Gros câlin est un roman on ne peut plus atypique. Publié en 1974, il met en scène un employé de bureau qui, à défaut de trouver l'amour chez ses contemporains, adopte un python. L'auteur de ce premier roman, fable émouvante sur la solitude de l'homme moderne, est un certain Emile Ajar. En réalité, c'est
Romain Gary qui écrit là son premier roman sous pseudonyme. La version publiée à l'époque ne correspond pas tout à fait au projet initial de son auteur qui avait en effet accepté d'en modifier la fin pour son roman puisse paraître. L'édition que j'ai lu reprend le roman
Gros-Câlin dans la version de 1974, et donne en supplément toute la fin originale. Et c'est cette fin, la véritable fin du roman qui me laissera je crois le souvenir le plus fort de cette lecture. Car je dois bien avouer que ce fût une lecture difficile, de par l'absurdité de son contenu et par la forme des phrases tout aussi incongrue parfois. C'est malgré tout un roman profond, très émouvant qui prend tout son sens avec la fin originale. L'auteur y parle d'extrême solitude et du fardeau que peut représenter le manque d'amour, et comment cela peut mener jusqu'à la folie. Je n'ai pas aimé lire ce roman, pourtant j'en garde un souvenir ému et j'ai le sentiment d'avoir lu là un grand livre qui dit beaucoup de choses de la société dans laquelle nous vivons, égoïste et individualiste, des rapports humains et de la détresse vers laquelle ils peuvent conduire. J'ai lu plusieurs critiques de ce livre qui le présentait comme drôle. C'est tout l'inverse de ce que j'ai ressenti. C'est avec une grande tristesse que j'ai refermé ce roman.