Citations sur Olivier (42)
J’aimerais tant voir loin devant, savoir me projeter dans un monde neuf, mais j'ai beau me raisonner, je n'y parviens pas. Je suis définitivement rétif à la science fiction, indifférent à la futurologie, et sourd aux pythies. Plus le temps passe, plus l'obsessionnelle démarche de Marcel Proust me bouleverse, et plus les folles anticipations de Jules Veme me paraissent inutiles, futiles, gratuites.
Tu as fait de moi un jumeau qui n'a pu vieillir qu'en écrivant, c'est-a-dire en traçant sous abri son sillon, ligne apres ligne, champ après champ. Je te dois cet immense privilège : converser avec toi Ie plus naturellement du monde par la seule magie des mots. Le silence, qui est la vraie mort des absents, m’a été épargné. II me semble parfois que j'ai beaucoup de chance.
On n'est jamais vraiment certain du moment où l'on se croit guéri, où l'on commence à s’aguerrir. Peut-être sont-ce deux verbes jumeaux.
Mais est-ce si enviable de survivre avec des cheveux blancs, le souci des jours qui s'en vont, le poids du passé qu'on traîne derrière soi, et la peur panique de l'accidentel qui frapperait les miens ?
N'y a-t-il pas aussi un privilège à partir tôt, à n'être ici-bas qu'un passant pressé ?
On écrit pour exprimer ce dont on ne peut pas parler, pour libérer tout ce qui était en nous empêché, claquemuré, prisonnier d’une invisible geôle. (p. 57)
ce tout petit tombeau de papier, encore plus léger que toi, que sans doute je ne relirai jamais, que j'ai sans doute écrit afin que ton prénom soit un jour imprimé, en capitales rouges , sur une couverture blanche; et un vide en moi, où tout résonne, dont je ne parviens à mesurer ni la profondeur ni la largeur, mais qui semble grandir avec le temps, inéluctablement.
Pourquoi faut-il qu'écrire, ce soit toujours remuer de vieilles histoires et avancer , sur des béquilles, au bord du précipice.
Heureusement, même si elle est venue tard, il y eut l'écriture. Elle m'a sorti du silence où je m'enfermais, m'a permis de désigner les ombres qui me hantaient, m'a soigné d'une pudeur maladive, m'a forcé à avancer toujours plus droit dans le devoir de vérité, et elle m'offre aujourd'hui de t'écrire, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.
ce tout petit tombeau de papier, encore plus léger que toi, que sans doute je ne relirai jamais, que j'ai sans doute écrit afin que ton prénom soit un jour imprimé, en capitales rouges, sur une couverture blanche ; et un vide en moi, où tout résonne, dont je ne parviens à mesurer ni la profondeur ni la largeur, mais qui semble grandir avec le temps, inéluctablement.
Les jumeaux s’aiment déjà, durant des mois, dans le ventre de leur mère. Ils dialogueraient, s’observeraient, se toucheraient, multiplieraient l’un vers l’autre des gestes lents auxquels le liquide amniotique conférerait une manière de grâce détachée, d’insouciante félicité. Des échographies auraient même révélé, à partir de l’instant où la vision commence à se développer chez le fœtus, un incroyable baiser des jumeaux : deux petits nageurs qui s’enlacent et deux bouches qui s’embrassent dans l’insondable nuit intra-utérine, image sidérante d’un amour d’avant l’amour, d’une étreinte physique et peut-être mentale qu’ils chercheront en vain à reproduire tout ton long de leur vie.