La vie devant soi

Jamais il ne pleure, cet enfant-là, et pourtant Dieu sait que je souffre.

La première chose que Madame Rosa a fait le lendemain, c’était de me traîner chez le docteur Katz pour voir si je n’étais pas dérangé.

– Comment ça s’est passé, exactement ?

– Il a pris 500 francs et il les a jetés dans une bouche d’égout.

– C’est sa première crise de violence ?
(...)

– Docteur, je vous prie d’examiner bien cet enfant. Vous m’avez défendu les émotions, à cause de mon cœur, et il a vendu ce qu’il avait de plus cher au monde et il a jeté 500 francs dans l’égout. Même à Auschwitz, on ne faisait pas ça.

Il a engueulé Madame Rosa (...) et lui a crié que c’étaient des rumeurs d’Orléans. Les rumeurs d’Orléans, c’était quand les Juifs dans le prêt-à-porter ne droguaient pas les femmes blanches pour les envoyer dans les bordels et tout le monde leur en voulait, ils font toujours parler d’eux pour rien.

Il y avait aussi de passage Antoine qui était un vrai Français et le seul d’origine et on le regardait tous attentivement pour voir comment c’est fait. Mais il n’avait que 2 ans, alors on voyait pas grand-chose.

Madame Rosa engueulait Banania mais celui-ci s'en foutait parce qu'il n'avait que 3 ans et des sourires. (...) C'est moi qui étais chargé de conduire Banania dans les foyers africains de la rue Bisson pour qu'il voie du noir, Madame Rosa y tenait beaucoup.
– Il faut qu'il voie du noir, sans ça, plus tard, il va pas s'associer.

[Une mère] Il me semblait que tout le monde en avait une sauf moi. J'ai commencé à avoir des crampes d'estomac et des convulsions pour la faire venir. Il y avait sur le trottoir d'en face un môme qui avait un ballon et qui m'avait dit que sa mère venait toujours quand il avait mal au ventre. J'ai eu mal au ventre mais ça n'a rien donné et ensuite j'ai eu des convulsions, pour rien aussi. J'ai même chié partout dans l'appartement pour plus de remarque.
(...)
Après j'ai essayé de me faire remarquer autrement. J'ai commencé à chaparder dans les magasins (...)
Une fois, j'étais devant une épicerie et j'ai volé un œuf à l'étalage. (...) La patronne est venue et j'attendais qu'elle me donne une gifle pour être bien remarqué. Mais elle s'est accroupie à côté de moi et elle m'a caressé la tête.
(...) Elle n'avait qu'à me donner une claque pour me punir, c'est ce qu'une mère doit faire quand elle vous remarque.

On était alors 7 enfants de putes en pension chez Mme Rosa et ils se sont tous mis à chier à qui mieux mieux car il n'y a rien de plus conformiste que les mômes (...) Elle grimpait ses six étages (...) et quand elle entrait et qu'elle sentait le caca, elle se laissait tomber avec ses paquets dans son fauteuil et elle se mettait à pleurer car il faut la comprendre. Les Français sont 50 millions d'habitants et elle disait que s'ils avaient tous fait comme nous même les Allemands n'auraient pas résisté, ils auraient foutu le camp.

Mme Rosa avait bien connu l'Allemagne pendant la guerre mais elle en était revenue. Elle entrait, elle sentait le caca, et elle se mettait à gueuler «C'est Auschwitz! C'est Aus-chwitz!», car elle avait été déportée à Auschwitz pour les Juifs.

Je devais avoir 3 ans quand j'ai vu Madame Rosa pour la première fois. Avant, on n'a pas de mémoire et on vit dans l'ignorance. J'ai cessé d'ignorer à l'âge de 3 ou 4 ans et parfois ça me manque.

la vie devant soi n'est pas le genre de livre que j'aime lire.
je n'ai pas vraiment aimé lire cette histoire .
Il y a plein de choses que je ne comprends pas comme par exemple quand Momo vend son chien qu'il aime par dessus tout et qu'il jette l'argent dans les égouts.
Julia .

Un très bon livre , très émouvant mais dommage qu'en quatrième de couverture on remarque que Mme Rosa va mourir.
On remarque que Mme Rosa est morte à la page 268 ligne 20 : Je voyais bien qu'elle ne respirait plus mais sa m'était égal , je l'aimais même sans respirer. C'est le moment que j'ai préféré parce que je pense que c'est bien pour elle puisqu'elle est enfin libérée de ses souffrances .