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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman qui nous permet de découvrir le monstre Grendel de la légende de Beowulf. Un récit fascinant, percutant, passionnant, intelligent qui risque de ne pas laisser indifférent le lecteur et qui offre une vision de l'Homme bien particulière. Grendel fascine et effraie à la fois et pourtant se révèle d'une certaine façon attachant par sa vision de voir les choses et de les partager, mais aussi par sa philosophie. L'auteur se laisse parfois un peu aller à en faire un peu trop dans ses axes philosophiques et parfois on sent que la méconnaissance du poème originale empêche la bonne compréhension de quelques passages mais rien de vraiment bien gênant car au final on retrouve une histoire magnifique, poétique, troublante et violente. La plume de l'auteur se révèle vraiment dense et soignée. À noter aussi l'excellente postface de Xavier Mauméjan sur le livre et son auteur.

Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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C'est une oeuvre vraiment littérature, avec parfois des descriptions d'une page complète, que l'on est obligé de lire 2 fois, pour comprendre qu'un homme est parti chasser. l'histoire n'en est pas moins intéressante, avec la description de ce monde vu du point de vue du monstre qui observe les hommes et parfois les dévore, mais ça rend certains passages un peu long, et ça casse parfois le rythme
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Un roman inclassable que ce texte si bref ! Je l'ai terminé il y a à peine deux heures, et voici que je voudrais déjà le relire, car la lecture de la fin éclaire sans doute le début et il me semble avoir manqué tellement de la signification de ce texte-coup de poing.

L'intrigue est assez simple : l'auteur reprend le texte de Beowulf (qu'il connaissait parfaitement, puisqu'il enseignait la littérature médiévale) et le réécrit du point de vue du monstre, Grendel. Un monstre curieusement dépourvu de la faculté de s'exprimer, mais tout à fait capable de réflexion existentielle... au sens propre du mot, car John Gardner, s'il respecte à la lettre le poème médiéval et les interprétations qui en ont été faites, ajoute des références philosophiques notamment à Nietzsche à l'existentialisme...
Voici Grendel, maudit car descendant de Cain, promu révélateur de l'humanité rationnelle, qu'il fait exister en symbolisant les forces obscures de l'irrationnel et de la haine, monstre réfléchissant à sa propre existence, tenté par l'art et l'amour, mais ne sachant que détruire.

Mais au delà de ces thématiques fort philosophiques, le texte est avant tout un cri de souffrance, le hurlement du solitaire puni de sa laideur et de sa méchanceté.

Un texte à découvrir !
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Beowulf est un poème épique considéré comme l'un des plus vieux témoignages de la littérature anglo-saxonne. L'époque de sa composition reste toutefois imprécise puisque datée entre le VIIème siècle et la fin du premier millénaire selon les sources. Écrit à destination d'un public de lettrés chrétiens, il s'inspire toutefois de la tradition orale anglo-saxonne et met en scène un puissant guerrier goth, qui donne son nom au poème, lequel est doté de bon nombre de vertus chrétiennes (fidélité, courage, sens de l'honneur, etc.). le poème s'articule autour de trois combats de Beowulf, le premier d'entre eux étant celui qu'il mène contre Grendel, un monstre qui, chaque nuit depuis douze ans, dévore un guerrier du roi du Danemark, Hrothgar. Quand Beowulf fait étape dans sa cour il se porte volontaire pour tuer le monstre et n'y parvient qu'indirectement puisque Grendel ne meurt de sa blessure qu'après avoir fui dans le marécage qu'il occupe.
Spécialiste de la littérature médiévale, John GARDNER réécrit cette première partie de Beowulf en adoptant le point de vue du monstre et en jouant avec la multitude de références et symboles bibliques qui émaillent le texte original. Ce faisant, il fait porter à Grendel un regard sans concession sur les hommes et leur condition, lesquels n'étant finalement guère plus que des brutes avinées et vaniteuses. Pourtant Grendel aurait bien voulu vivre parmi les hommes, tout du moins à leurs côtés ; mais ceux-ci ne le voient pas, ne comprennent pas leurs différences, et ne veulent que détruire ce qui ne leur ressemble pas, ce qui conduit à la sanction que l'on connaît désormais.
Une telle réécriture nécessite bien entendu une connaissance pointue de l'oeuvre originale. C'est pourquoi le roman de GARDNER est particulièrement érudit et demande au lecteur un minimum de connaissances sur le poème s'il veut en appréhender toute la portée. Néanmoins, la prose de l'auteur est facile d'accès, notamment grâce à un ton plein d'humour noir et sardonique. A ce titre, la scène où Grendel prend la place d'une statue divine pour éprouver la foi du prêtre est véritablement excellente. Et puis il y a également une part autobiographique dans le roman de John GARDNER, laquelle est très bien analysée par Xavier MAUMEJEAN dans la postface qui clôt cette excellente réédition.
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L'une des modes cinématographiques de ces dernières années est le préquelle (ou prequel en anglais), ou quand on prend une franchise célèbre et qu'on fait un film racontant ce qui s'est passé avant. Par exemple, avec la Planète des Singes ou X-Men.
Cela permet de montrer les personnages sous un autre angle et d'éclairer quelques points d'ombre sur l'histoire. Une idée bien honorable mais qui est souvent trop mal utilisée.

En littérature, le préquelle existe aussi, avec Gargantua de Rabelais, ou le Monde de Narnia, certains des livres se passant chronologiquement avant d'autres.
Le cas de ce livre est un peu particulier, puisque son auteur n'a pas écrit ce dont il s'est inspiré. Mais grand connaisseur de la saga de Beowulf, il s'est dit qu'il était temps de donner la parole à son personnage le plus-sous estimé: Grendel, monstre éternellement coincé entre la traîtrise de sa succube de mère et la démesure du dragon.

Nous voilà donc parti pour une exploration des méandres d'un personnage bien plus complexe qu'il n'y parait. Si ce n'était qu'un monstre sanguinaire dans l'épopée de Beowulf, John Gardner en fait ici un être tourmenté, perdu et tiraillé par sa monstruosité et l'attirance mêlé de répulsion qu'il éprouve pour les humains et sa part d'humanité en lui.
Ce n'est pas une lecture facile: il y a beaucoup de philosophie dans Grendel, car c'est un monstre qui pense, qui pense beaucoup et qui pense bien. C'est un livre qui fait réfléchir, qui va plus loin que ce qu'on attend de lui.

Fantasy et philosophie riment, n'en déplaise à ceux qui refusent de le croire, et Grendel est peut-être l'apothéose de cette rencontre. John Gardner a transcendé le matériel d'origine, il a donné une nouvelle profondeur à un récit et un personnage qui en manquait. le seul défaut que je pourrais trouver au livre, c'est qu'il reste quand même hermétique à ceux qui ne connaissent pas bien la philosophie. C'est parfois difficile, alors si vous vous attendez à une lecture aussi facile qu'agréable, rebroussez chemin ! Mais sinon, c'est sûrement l'un des meilleurs livres de fantasy que vous pourrez lire, point barre.
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Dans le cruel Danemark du Moyen Âge, Grendel le "monstre" observe les hommes qui luttent contre la Nature sauvage, entre eux pour obtenir le pouvoir, et contre un mal qui n'a de cesse de les tourmenter, lui-même ! Un homme pourtant semble émerger du lot. Hrothgar, en unifiant les différentes tribues danoises, devient un puissant roi...

Voilà bien une oeuvre singulière difficile à résumer en quelques mots.

Déjà, là où nombre d'écrivains nous auraient pondu un pavé au prétexte de faire épique, John Gardner nous offre un texte court, très court. En effet, sur les 184 pages de ce livre, il faut enlever la propre introduction de Gardner à son oeuvre, et la très éclairante postface de Xavier Mauméjean, et il ne nous reste plus que 151 pages. Mais attention ! Lorsque je dis qu'il faut enlever, je ne dis pas qu'il ne faut pas les lire. Bien au contraire, ces deux textes sont comme de l'or fin magnifiquement ouvragé mettant en valeur le diamant ciselé qu'est Grendel. Et il ne faut surtout pas se fier à la concision de ce roman, car en douze courts chapitres, John Gardner nous y livre beaucoup de lui-même, du drame fondateur de sa vie (et de sa mort, sûrement), de sa vision des choses, etc.

Ensuite, en reprenant la légende, l'auteur américain aurait pu se contenter d'une énième version du mythe de Beowulf, ni meilleure ni pire, juste pour se faire plaisir. Non, dans cette interprétation, John Gardner a choisi de prendre le point de vue du "monstre", celui que Beowulf (d'ailleurs, ce nom n'est jamais cité dans le roman) vient tuer pour aider les Danois. Grendel observe les hommes, en tue parfois (ben oui, faut bien se nourrir !), les envie quelques fois, mais surtout il se moque d'eux, de leurs faiblesses, de leurs croyances, etc. Bien sûr, l'omniscience de Grendel pourrait sembler manquer de réalisme (à moins qu'il n'ait le pouvoir de voir et d'entendre au travers les bâtiments). Seulement, on comprends vite que l'important n'est pas là. C'est un conte, cruel certes, mais un conte tout de même. Et un conte se passe très bien du réalisme. C'est aussi un portrait en creux de la société humaine vu de celui qui est différent, du paria, de l'étranger à la communauté. Alors, les valeurs se trouvent forcément inversées. Dans l'esprit de Grendel, la vie humaine ne vaut pas grand-chose, le Créateur devient le Destructeur, sa propre mort un simple accident, etc.

Voilà, il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce roman magnifique, aussi court que dense, qui en dit beaucoup sur son auteur et qui nous parle à nous. Et à l'instar d'un Tod Browning et son chef d'oeuvre The Freaks ou d'un Xavier Mauméjean avec son sublime Lilliputia (ce n'est pas un secret que de dire que l'auteur français est fasciné par la monstruosité, d'où son évidente participation visiblement très active sur ce livre), ce roman nous dit que le monstre n'est pas forcément celui qu'on croit.

A.C. de Haenne
Lien : http://les-murmures.blogspot..
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Ce que j'ai aimé :

- la réécriture de Beowulf (non, pas le nanar avec Christophe Lambert), ce poème épique anglo-saxon du VII° siècle qui pose les bases du trope « héros blond contre dragon » et avait déjà inspiré notamment un certain Tolkien… mais en se plaçant, cette fois, du côté du monstre ! le Grendel de Gardner est la seule des nombreuses adaptations de Beowulf qui fait ce pari audacieux.

- le respect des fondamentaux de l'oeuvre originale que permet l'excellente connaissance du matériau de base de l'auteur (qui, comme Tolkien, était un universitaire spécialiste de Beowulf). Par exemple, ni Grendel ni sa mère ne sont jamais décrits, comme dans le poème original qui en fait des êtres monstrueux aux caractéristiques floues.

- l'écriture (et l'excellente traduction), très recherchée et imagée. Certains passages sont fulgurants, comme l'entrevue entre Grendel et le dragon, ou, surtout, le combat inégal entre Unferth et Grendel. On a l'impression d'être ballotté à toute vitesse dans la tête dérangée d'un être qui ne pense pas du tout comme nous – et qui a beaucoup de mal à organiser ses idées. C'est la première fois que j'ai cet effet caméra à l'épaule en lisant un livre. J'ai presque ressenti des effets physiques, comme lors du visionnage d'un film sans cesse en mouvement.

- l'humour (noir) du roman, qui prend pour protagoniste un ogre anthropophage et hyper violent, qui jalouse le bonheur des hommes (l'élément déclencheur de sa folie meurtrière : les rires et les chants des banquets au château de Hrothgar)

- Grendel (« le broyeur »), le dit ogre, fort sympathique avec ses questions existentielles, et qu'on finit par prendre en pitié (à dire vrai, j'ai toujours trouvé cette histoire très triste, avec la mère de Grendel qui se fait tuer en venant le venger!). Ce monstre fascine les auteurs : Dan Simmons, par exemple, y fait référence lorsque le personnage de Martin Silenus décrit le Gritche dans Hypérion.

Ce que je n'ai pas aimé :

- le livre est court (12 chapitres) mais difficile à lire de par son petit côté expérimental : certains chapitres sont écrits sous la forme de chants, de pièce de théâtre… et la plupart du temps, on a l'impression de lire les délires d'un fou en plein trip psychédélique.

- le grand nombre d'onomatopées (hors dialogues), qui le rend encore plus ardu

- les anachronismes : même si c'est bien évidemment fait exprès et que le dragon est omniscient, cela m'a fait bizarre de le voir parler de peau de banane dans une histoire censée se dérouler au VII° siècle

Mon bilan

Ce roman est un classique et mérite d'être connu, pour son sujet et le traitement qu'il en fait. Mais ce n'est certainement pas le genre de roman qu'on prend sur le rayonnage en se disant « ah tiens, je vais me faire une bonne petite fantasy des familles ce soir ! ». À réserver aux puristes, à ceux qui s'intéressent à l'expérimentation et à l'utilisation des sources historiques en fantasy et aux fanatiques de Beowulf.
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