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Citations sur Théâtre intime (11)

Aux hommes allergiques à la routine conjugale, portés sur la polygamie, enclins au voyeurisme, et néanmoins soucieux de moralité, j'ai, depuis, toujours préconisé de vivre avec une actrice à qui la tradition octroie, fût- elle mère de trois enfants, l'irréfutable statut de "Mademoiselle".
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Et je me disais, voilà, il n'est pas seulement né de l'amour d'une femme et d'un homme, il est déjà un enfant chargé d'invisibles et puissants souvenirs, il coule dans son sang du théâtre, de la littérature, de l'art, de la médecine, de la politique, des Antilles, de la Belgique, de la Bourgogne, que sais-je encore, ce n'est pas un ruisseau, c'est un delta (chapitre "Le Belvédère", pages 158-159).
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Mois après mois, Danseur [le cheval d’Anne Philipe] lui donna, sans complaisance, tout ce qu'elle refusait à la scène et que le cinéma lui refusait, tout ce que son corps d'actrice réclamait, et tout ce à quoi la femme au milieu de sa vie aspirait : une jeunesse persistante, le goût du risque, la maîtrise de soi, la noblesse de l'art, le plaisir de la métamorphose, l'héritage des grands classiques, le rituel de la représentation, le besoin de surpassement et le bonheur de l'éphémère.
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La vie m'a éloigné de ce paradis de l'enfance, de cette annexe de la comtesse de Ségur, de cette dépendance du Grand Meaulnes, de cet ancien relais de poste dont mon arrière-grand-père avait fait, au sens propre, une demeure sénatoriale, mais je sais bien qu'une part de moi est cachée pour toujours dans ses greniers obscurs, sous sa haie de noisetiers et son noueux noyer; que les parfums universels des feuilles mortes, de l'herbe fauchée et des cours de ferme restent attachés à cette campagne ordinaire; que je décline à l'infini, en la déplaçant seulement vers l'ouest, la mémoire de mes saisons, de mes premières émotions, de mes fragiles honneurs; et que ma détestation des civilités citadines, des horizons sans ciel ni frondaisons, des foules compactes sur les grands boulevards, vient de cette sauvagerie des bords de Seine, à laquelle, dans mon coeur, je n'ai jamais été infidèle (chapitre "Rue de l'Etang-Broda", page 23).
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Le ton exact de la confidence, c'est une musique très profonde, très secrète, qui emprunte au murmure miséricordieux, à l'admonestation chuchotée, au rire intérieur, aux rumeurs de la nuit et au feulement d'un violoncelle.
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J'ai connu ce que personne ne voit, les larmes derrière le sourire, les cris derrière la parole, le désespoir derrière l'exultation, l'envie d'en finir derrière la force d'abattre les murailles (...) J'ai connu la jalousie, la colère, l'exaspération, mais je n'ai jamais connu la morosité, les sentiments moyens, la mesquinerie, le regret, la déception. Alors voilà: les exercices d'admiration sont comme les déclarations d'amour, il faut les faire quand la vie palpite encore, quand la chair est tiède, quand la gratitude se lit dans les yeux ouverts, sur les lèvres tendues (...) Je voudrais raconter ici comment, marche après marche, et malgré le vertige, et alors que rien ne me prédisposait à l'escalade, je suis parvenu enfin à l'altitude d'où l'on peut voir, en pleine lumière, le visage de celle à qui je dois de trouver la terre si belle et le ciel si proche.
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Cette apparition conquérante, à la Jeanne d’Arc, dans un appartement où tout était luxe, calme et volupté, venait de mettre à bas, en un instant, les idées simples et fausses que, depuis l’adolescence, je m’étais faites des femmes. La fille d’Anne sortait du vieux cadre doré, acquis par héritage, où était enfermée l’image conventionnelle de l’épouse, de la fiancée ou de la maîtresse. La preuve : rien, chez elle, ne répondait au vocabulaire usuel. Elle défiait mon dictionnaire portatif et ma grammaire stendhalienne. Il aurait fallu inventer des mots pour obvier aux négations : elle n’était pas d’une beauté académique ; elle n’était pas d’une grâce aimable ; elle ne ressemblait pas aux filles de son âge ; elle n’était pas caustique, attendrissante, fière, libertaire, coquine, légère, narquoise, elle était tout cela ensemble, mais à la puissance dix. J’étais amoureux.
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Pas facile d'être, non plus, la fille d'Anne, qui méprise le théâtre s'il n'est porté par une grande vision politique et les acteurs s'ils ne sont pas des missionnaires, s'ils ne veulent pas changer la société, s'ils n'ont que le souci de leur propre succès.
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(...) des manières d'être... Ne jamais tricher avec soi-même. Se soucier de soi, s'examiner, mais sans aucune complaisance. Travailler à se perfectionner. Tendre toujours les filets trop haut. Chasser le bonheur. Avancer masqué, cacher qu'on est un écorché. Garder, malgré l'âge, le don de la vivacité. Mettre de la sécheresse dans la tendresse et de l'élégance dans la tristesse. Lutter contre le gras et la sensiblerie. Pratiquer la respiration du point-virgule. Ne jamais montrer son émotion, ne pas se donner, quitte à passer pour une personne métallique. (...)
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À l’adolescence, je préférais m’identifier à Stendhal qu’à Julien Sorel, et à Flaubert qu’à Frédéric Moreau. Mes héros étaient les créateurs, pas leurs personnages, si séduisants, juvéniles et fraternels fussent-ils. C’est étrange : j’aimais davantage tenir la plume de l’auteur vieillissant que l’épée du jeune premier. Je recopiais dans un grand cahier les phrases des autres que je faisais miennes. Ce n’était pas un recueil de citations, c’étaient mes pensées sur la mort, mes troubles religieux ou mon désir des femmes exprimés avec une clarté, une rigueur et une pudeur auxquelles j’aspirais. Rien ne distinguait donc la lecture de l’écriture.
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