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EAN : 9782070130610
224 pages
Gallimard (07/02/2013)
3.85/5   61 notes
Résumé :
«Le 8 septembre 1914, Jean reçut sa feuille de route. Il la baisa, la caressa, la respira. Il pleura aussi, mais de joie en lisant et relisant sa convocation. Car il était attendu, deux jours plus tard, à la caserne de Libourne où il partit avec cette ferveur que mettent les pèlerins à rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, cette naïveté des enfants qui rentrent chez eux après des vacances en colonie. Le garçon que je rencontrai pour la première fois était heureux ... >Voir plus
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Bleus horizons, en référence à « Horizons chimériques », une des rares oeuvres de Jean de la Ville de Mirmont, mort pour la France en octobre 1914, c'est la couleur des uniformes des poilus, ce sont aussi les horizons ciels et marines qui enchantent les rêves du marin, voguant de Bordeaux au Havre, ou réconfortent les « Gueules cassées » soignés à Deauville et Trouville.

Louis Gémon, héros imaginé par Jérome Garcin, est un bordelais embrigadé dans la même unité que Jean de Mirmont, et blessé quelques jours après lui. Pendant plus de vingt cinq ans, il consacre sa vie à connaitre l'écrivain et à diffuser son oeuvre. Evocation qui nous révèle André Lafon, Georges Pancol, Emile Despax, Fernand Moncaut-Larroudé, aquitains tombés au champ d'honneur, et François Mauriac, Jacques Rivière, André Lamandé, le Martiniquais de Bordeaux René Maran, et la mystérieuse Jeanne Alleman (alias Jean Balde) survivants au conflit.

Hommage également au vicomte Eugène Melchior de Vogùé à qui l'on doit de « mieux connaître, en France, les secrets de l'âme russe et le génie de son roman » et panégyrique de Charles Péguy (41 ans), Alain-Fournier (27 ans), Louis Pergaud (33 ans), sacrifiés avec Jean de la Ville de Mirmont (28 ans), aux cotés d'un million de poilus.

Leur sacrifice peut sembler vain, une génération plus tard, quand la Wehrmacht entre dans Paris et occupe la France, mais inspire Louis Gémon le 21 janvier 1942.

Subtile, documenté, délicat, cet essai remarquable s'inscrit dans la série que Jérome Garcin consacre aux vies exemplaires et brisées.
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"Avant d'avoir vécu, notre jeunesse n'était donc avide que de défaites, d'illusions perdues, et de longs regrets...", écrivit Jean Balde. C'est le triste constat qu'aurait pu faire le narrateur de Bleus horizons, Louis Gémon, rescapé de la guerre de 14, ami du poète Jean de la Ville de Mirmont depuis leur départ de la gare de Libourne le 12 septembre 1914 pour le front de Fismes. Transcendé par cette amitié, cet homme n'aura de cesse de faire vivre l'oeuvre du poète bordelais, au détriment de sa propre existence et de sa vie amoureuse. Bleus Horizons est le récit de cette rencontre, de cette relation amicale qui perdurera bien après la disparition du poète, et qui façonnera toute la vie de Gémon, vie qui s'est arrêtée d'une certaine manière au Chemin des Dames.
Sans le centenaire de la première guerre, je serais passée à côté de ce joli roman écrit dans une belle langue classique dans lequel Jérôme Garcin rend hommage au poète et à son double. Bleus horizons fait revivre cette génération perdue chère à Michel Suffran (Sur une génération perdue. Les écrivains bordelais et de la Gironde au début du XXème siècle, chez Le Festin). Qui se souvient encore de Jean de la Ville de Mirmont, tombé en 1914, auteur de L'Horizon chimérique, d'André Lafon (L'élève Gilles) mort en 1915 ou de Jacques Rivière?
L'histoire n'a retenu de cette génération que la figure de François Mauriac. Mais comme le souligne un des personnages du roman, Louis Piéchaud, "La Ville nous a tous réunis, nous les Bordelais nés dans les années 1880 qui aspirions à la poésie, à la révolte, au long voyage, et croyions à la communauté des âmes blessées".
Bleus Horizons est une belle manière de lui rendre enfin hommage.
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"En écoutant en boucle les Leçons de ténèbres de Couperin , chantées par Alfred Deller, je guettais, dans les correspondances , les journaux intimes , les carnets de notes, les textes inachevés, les oeuvres interrompues, des traces du terrible pressentiment qui saisit celles et ceux dont la vie sera brève, dont l'oeuvre sera empêchée, et dont je me croyais secrètement, par je ne sais quel héritage spirituel, le légataire testamentaire."Jérôme Garcin dans Olivier.

Après Hérault de Séchelles , Etienne Beudant et Jean Prévost, Jérôme Garcin continue à parler de destins trop tôt brisés.
Empruntant son titre à un recueil de Roland Dorgeles, il évoque dans ce roman la vie d'un écrivain et poète Jean de la Ville de Mirmont mort au Chemin des Dames en novembre 1914. Employé à la Préfecture le jour, auteur d'un seul roman Les dimanches de Jean Dézert et d'un recueil de poèmes, L'horizon chimérique qui inspirera Gabriel Fauré... et beaucoup plus tard Julien Clerc.

Un jeune homme rêvant de voyages , de dangers, idéaliste , passionné , rongeant son frein dans son travail et trouvant dans cette guerre une occasion de vivre. Il y vivra deux mois.

Pour le faire réexister, Jérôme Garcin lui a inventé un "jumeau de guerre",amoureux, comme lui, de la littérature ,Louis Gémon , rencontré à Libourne et témoin de sa mort.
Louis Gémon, lui, survivra. Enfin, si peu. Car le rôle des jumeaux, pour Jérôme Garcin , quand l'autre manque, est de le faire exister quand même.
En le faisant connaître, reconnaître.Et, ici, publier,c'est difficile ce qui vaut un chapitre assez savoureux sur Bernard Grasset frappé d'indignité nationale en 1918.
On croise aussi dans ce roman Fauré, devenu sourd, Mauriac, l'ami d'enfance et tous les écrivains morts au combat.

C'est, encore, le récit d'un survivant qui ne comprend pas ,comme souvent, pourquoi il l'est . Louis Gémon ne se remettra jamais de la mort de Jean, se confondant en lui et refusant d'exister. Jusqu'au bout et au dernier chapitre, plein d'une ironie désespérée.

"On ne rattrape pas plus le soleil perdu qu'on ne réveille de son sommeil éternel l'ami disparu. Je me demande si cette fable sur l'illusion d'optique que Jean a écrite à vingt ans ne m'était pas destinée, si du moins elle n'était pas destinée au frère imaginaire qui lui survivrait. Ce pétrel plaintif, ignorant et borné, qui fonce droit vers la clarté sans comprendre que le soleil descend pour mourir, c'est moi. Je suis devenu un oiseau de l'amer aux ailes brisées qui se terre dans un trou humide du Senonais."

J'aime beaucoup Jérôme Garcin. L'écrivain.

"Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre
Le souffle qui vous grise emplit mon coeur d'effroi
Mais votre appel ,au fond des soirs, me désespère
Car j'ai des grands départs inassouvis en moi."
Jean de la Ville de Mirmont ( L'horizon chimérique)

Je signale encore l'excellent livre de Danièle Auby, qui évoque aussi ce poète et écrivain, mais au milieu de tous ces écrivains morts pendant cette guerre .
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N°687– Octobre 2013.
BLEUS HORIZONSJérôme GARCIN - Gallimard

Jean de la Ville de Miremont, 28 ans, employé à la Préfecture de la Seine, était-il l'exacte illustration de cette image d'Épinal qui a montré les militaires, conscrits pour la plupart, partir au combat la fleur au fusil, persuadés qu'ils seraient de retour à Noël ? Se considérait-il, de part ses origines aristocratiques ou de sa confession chrétienne comme comptable de l'intégrité du territoire national ou le défenseur des valeurs patriotiques ? Devait-il à son côté poète des idéaux inatteignables ? Lui qui avait été réformé à cause d'une santé fragile insista pour s'engager, « pour la seule durée des hostilités ». Avait-il eu la prémonition de sa mort ? Il fut tué au tout début du conflit, en novembre 1914 au « Chemin des Dames » !

Le prétexte de ce roman est le témoignage reconstitué et réécrit par Jérôme Garcin de l'amitié exceptionnelle de Louis Gémon, (1885-1942), obscur poète selon ses propres dires et de Jean de la Ville de Miremont (1886-1914) poète et romancier prometteur fauché en pleine jeunesse dans sa tranchée presque sous les yeux de son ami. Cette amitié basée principalement sur l'amour de la littérature débuta à Libourne lors de leur incorporation puis s'affirma dans les tranchées, autant dire qu'elle fut courte mais intense. Après la mort de Jean de la Ville, Gémon s'attacha , pendant toute sa vie, avec abnégation et admiration, à faire connaître l'oeuvre de son ami. Il le fit certes au nom du devoir de mémoire pour l'arracher à l'indifférence et à l'oubli mais aussi pour le faire revivre, pour que son écriture qu'il jugeait indispensable à la littérature fût connue de tous, lui dont l'existence avait été si injustement et si violemment interrompue. Il insista longtemps pour que cette oeuvre fût publié chez Grasset, sut motiver François Mauriac qui fut l'ami de Jean et qui signa une préface et Gabriel Fauré qui mit quelques-uns de ses poèmes en musique, notamment « Vaisseaux, nous vous aurons aimés » mais surtout il sacrifia sa vie professionnelle, son bonheur conjugal et sa propre existence à cette mission parce que son ami avait fait de lui, au fond de sa tranchée, son véritable exécuteur testamentaire littéraire (Jean avait laissé à Louis un recueil de poèmes, « L'horizon chimérique » pour qu'il le publie si d'aventure il mourrait avant lui). En effet, Gémon qui était aussi un auteur, s'effaça constamment devant Jean, vécut en présence de ce fantôme au point qu'il accepta que sa compagne le quitte, lassée de cette quête qu'elle jugea impossible (« J'ai cru que je survivais à Jean, mais la vérité, c'est que je me suis tué pour lui. Je lui ai tout sacrifié, au point d'en oublier de respirer. Je n'ai pas réussi à écrire parce que je passais mon temps à le relire. J'ai préféré son passé à mon avenir. Il a été mon jumeau de guerre, mon double idéal, et je ne suis jamais parvenu à en faire le deuil. ») . Il le fit aussi sans doute pour exorciser cette culpabilité d'avoir survécu à l'enfer de la guerre lui qui, grièvement blessé, en revint, estropié mais vivant.
Garcin imagine que la mère de Jean sollicite Louis Gémon pour lui parler des derniers moments de son fils. Il donne donc la parole à Louis qui, à travers les vers de Jean, livre les impressions que la guerre puis le quotidien lui inspirent, recréant, en parallèle, une histoire personnelle de cet homme dont on ne sait pratiquement rien. Louis se remémore l'été 1914 où l'ombre du conflit planait sur le pays, ces jeunes Français qui voulaient faire la guerre comme un passage initiatique ; elle serait courte et évidemment victorieuse et Jean n'échappa pas à cette fascination pour le combat. La réalité fut bien différente mais pendant que des jeunes gens souffraient et mourraient dans des conditions atroces, à l'arrière on festoyait et d'autres, plus riches ou plus débrouillards échappaient à leur devoir.

Je retiens, à titre personnel les premiers mots de ce roman. Parlant de la mère de Jean, le narrateur, Louis Gémon, note «  Elle attendait de moi que je l'encourage à porter plainte non pas contre l'armée mais contre le destin... Croyait-elle vraiment intimider Dieu, et faire condamner, pour le mort de son garçon, le juge suprême ?» de part son engagement religieux elle avait fidèlement servi et aimé ce Dieu qui lui avait enlevé son dernier fils encore vivant. Ces quelques mots me paraissent tout à fait sujets à remise en cause profonde des convictions religieuses et même de la foi des êtres humains en une divinité qu'on nous présente comme bonne et compatissante. Cette « vérité » qui a valeur de dogme, existe autant que les choses humaines sont normales, c'est à dire qu'elles ne sont en rien bousculées par les événements, mais aller à l'enterrement de ses enfants remet forcément en cause tout ce qu'on nous a affirmé. La révolte qu'on peut éprouver contre le destin, c'est à dire contre Dieu, est à la fois légitime et parfaitement inutile, c'est à dire finalement tellement frustrante que la foi en souffre forcément au point de disparaître et qu'on se raccroche à ce qu'on trouve pour ne pas sombrer.

Ce n'est pas la première fois que cette revue s'intéresse à l'oeuvre romanesque de Jérôme Garcin [La Feuille Volante n°447 et 450]. Sa démarche est cette fois particulièrement bienvenue en ce qu'elle contribue à tirer de l'oubli quelqu'un d'exceptionnel dont le destin a été malheureusement brisé mais aussi un poète qui a si bien servi notre langue et notre culture.

J'ai lu ce roman sobrement écrit et plein de sensibilité avec une réelle émotion en pensant aussi, comme nous y invite l'auteur, à tous ceux qui ont accompagné Jean dans la mort et qui auraient pu avoir une vie après cette guerre. Il y a certes Louis Pergaud, Alain Fournier et Charles Peguy dont on se souvient mais il y a aussi les anonymes qu'on s'est empressé d'oublier et dont le souvenir ne perdure sur terre qu'à travers un nom gravé sur un monument ou une croix de bois ...



© Hervé GAUTIER - Octobre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com
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La commémoration d'un centenaire comme celui de la Première guerre mondiale, effroyable massacre de toute une jeunesse, réserve quelques surprises comme celle de sortir de l'oubli ce poète oublié au nom à rallonge : Jean de la Ville de Mirmont.
Pourtant, François Mauriac qui fit ses études avec lui et fut son ami, avait célébré son talent. Gabriel Fauré avait mis en musique ses poèmes réunis sous le titre : L'horizon chimérique, ces mêmes poèmes qui inspirèrent plus tard Julien Clerc.
Louis Gémon, narrateur créé par l'auteur, rentre du front. À Paris, en permission, il retrouve la mère de son ami, Jean de la Ville de Mirmont « parti pour le front avec le pressentiment qu'il n'en reviendrait pas. » Il lui raconte leur première rencontre, à Libourne, le 12 septembre 1914 puis les combats, les villages rasés, les fermes détruites, les forêts brûlées : « La guerre puait. » Toujours avec beaucoup de réalisme sur leur vie, il ajoute : « L'avantage des mains noires de saleté, c'est qu'elles dissuadent de se ronger les ongles. »
Un obus allemand met fin à la vie de ce poète qui périt le 28 novembre 1914, à Verneuil, sur le Chemin des Dames. Jérôme Garcin n'oublie pas de parler aussi de Charles Péguy, tué à 41 ans et d'Alain-Fournier, mort aussi sur le front, à presque 28 ans, comme Jean de la Ville de Mirmont. Il évoque en plus Louis Pergaud, instituteur disparu à 33 ans, près de Verdun, Prix Goncourt en 1910 avec "De Goupil à Margot" et toujours célèbre aujourd'hui grâce à "La guerre des boutons", roman adapté plusieurs fois au cinéma.
Hanté par le souvenir de cet ami, le compagnon d'armes imaginaire du poète disparu se lance dans une quête interminable de ce que fut cet homme fauché en pleine jeunesse comme tant d'autres. Il en sacrifie même sa vie sentimentale.
Jérôme Garcin est un passionné de littérature et son livre le confirme. C'est aussi un formidable hommage à l'amitié qui va bien au-delà de la mort. Avant de mourir à la guerre, Jean de la Ville de Mirmont avait été fonctionnaire à la Préfecture de la Seine, chargé de s'occuper des vieillards : « La littérature le dédommageait de l'ennui qu'il éprouvait à brasser du vide et à obéir aux ordres de bureaucrates qu'il méprisait. »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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critiques presse (4)
Lexpress
25 avril 2013
Jérôme Garcin fait revivre La Ville de Mirmont à travers un roman qui explore la douleur du jumeau survivant. [...] On retrouve là l'une des obsessions de Jérôme Garcin, comme une ligne d'horizon qui se dérobe à la vue du cavalier, quand bien même il lancerait sa monture au grand galop.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
13 mars 2013
La beauté tout ensemble grave et frissonnante de Bleus Horizons tient aussi au fait qu'y est ressuscité, à travers la figure de Jean de La Ville de Mirmont, le drame d'une génération tout entière, fauchée par la sale Grande Guerre.
Lire la critique sur le site : Telerama
Bibliobs
26 février 2013
Jamais Jérôme Garcin n'a été plus hautement inspiré: c'est l'histoire qui souffle ici son vent rugissant, morbide et poignant, de sacrifice, de folie et d'amitié.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lhumanite
25 février 2013
Voici, à coup sûr, l’un des tout meilleurs romans de Jérôme Garcin. Sensible, profond, érudit.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il avait trente-deux ans. Pendant huit mois, sans jamais quitter la cote 233 de Marchéville où son regiment, le 166’ était enlisé, Pergaud se battit. Il fut tué le 7 avril 1915. On n'a jamais retrouvé son corps, noyé dans la boue de la Meuse. Jusqu'en 1918, sa femme, Delphine, le crut vivant, et prisonnier. Longtemps, elle continua de lui écrire des lettres. C'est seulement avec la cantine militaire qu'arriva la preuve de sa disparition. A l’intérieur se trouvait le Carnet de guerre. C'est la relation lapidaire d'une boucherie, le récit expéditif d'une mort annoncée — « Le Destin est notre maître, nous ne pouvons rien contre ses arrêts. »

Le sous-lieutenant Pergaud, dont les critiques raillaient avant-guerre la prose fleurie et le style appliqué, n'a plus le temps ni le goût de faire des phrases avec adjectifs. « Je lâche le crayon pour le flingot, et vive la France ! »
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Il faisait si chaud, l'été de 1914. Hélène était intarissable sur l'éclat de la station balnéaire, que le syndicat d'initiative avait surnommée « le faubourg Saint-Germain de la capitale ». Gabrielle Chanel tenait encore boutique rue Gontaut-Biron, où quatre musiciens noirs jouaient du banjo toute la journée. La mode imposait alors le jaune serin et le rouge homard. Les femmes portaient des chapeaux à plumes d'autruche pour se rendre à l'hippodrome de la Touques, applaudir des concours hippiques dans les jardins du Royal ou admirer le décollage, sur l'eau, des hydroplanes.

Partout, on parlait anglais, espagnol, russe, et allemand. Dans le théâtre du Casino, où se donnaient Madame Butterfly et La Bohème, on croisait Jean Cocteau, Guillaume Apollinaire, Mistinguett, Maurice Chevalier, l’aéronaute brésilien Santos-Dumont, le maharaja de Kapurthala et le chocolatier Meunier, dont le yacht L'Ariane mouillait dans le port voisin de Trouville.
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J'enviais Mauriac de se passionner pour tout, de n’avoir jamais l’esprit au repos, d'avoir chaque matin la faculté de s’enthousiasmer ou de s’offusquer. Moi, tout m'ennuyait. Au point que je me demandais si je ne m'étais pas choisi une idée fixe pour bousculer ma propension au désenchantement et justifier mon indifférence au monde dans lequel je vivais. Certains jours, il m’arrivait même de penser que Jean n’était qu'un alibi.
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Il repose aujourd'hui dans le caveau familial des La Ville de Mirmont, division H. 42. Sous le nom gravé du poète, augmenté de la formule d'usage : « mort pour la France », un bouquet de roses blanches printanières disposé dans un vase transparent narguait et parfumait l'hiver glacial. Chaque jour, qu'il pleuve, neige ou vente, me confia le gardien du cimetière, sa mère vient fleurir la sépulture de son enfant chéri. « Et elle lui parle à haute voix, vous n'imaginez pas combien elle lui parle... »
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C'est une musique qui m'échappait. Les rares fois où j'en avais entendu des morceaux, je la soupçonnais de trop vouloir charmer, je la trouvais doucereuse, mielleuse, roublarde et d'un romantisme un peu scolaire. En vérité, je connaissais mal l'œuvre de Gabriel Fauré, et je n'en étais guère curieux. Mes oreilles avaient perdu à jamais, dans les tranchées, le goût des mélodies raffinées et des fantaisies de salon.
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