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Citations sur L'Automne du patriarche (44)

Il aurait entre 107 et 232 ans.
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Durant la fin de la semaine les charognards s’abattirent sur les balcons du palais présidentiel, détruisirent à coups de bec le grillage des fenêtres, remuèrent avec leurs ailes le temps stagnant intra-muros, et le lundi au petit jour la ville se réveilla d’une léthargie de plusieurs siècles sous une brise tiède et tendre de grand cadavre et de grandeur pourrie.
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(…) il découvrait au long de ses années incalculables que le mensonge est plus aisé que le doute, plus utile que l’amour, plus durable que la vérité(…) p.316 ed. Grasset
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(…) jusqu'au douzième coup de minuit où les rideaux s'ouvrirent et où l'illustre général de division Rodrigo de Aguilar fit son entrée sur un plat d'argent, étendu de tout son long sur une garniture de choux-fleurs et de laurier, macéré dans les épices, doré au four, accommodé avec son uniforme à cinq amandes d'or des grandes occasions et les ganses du courage illimité sur la manche retroussée de son bras de manchot, sept kilos de médailles sur la poitrine et un brin de persil dans la bouche, prêt à être servi à ce banquet de camarades par les équarrisseurs officiels devant nous tous les invités pétrifiés d'horreur qui assistâmes le souffle coupé à l'exquise cérémonie du découpage et de la distribution, puis quand il y eut dans chaque assiette une part de ministre de la Défense farci aux pignons et aux herbes, il donna l'ordre de commencer, bon appétit messieurs.
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À une autre époque, cette subversion volcanique aurait stimulé sa passion du risque mais il savait maintenant mieux que personne quel était le poids véritable de son âge, il trouvait à peine la volonté de résister aux ravages de son monde secret, les nuits d'hiver il ne pouvait dormir s'il n'avait apaisé d'abord dans le creux de sa main avec une berceuse dodo l'enfant do son testicule hernié lancinant enfant de douleurs, il s'abandonnait au découragement assis sur son seau, poussant son âme goutte à goutte comme à travers un filtre encrassé par les moisissures de tant de nuits de pipis solitaires, ses souvenirs se décousaient, il ne réussissait plus à reconnaître avec certitude qui était qui ou qui venait de la part de qui, il se sentait à la merci d'un destin inéluctable dans cette désolante maison qu'en des temps reculés il aurait quittée pour une autre, loin d'ici, dans un trou d'indiens moribonds où personne n'aurait su qu'il avait été l'unique président de la patrie durant un si grand nombre d'années si longues que lui-même n'arrivait pas à les compter (...)
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comment nom d'un bordel vais-je me dépatouiller pour échapper au nouvel ambassadeur Fischer qui m'a proposé de dénoncer l'existence d'un fléau de fièvre jaune pour justifier un débarquement de marines conformément à notre traité d'assistance mutuelle et cela durant toutes les années qui seront nécessaires pour revivifier la patrie moribonde, et il avait aussitôt répliqué pas de conneries, fasciné par cette évidence qu'il était en train de vivre à nouveau aux origines de son régime quand il avait eu recours au même procédé pour disposer des pouvoirs d'exception de la loi martiale devant une grave menace de soulèvement populaire, il avait décrété l'état de peste, on avait planté le drapeau jaune sur le mât du phare, on avait fermé le port, supprimé les dimanches, interdit de pleurer les morts en public et de jouer des airs à leur mémoire, il avait exhorté les forces armées à veiller à l'application du décret les autorisant à disposer à leur gré des pestiférés, de sorte que les troupes portant des brassards sanitaires trucidaient publiquement les gens de toute condition, signalaient d'un cercle rouge les portes des maisons suspectes de désaccord avec le régime, marquaient au fer à vache le front des simples contrevenants, gouines et pédés tandis qu'une mission médicale réclamée d'urgence à son gouvernement par l'ambassadeur Mitchell s'occupait de préserver de la contagion les habitants de la maison présidentielle, ramassait par terre du caca de ses bâtards pour l'analyser avec des verres grossissants, jetait dans les jarres des pastilles de désinfectant, faisait avaler des larves de moustiques aux animaux des laboratoires, et lui par l'intermédiaire de l'interprète leur disait mort de rire ne soyez pas si cons, misteurs, la peste ici c'est vous, mais ils insistaient si si, par ordre supérieur la peste existait, ils préparèrent un miel préventif, épais et verdâtre, avec lequel ils vernissaient de la tête aux pieds tous les visiteurs sans distinction des plus ordinaires aux plus illustres, ils les obligeaient à se tenir à distance dans les audiences, eux debout sur le seuil et lui assis au fond là où leur voix mais non leur haleine lui parvenait, il parlementait à grands cris avec des gens nus issus de vieilles familles qui gesticulaient d'une main, excellence, et qui de l'autre cachaient leur petit oiseau rachitique et peinturluré, tout cela pour préserver de la contagion celui qui avait imaginé dans l'abattement de l'insomnie jusqu'aux détails les plus banals de la fausse calamité, qui avait inventé des bobards telluriques et répandu des prévisions d'apocalypse en accord avec son critère moins les gens comprendront et plus ils auront les jetons, et c'est à peine s'il sourcilla quand un de ses aides de camps, livide d'épouvante, se mit au garde-à-vous et lui annonça mon général la peste est en train de faire une terrible hécatombe dans la population civile, si bien qu'à travers les vitres teintées du carrosse présidentiel il avait vu le temps interrompu sur son ordre dans les rues abandonnées, vu le vent ahuri sur les drapeaux jaunes, vu toutes les portes closes même celles des maisons oubliées par le cercle rouge, vu les charognards repus sur les balcons, vu les morts, les morts, les morts, il y en avait tellement et partout qu'il était impossible de les compter dans les bourbiers, entassés au soleil sur les terrasses, allongés sur les légumes du marché, des morts en chair et en os mon général et qui pourrait dire combien ils sont, car ils étaient beaucoup plus nombreux qu'il ne l'aurait voulu parmi les hordes de ses ennemis jetés comme des chiens crevés dans les boîtes à ordures, et planant sur la pourriture des corps et la fétidité familière des rues il avait reconnu l'odeur du fléau de la peste, pourtant il ne se troubla pas, il ne céda à aucune requête tant qu'il ne se sentit pas à nouveau maître absolu de tout son pouvoir
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... il était minuit et le général Rodrigo de Aguilar n'arrivait toujours pas, quelqu'un tenta de se lever, avec votre permission, dit-il, il le pétrifia d'un regard mortel qui signifiait que personne ne bouge, que personne ne respire, que personne ne vive sans ma permission jusqu'au douzième coup de minuit où les rideaux s'ouvrirent et où l'illustre général de division Rodrigo de Aguilar fit son entrée sur un plat d'argent, étendu de tout son long sur une garniture de choux-fleurs et de laurier, macéré dans les épices, doré au four, accommodé avec son uniforme à cinq amandes d'or des grandes occasions et les ganses du courage illimité sur la manche retroussée de son bras de manchot, sept kilos de médailles sur la poitrine et un brin de persil dans la bouche, prêt à être servi à ce banquet de camarades par les équarisseurs officiels devant nous tous les invités pétrifiés d'horreur qui assistâmes le souffle coupé à l'exquise cérémonie du découpage et de la distribution, puis quand il y eut dans chaque assiette une part de ministre de la Défense farci aux pignons et aux herbes, il donna l'ordre de commencer, bon appétit messieurs.
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Il était là,donc,comme s'il s'était agi vraiment de lui et pourtant ce n'était pas lui ,étendu sur la table des banquets de la salle des fêtes ,fastueux et efféminé comme un pape défunt parmi les fleurs ,ce qui l'avait déjà empêché de se reconnaître après sa première mort lorsqu'on avait exposé son cadavre...
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...et alors j'ai osé le regarder en face pour la première fois en faisant tourner entre deux doigts la braise de ma rose pour qu'il ne remarque pas mon effroi, j'ai scruté sans pitié ses lèvres de chauve-souris, ses yeux muets qui semblaient me lorgner du fond d'un étang, sa peau sans poils, une peau de mottes de terre battue avec de l'huile de fiel qui devenait plus tendue et plus épaisse à la main droite celle qui épuisée sur son genou portait la bague avec le sceau présidentiel, ses énormes souliers de cadavre, sa pensée invisible, son pouvoir secret, le vieillard le plus vieux du monde, le plus redoutable,le plus détesté et le...
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il découvrait au long de ses années incalculables que le mensonge est plus aisé que le doute, plus utile que l’amour, plus durable que la vérité
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