés, contrôlés dans le même but de remontée d'informations et de sensations.
Baudelaire n'avait-il pas déjà annoncé que nous n'étions que des marionnettes dont d'autres tiraient les fils.
Certes ce concept de mondes imbriqués ne fut pas imaginé par
Galouye, la philosophie grecque l'avait déjà suggéré. Plus près de nous,
Lewis Carroll et son Alice, « le magicien d'Oz » sont construits sur ce même postulat du Deus ex machina mais ce roman majeur de la
Science-fiction des années soixante pousse ce paradoxe à son summum.
Paranoïaques s'abstenir !